Conjoncture laitière 2020 / Avec 339 €/1 000 l en mai, le prix du lait de vache payé aux éleveurs français est resté relativement stable durant la période de confinement. La baisse de la collecte de lait et une consommation de produits laitiers en hausse ont évité aux éleveurs de produire du lait mal valorisé à l’export. 

Le prix du lait payé aux éleveurs européens a baissé de plus de 10 €/1 000 l à partir du mois d’avril 2020 par rapport au printemps précédent. Les 1 000 litres de lait ont été réglés 331 € en mai dernier contre 341 € un an auparavant. En Allemagne, les producteurs ont touché 330 €/1 000 l et en Belgique, 320 €/ 1 000 l, selon Eurostat.
En France, le prix des 1 000 litres de lait (345 € en avril ; 339 € en mai) n’aurait diminué sur un an que 2-3 €/1 000 l selon l’Institut de l’élevage (Idele) car le lait collecté a été bien valorisé. Toutefois, cette moyenne masque de fortes disparités entre les laiteries, selon leurs mix-produits et leurs expositions aux marchés mondiaux de poudres et de beurre. Pour autant, les marges des éleveurs français se sont plutôt bien maintenues au cours du printemps par la diminution du prix du lait car les coûts d’approvisionnement (aliments, énergie) ont aussi eu tendance à baisser. 

Filière française moins exposée
Selon l’Idele, la marge sur coûts variables de production (104 €/1 000 litres en avril 2020) demeurait encore supérieure de 9 € à son niveau d’avril 2019 et surtout à un niveau bien plus élevé que le seuil plancher atteint en 2016 (+ 50 %). En fait, les producteurs de lait ont été relativement épargnés par la période de confinement de l’économie française. Mais pour combien de temps encore ? La crise économique mondiale et la baisse des cours mondiaux de produits laitiers pourraient durablement affecter la filière française même si elle est moins exposée que ses concurrentes aux marchés de l’export.
En attendant, la filière laitière a bien profité du recentrage de l’économie française sur son marché intérieur, à l’abri des importations de produits laitiers en provenance de pays tiers. Le solde commercial du commerce extérieur a progressé de 1,2 milliard d’euros au cours des quatre premiers mois de 2020. Les exportations, en baisse en volume, ont augmenté de 2 % en valeur tandis que les importations ont reculé de -9 % à 1,2 milliard d’euros.

Hausse de la consommation
Plus de lait produit en France a été consommé sur le territoire national par les ménages (+ 23 % de beurre, + 20 % de fromages libre-service) alors que les produits importés destinés jusqu’à présent à l’industrie agroalimentaire avaient fortement reculé. Selon l’Idele, la hausse de consommation de produits transformés à plus forte valeur ajoutée et la baisse de la production de lait de 50 000 tonnes en avril et mai (48 millions de litres indemnisés 320 €/1 000 litres, soit 2,2 % de livraisons en moins) ont évité l’engorgement des marchés intérieurs de poudres de lait et de beurre alors que les cours s’effondraient. 22 000 éleveurs laitiers se sont en effet engagés en mars dernier à réduire leur livraison de lait qui aurait été mal valorisée. « Le redressement progressif de la cotation ATLA du beurre vrac vendu sur le marché spot (+570 €/t en deux mois depuis son bas niveau de 2 600 €/t) ne compense pas la chute de 900 € entre la mi-février et la mi-avril », souligne l’Idele.

Baisse à venir ?
A l’échelle de l’Union européenne, plus de lait a été produit ce printemps (+ 0,8 % en 2020/2019 en avril) que l’an passé malgré le retournement conjoncturel constaté en mars dernier. Seul un tiers des pays membres s’est engagé dans une baisse de la production (la France a été rejointe par le Danemark, la Grèce, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie et Malte). Or si le prix du lait standard valorisé en beurre/poudre sur le marché européen (250 €/1 000 l) et sur le marché mondial (259 €/1 000 l) ne se redresse que sensiblement, le prix du lait payé aux éleveurs européens baissera dans les mois à venir.

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