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Elevage laitier / Aux Pays-Bas, le secteur laitier a réduit drastiquement l’usage des antibiotiques sous la pression des pouvoirs publics. Dans cette optique, certains élevages ont même opté pour la suppression du tarissement.

Le secteur laitier néerlandais a diminué volontairement et avec succès l’utilisation d’antibiotiques en élevage : ainsi entre 2009 et 2016, leur utilisation a baissé de 48%. Depuis 2012, la notification d’utilisation d’antibiotique sur la base de données nationale MediRund est obligatoire pour chaque élevage bovin. Ces données, associées à l’effectif du troupeau, permettent de calculer la quantité d’antibiotiques utilisés sur un élevage donné. Ce ratio est exprimé en termes de dose journalière définie par animal et par an ou DD/DJ au niveau de chaque élevage. Par exemple, un DD/DJ de 2 exprime que, en moyenne, les animaux d’un élevage donné sont traités avec des antibiotiques deux jours par an. Les niveaux de l’élevage servent à des études comparatives et, s’ils dépassent certains seuils ou niveaux d’action, indiquent qu’une action corrective doit être effectuée. Un code couleur de feux de signalisation est mis en œuvre pour chaque palier : vert dans le cas d’un DD/DJ < 4, orange dans une plage de 4 à 6), et rouge au-delà de 6 – ce qui nécessite une action immédiate. Si aucune action n’est entreprise et que le DD/DJ demeure trop élevé, le lait ne sera plus collecté comme cela est spécifié dans les conditions d’achat du lait par des acheteurs et des laiteries.

Le point spécifique du tarissement
L’évolution des pratiques dans le sens d’un traitement sélectif au tarissement largement contribué à la baisse de l’utilisation d’antibiotiques par les éleveurs néerlandais. L’utilisation préventive d’antibiotiques pour les vaches laitières en tarissement n’est en effet plus autorisée. Le vétérinaire peut prescrire des antibiotiques seulement dans le cas où on soupçonne une infection des mamelles, après examen diagnostic. Le protocole se base sur le comptage de cellules somatiques par animal, jusqu’à 6 semaines avant le tarissement. Si le comptage de cellules est inférieur à 50 000/mL pour les vaches ou 150 000/mL pour les génisses, aucun antibiotique ne peut être utilisé. Si le comptage de cellules est plus élevé, seul un antibiotique de première intention peut être utilisé, en accord avec le programme sanitaire de l’élevage.
L’utilisation d’antibiotiques critiques de 2ème et de 3ème intention est soumise à de strictes régulations et est seulement autorisée après des tests supplémentaires.
Arnold et Brenda van Dee, qui vivent dans le village d’Yzendoorn (Pays-Bas), élèvent 98 vaches Red Holsteins et 56 génisses. Leur production annuelle de lait par vache est de 10 363kg, à 46,1 de TB et 38,1 de TP. Le comptage moyen de cellules somatiques est de 90 000 par mL. Depuis cinq ans Arnold et Brenda ont choisi d’arrêter de tarir leurs vaches et sont très satisfaits des résultats. Ils ont opté pour cette stratégie dans le but de réduire leur DD/DJ. Parmi les inconvénients de cette approche, ils constatent notamment un colostrum de légèrement moins bonne qualité et une production plus faible chez les vaches en deuxième lactation. L’élevage
d’Arnold et Brenda a un DD/DJ de 0,70 seulement (contre 2,08 en moyenne
nationale). Ils réservent les antibiotiques au traitement de certains veaux ou de vaches avec rétention placentaire, qui souffrent de dermatite interdigitée ou occasionnellement de mammite. Le statut sanitaire de leur troupeau est de très bon niveau, sans diarrhée virale bovine (BVD) ni rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). L’élevage n’est, de plus, pas soupçonné pour la salmonelle ou la néosporose et a le statut le plus élevé en matière de paratuberculose. Toutes ces informations sont certifiées et les animaux ne sont pas vaccinés.
Cependant, pour le reste des vaches laitières, la production de lait est en moyenne plus élevée et l’intervalle vêlage-vêlage est 30 jours plus bas que la moyenne nationale. Un des avantages de l’omission de la période de tarissement est l’âge plus élevé des vaches de réforme. « Les vaches arrivent à un âge plus avancé car leurs mamelles souffrent moins », déclare Arnold. L’âge moyen des vaches de son élevage est de 4 ans et 7 mois. Les vaches partent en réforme en moyenne à 6 ans et 3 mois après avoir produit 37 624 kg. « Ne pas tarir me fait gagner de l’argent, car j’ai maintenant un DD/DJ bas et un intervalle vêlage-vêlage de 380 jours, plus court que la moyenne ». Les risques tels que la baisse de qualité du colostrum sont, de plus, bien pris en compte. Des mesures de la qualité du colostrum sont effectuées pour que ceux de bonne qualité soient congelés et stockés. Il n’y a également aucune raison d’avoir peur des mammites, car les cas de mammite dans leur
élevage ne sont pas plus fréquents que dans les élevages laitiers où les éleveurs tarissent leurs vaches. Arnold et Brenda n’envisagent pas de repasser au tarissement des vaches « sauf en cas de problème majeur, ce sera différent, bien sûr ! », conclut Arnold.

S. Martin (Idele)

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