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Agriculture biologique / Dans le cadre de la Chambre d’agriculture régionale, des essais variétaux et de fertilisation des céréales en agriculture biologique sont conduits à Auvet cette année. Des variétés d’orge brassicole y sont notamment évaluées pour alimenter une filière locale naissante.

Le 31 mai dernier, une trentaine d’agriculteurs se sont retrouvés sur la ferme d’Hubert Girardot, à l’invitation de la Chambre régionale d’agriculture, pour y découvrir les essais conduits cette année en agriculture biologique. « Ces essais sont pilotés par la Chambre régionale de Bourgogne Franche-Comté, et répartis sur le territoire en fonction des thématiques, les résultats sont ensuite mutualisés au niveau de la grande région. De plus, ils sont conduits selon le protocole de l’ITAB, et leurs résultats contribuent à la synthèse nationale », explique Mickaël Grevillot, conseiller à la CA 70. Alors que l’essor de l’agriculture biologique se poursuit dans la région (lire encadré), ces essais permettent de faire progresser l’état des connaissances et les techniques culturales.

Fertilisation du blé
Premier axe de recherche déployé, la fertilisation du blé. « L’analyse des composantes du rendement, en comparant l’évolution d’un blé d’hiver conventionnel et d’un blé conduit en bio, montre que c’est la disponibilité de l’azote à la sortie du printemps qui est le principal facteur limitant : alors que jusque là les deux modes de culture permettent d’obtenir sensiblement les mêmes résultats, le coefficient de tallage décroche. En bio, une partie des épis régresse, faute d’alimentation azotée suffisante, et on ne compte que 3 à 400 épis/m² contre 550 à 650 épis/m² en conventionnel. » Les seules formes d’apport autorisées en agriculture biologique étant organiques, il existe un décalage variable entre la minéralisation de cet azote par les bactéries du sol et les besoins de la plante. « De nombreux facteurs – météorologiques notamment – influencent la reprise d’activité microbienne du sol, ce qui fait que la fertilisation de printemps sous des formes telles que le lisier ou le guano ne produisent pas toujours le résultat attendu. »
Aussi, en parallèle des protocoles de fertilisation, 18 variétés de blé d’hiver sont aussi évaluées. « La fertilité des épis a une composante génétique qu’il est intéressant de mesurer, afin de trouver quelles sont les variétés les plus adaptées à nos conditions. » Toujours dans ce cadre, 13 variétés de blés de printemps ont aussi été semés. « Il s’agit de vérifier si un blé de printemps peut être une alternative au blé d’hiver : compte-tenu du décalage de maturité, de besoins azotés plus tardif, donc plus en phase avec les disponibilités du sol, de regarder si on arrive à avoir des taux de protéines supérieurs… »

Orges de brasserie
Du côté de orges, une filière d’orge brassicole bio émerge, à la demande d’un collectif de micro-brasseurs franc-comtois, qui souhaitent travailler avec de l’orge produite localement. « 75 ha ont été semés cette année avec la variété Etincel pour approvisionner cette filière naissante. Pour l’instant, les parcelles sont belles, la floraison a eu lieu dans le sec et on peut être optimiste pour la suite », se réjouit Mickaël Grevillot. Le risque micotoxine, très lié à la météorologie en fin de cycle, plane cependant tel une épée de Damoclès sur cette culture. « Comme il n’existe aucune solution en bio pour lutter contre la fusariose, c’est un risque élevé pris par les producteurs. C’est un des éléments à prendre en compte pour le développement futur de la filière, dans la fixation d’un prix de vente attractif. » Cet orge sera malté en Belgique, par la malterie du Château, encore cette année. Un projet de malterie, adossé à une unité de méthanisation, est en effet à l’étude dans le département du Doubs. La plate-forme d’essais d’Auvet permet un criblage variétal, avec 11 variétés au banc d’essai « Nous testons notamment des orges à deux rangs, face à des orges à six rangs, pour vérifier si les premières ne permettraient pas, via un meilleur remplissage des grains, d’obtenir des calibrages plus intéressants. » Comme en blé, quatre modalités de densité de semis ont été testées. Les participants ont d’ailleurs pu visiter la brasserie artisanale de la Rente Rouge à Chargey-les-Gray.

Colza bio
Cette journée a également permis de visiter une parcelle de colza, qu’Hubert Girardot a semé pour moitié en pur, pour moitié associé à un couvert de légumineuses. « Il y a une forte demande aussi bien en huile qu’en tourteaux de colza bio, c’est pourquoi il est important de vérifier la faisabilité technico-économique de cette culture… L’an dernier, l’agriculteur a obtenu un rendement de 15 qx/ha, ce qui est plutôt encourageant compte-tenu de la météo ! »
En collaboration avec Interbio Franche-Comté, les résultats technico-économiques en grandes cultures bio en Franche-Comté ont été présentés. Issues du suivi d’une centaine de parcelles par les chambres d’agriculture et compilés au niveau régional depuis 2011, ces données permettent aux agriculteurs bio de se situer et de trouver d’éventuelles marges de progrès…

Alexandre Coronel

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