Bâtiments d’élevage / Selon l’effectif d’animaux présents et les conditions climatiques extérieures, les flux d’air varient fortement dans un bâtiment d’élevage. Or ces flux sont essentiels pour maintenir une ambiance saine, en particulier pour évacuer l’humidité dégagée par les bovins.

Dans un bâtiment d’élevage, l’air doit être renouvelé en permanence et avec un débit suffisant pour évacuer à la fois l’humidité dégagée par les animaux – entre 20 et 30 litres par vache laitière par jour – , mais aussi les poussières et les gaz qui se forment à partir des déjections (ammoniac et hydrogène sulfuré). La tendance lourde est à l’agrandissement des étables et à l’augmentation des temps de présence des animaux, ce qui complique relativement la question de la ventilation, et plus largement celle de la maîtrise de l’ambiance. « La recherche d’un bâtiment lumineux en hiver, par exemple, avec l’utilisation de panneaux translucides en toiture, crée des problèmes en été, quand au contraire on recherche un effet parasol, et où ces translucides ramènent une quantité de chaleur incroyable ! », relate le Dr vétérinaire Yves Debeauvais, spécialiste du confort animal.

Des objectifs antagonistes
De même, la protection des animaux contre les courants d’air et un renouvellement d’air suffisamment puissant semblent des objectifs antagonistes. Le volume d’air à renouveler atteint parfois 70 m³ par animal, voire plus dans certains bâtiments, et il faudrait entièrement renouveler cet air 20 fois par heure, soit toutes les trois minutes ! En l’absence d’une ventilation efficace, l’environnement peut être froid et humide en hiver et extrêmement chaud en été, avec des concentrations élevées et agressives de gaz nocifs, de poussière et de mouches. Tous ces facteurs contribuent à l’apparition de nombreux problèmes sanitaires dont le stress lié à la chaleur, les boiteries et les mammites – altérant la productivité laitière, la qualité du lait, les performances de reproduction et la rentabilité de l’élevage. En théorie, deux principes complémentaires président à la ventilation naturelle d’un bâtiment d’élevage : d’une part l’effet vent qui crée un mouvement d’air de part en part du bâtiment en entrant et sortant au niveau du bardage du bâtiment, et d’autre part l’effet cheminée, créé par l’élévation de l’air chauffé vers des ouvertures au niveau du faîtage. « L’effet vent fonctionne bien… les jours où le vent souffle ! Quant à l’effet cheminée, il est souvent insuffisant, car le rapport largeur sur hauteur des bâtiments actuels n’est pas favorable à ce transfert vertical de l’air. », constate Yves Debeauvais. Si les sorties d’air se situent à des hauteurs supérieures à 7,5-8 mètres, l’air chaud va alors se refroidir et retomber, créant de l’humidité dans le bâtiment. Ce phénomène peut être observé visuellement sur les animaux (poil humide), sur la litière ainsi que sur la charpente (noircie et taches blanchâtres). L’ambiance est alors propice au développement de bactéries, notamment sur la litière. D’autre part, la disposition de certains couloirs destinés au paillage ou à l’alimentation au sein du bâtiment peut entraîner la création de zones froides, non utilisées par les animaux. Ce phénomène n’est souvent pas bien pris en compte à la réalisation du bâtiment. De même, l’extension ou la construction d’un second bâtiment peut modifier les flux d’air et pénaliser la ventilation.

Visualiser les flux
L’utilisation d’un fumigène permet de diagnostiquer en conditions réelles l’efficacité de la ventilation car elle permet de visualiser les flux. Les résultats sont parfois surprenants, comme en témoigne le test réalisé au Gaec des Béguines, en Haute-Saône, le 25 octobre dernier. Même en automne ou au printemps, avec des températures extérieures de l’ordre de 10 °C, l’appoint d’une ventilation dynamique peut être nécessaire pour soutenir un effet vent insuffisant. « J’ai fait tourner les ventilateurs ce matin en arrivant au bâtiment, je trouvais l’atmosphère lourde à l’intérieur », explique Olivier Paquelet, l’un des associés du Gaec. « Les vaches n’ont pas la même plage de confort thermique que les hommes, confirme le vétérinaire : quand elles sont bien, on supporte une petite laine ! » Le test au fumigène, conjugué avec plusieurs mesures à l’anémomètre met en évidence l’insuffisance de la ventilation passive, malgré l’importance des ouvertures du bâtiment (bardage ajouré, grandes portes ouvertes…). D’autant plus que le caillebotis sur fosse à lisier favorise la remontée de gaz irritants pour les animaux. Le praticien s’élève contre certaines idées reçues et craintes infondées. « La peur irraisonnée des courants d’air sur les animaux a conduit à des erreurs en matière de conception de bâtiment : des vitesses de l’ordre de 2 m/seconde ne sont pourtant pas préjudiciables à la santé des animaux ! » Il préconise ici de ventiler toute l’année – hors période de grand froid – en ajustant la vitesse de rotation des ventilateurs aux conditions climatiques, et en inclinant davantage ceux-ci vers le sol, de manière à ce que la lame d’air balaie efficacement le caillebotis. « 20 à 30 % de la puissance suffisent quand on est dans une plage de 5 à 15°C. Il faut observer le comportement des vaches. Si elles ne sont pas bien au couloir d’alimentation, elles n’y resteront pas. »

Alexandre Coronel

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