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Crise agricole / Le mécontentement agricole s’étend à toute l’Europe. Le 7 septembre, le jour du Conseil des ministres de l’Agriculture exceptionnel, le Copa/Cogeca appelle à un grand rassemblement des agriculteurs européens. La FNSEA et les JA sont parties prenantes.

Le 7 septembre, le jour où se réunit le Conseil des ministres de l’Agriculture exceptionnel, le Copa et le Cogeca qui rassemblent la majorité des syndicats et les coopératives européennes appellent à une mobilisation générale contre la dégradation des marchés du lait, de viande porcine et des fruits et légumes. Les organisations professionnelles européennes dénoncent en particulier l’embargo russe qui a privé de débouchés l’agriculture européenne. Le président du Copa, Albert Jan Maat estime à près de 5,5 milliards d’euros, la réduction des exportations agricoles européennes. Certes, il a accueilli favorablement les mesures annoncées par la Commission de Bruxelles pour aider les producteurs de lait et de fruits et légumes européens touchés par cet embargo, tout en considérant qu’elles ne suffiront pas. Il s’agit pour l’essentiel de la prolongation de l’intervention publique et du stockage privé pour le beurre et le lait écrémé en poudre jusqu’au 29 février 2016 dans le secteur laitier et de mesures de retrait, de non récolte ou de récolte en vert jusqu’au 30 juin 2016 pour les fruits et légumes. La mobilisation du 7 septembre vise donc à décrocher de nouvelles mesures dans le lait et le porc notamment ainsi que tous les secteurs en crise. Pour le lait, le Copa/Cogeca demande aux autorités européennes d’avancer la date de paiement des aides de la Pac initialement prévue le 1er décembre, un relèvement du prix d’intervention pour soutenir le marché, ainsi qu’une restitution aux éleveurs du super prélèvement dû au titre du dépassement des quotas laitiers. Une facture que le Copa/Cogeca estime à 700 millions d’euros à l’échelle européenne. Pour le porc également victime de l’embargo russe, la coopération et le syndicalisme européens appellent à intensifier les relations avec Moscou afin d’obtenir la levée des restrictions imposées à la viande porcine, début 2014, qui permettrait de relancer les exportations de certains produits, comme les abats comestibles et le lard qui ne sont pas inclus dans la liste internationale des produits interdits. Le Copa et le Cogeca plaident également pour des mesures ciblées dans les régions les plus frappées par l’embargo avec la possibilité pour les États membres de négocier leurs certificats d’exportation avec les autorités russes. Ce que refuse jusqu’à présent la Commission européenne.

Tache d’huile
Bien entendu, la FNSEA s’associe à cette mobilisation insistant pour sa part sur la responsabilité des acteurs de la filière (industriels et distributeurs) dans la dégradation des prix, des pouvoirs publics pour les excès de normes et de l’embargo russe dans la crise agricole actuelle. « L’Europe est une nouvelle étape car c’est le berceau de la politique agricole commune mais aussi là où on a décidé de déréguler au moment où il fallait sécuriser, prévenir et penser à l’avenir », explique la FNSEA qui appelle l’Europe à « se réveiller » pour « répondre rapidement par des mesures d’urgence et donner des perspectives en réfléchissant à l’agriculture des 20 prochaines années ».
Pour l’heure la mobilisation ne faiblit pas. Des actions sont annoncées dans toute la France, pendant le mois d’août jusqu’au rassemblement européen du 7 septembre. Initié en France, le mouvement fait tache d’huile en Europe. La fronde agricole a gagné la Belgique. Des producteurs de lait ont mené des actions de ralentissement sur les routes et des blocages de dépôts de chaînes de supermarchés. Les agriculteurs allemands sont également frappés. Sans descendre dans la rue, du moins jusqu’à présent, ils déplorent le prix du lait qui leur est versé par les transformateurs et qui est descendu à 27 centimes dans le nord de l’Allemagne, 10 centimes de moins que la moyenne de l’an dernier. Un niveau de prix qui met en péril beaucoup d’exploitations, dont certaines se sont lancées dans des programmes d’investissement coûteux en cheptel et matériel, espérant tirer profit de l’abandon des quotas laitiers et de la libéralisation du marché.

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