Conférence de presse / La FNSEA organisait, le 2 septembre, sa traditionnelle conférence de presse de rentrée. Après un été riche en actualité pour le monde agricole (climat, hausse des prix des matières premières, etc.), la FNSEA reste mobilisée sur de nombreux sujets.
«Ne rien lâcher ». Telle pourrait être résumée l’intervention de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert et du secrétaire général, Jérôme Despey. Dans la droite ligne du rapport d’orientation de septembre 2020, « Faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture », les deux responsables agricoles ont clairement axé leurs interventions sur le choix d’une agriculture durable qui est à même de relever le défi climatique et de reconquérir la souveraineté alimentaire française. Pour réaliser ces deux objectifs encore faut-il que les agriculteurs soient moins dépendants des aléas climatiques et qu’ils puissent être en capacité d’atténuer l’impact des épisodes extrêmes, notamment par l’aménagement de retenues d’eau.
La FNSEA attend beaucoup de la prochaine session parlementaire, en particulier du projet de loi de Finances 2022 « qui devra acter le principe de solidarité nationale sur la gestion des risques, suite au rapport du député Frédéric Descrozaille », a dit Christiane Lambert. Autrement dit, la réforme de l’assurance récolte devient urgente.
« Un renoncement, une capitulation »
Celle-ci réclame également de la cohérence dans les décisions politiques. « On ne peut pas demander aux agriculteurs de décarboner leur production si la conséquence de leurs efforts est le recours massif à l’importation », a-t-elle déclaré. Dans la ligne de mire de la FNSEA, il y a l’étude d’impact sur le volet « Farm to Fork », dévoilée début août « en catimini », ont souligné les deux leaders syndicaux. « FarmTo Fork se traduit par une baisse de 12 % de la production alimentaire européenne mais aussi par celle de 16 % du revenu des agriculteurs, et ceci uniquement pour répondre à l’objectif de baisse des gaz à effet de serre », s’est insurgée la présidente de la FNSEA, estimant que cette étude « incomplète. Produire moins pour importer plus, c’est un renoncement, une capitulation, ce n’est pas acceptable », a-t-elle dit, soulignant le double langage de la Commission européenne sur ce sujet. Le volet Farm to Fork doit être adopté par le Parlement européen le 10 septembre mais la FNSEA entend bien profiter de la présidence française de l’Union européenne à partir du 1er janvier pour réorienter « cette stratégie vers un objectif de souveraineté alimentaire ».
« Qui va payer l’addition ? »
Parce que cette souveraineté doit aussi se concrétiser dans des prix rémunérateurs, la FNSEA présage déjà que les négociations commerciales qui s’annoncent entre transformateurs et distributeurs devraient être vives et « difficiles ». Rien que pour les volailles, le prix des céréales dont elles se nourrissent, a augmenté de 30 % depuis un an. Il faut ajouter les hausses d’autres matières premières comme le plastique, les emballages carton, le carburant etc., entre +5 % et +40 %. « L’impact global correspond à une hausse de +12,5 % pour le prix des volailles. En contrepartie, les distributeurs ne veulent pas entendre d’augmentation de prix supérieur à 2 % », a expliqué Christiane Lambert qui s’est interrogée « Qui va payer l’addition ? ». Pour elle, la construction du prix marche en avant « doit aller au bout de sa logique. L’agriculteur ne doit pas être la variable d’ajustement du pouvoir d’achat du consommateur », a-t-elle martelé.