Céréales / Evaluer le risque de verse avant d’envisager une régulation, c’est la recommandation d’Arvalis-Institut du Végétal.
L’analyse des essais régulateurs de croissance sur un grand nombre d’années montre que la maîtrise de la verse constitue un enjeu significatif sur le rendement et la qualité, en particulier lorsque la verse est importante et précoce (provoquant une baisse de PS et de temps de chute de Hagberg, et accroissant le risque de germination sur pied). En revanche, des baisses de rendement peuvent être constatées après applications de régulateurs. Il convient donc d’estimer le risque de verse et de n’intervenir que si nécessaire lorsque les conditions climatiques sont favorables.
Des facteurs de risque bien établis
La hiérarchie des facteurs qui conditionnent la verse permet d’établir le niveau de risque et d’adapter ainsi la conduite.
N°1- Sensibilité variétale : C’est le 1er facteur de risque à prendre en compte. Sur blé tendre, les variétés ayant une note de sensibilité variétale ≥ 6.5 ne présentent aucun risque de verse ; ce dernier devient plus important pour les variétés ≤ 5. Il n’existe pas de variétés résistantes sur l’orge d’hiver, mais le risque est atténué pour les variétés assez résistantes (notes ≥ 6).
N°2- La gestion de la fumure azotée : Le risque de verse s’accroît avec la dose d’engrais. Un premier apport d’azote excédentaire ou de forts reliquats sont également favorables à la verse en permettant le maintien de nombreuses talles. Ainsi, une dose d’azote du 1er apport limitée à 40 Kg N/ha et le fractionnement de l’engrais azoté en 3 apports limitent sensiblement le risque.
N°3- Climat hivernal et printanier : Le climat de l’hiver associé à la densité de semis et la date de semis peuvent conduire à un nombre de tiges élevé qui augmente le risque.
Les semis trop précoces allongent de manière significative le cycle végétatif et l’arrivée au stade épi 1 cm se fait précocement. La montaison se fera en jours dits « courts ». Les tiges auront tendance à s’étioler, du fait du déficit lumineux, affaiblissant d’autant la tenue de tige.
Les fortes densités de semis ont un effet analogue de compétition vis-à-vis de la lumière, et provoquent un allongement des entre-nœuds de la base.
N°4- Type de sol : Le risque de verse est sensiblement atténué dans les sols superficiels à faible potentiel.
Les pratiques culturales ont sensiblement évolué dans un sens favorable à la limitation du risque de verse : sélection rigoureuse pour limiter la présence de variétés sensibles ; réduction des densités de semis ; pratiques de fertilisation azotée qui ont limité les excès d’azote, réduit les doses d’azote en début de cycle et mise en œuvre de pratiques de fractionnement de l’azote.
Si nécessaire, un seul traitement est généralement suffisant
Les régulateurs n’apportent aucun gain spécifique en l’absence de verse (qualité, rendement), ils n’ont d’intérêt que si le risque de verse est réel. Il est possible de faire l’impasse si la variété est résistante ou peu sensible et que les techniques culturales mises en place sont favorables.
S’il existe un risque de verse, un seul traitement est généralement suffisant à condition que l’application soit réalisée en bonnes conditions.
Il ne faut pas oublier que la stratégie la plus adaptée peut être mise en défaut par des conditions de fin de cycle très difficiles (orages, vent violent …).
Les différences d’efficacité entre produits sont faibles dès lors que l’application est réalisée dans de bonnes conditions et à la dose conseillée. Le choix du produit dépend surtout du stade d’intervention.
Respecter rigoureusement les conditions d’application
Avec les régulateurs, les risques de phytotoxicité sont souvent sous-estimés, et il y a souvent plus à perdre qu’à gagner dès lors que les conditions d’application ne sont pas requises.
Pour accroître l’efficacité et limiter la phytotoxicité, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état (indemnes de viroses, alimentées correctement en eau et azote) et dans des conditions climatiques favorables : temps poussant (pas de période de sécheresse), lumineux et sans forte amplitude thermique.
Il est nécessaire de tenir compte des conditions climatiques le jour de l’application mais aussi durant les 3 à 5 jours suivants celle-ci. Si les conditions ne sont pas réunies, mieux vaut reporter l’application.
Arvalis-Institut du Végétal