Maïs / Comme en 2020, sur les maïs, les dégâts d’oiseaux peuvent fortement pénaliser les cultures si les attaques sont importantes.
Jean-Baptiste Thibord, responsable du pôle ravageurs chez Arvalis détaille les moyens de lutte et les travaux de recherche en cours.

Interrogé par Benoît Moureaux, de Perspectives agricoles, Jean-Baptiste Thibord, spécialiste des ravageurs chez Arvalis-Institut du végétal revient sur le bilan de la campagne 2020. « Le retrait partiel du thirame en 2019, puis total en 2020, fait que la protection des semences a été quasiment absente à l’échelle nationale au cours de la dernière campagne. Un autre répulsif, le zirame, a été utilisé sur moins de 5 % des surfaces. Par ailleurs, les conditions sèches rencontrées lors des semis de maïs 2020 ont été favorables aux attaques de corvidés. Les dégâts occasionnés ont ainsi été globalement plus marqués que les années précédentes. Cette situation n’est a priori pas liée au niveau des populations de corvidés, plutôt stable à l’échelle nationale selon les données du Muséum national d’Histoire naturelle. Le corbeau freux a perdu 36 % de ses effectifs en 18 ans, la population de corneille noire apparaît inchangée et celle du choucas des tours, en déclin par rapport à 1989, semble se reconstituer depuis 2001. D’autre part, il n’y a pas, à ce jour, d’éléments suffisants démontrant un synchronisme entre les besoins alimentaires et la disponibilité du maïs, qui mettrait en évidence un lien entre le niveau des populations et les dégâts constatés. » 

Des conditions météorologiques favorables aux attaques
L’ingénieur revient également sur les autres moyens de protection : « des essais comparant les efficacités relatives des produits disponibles ou en cours d’homologation ont été mis en place par ARVALIS. Des méthodes agronomiques, comme les lignes de semis rappuyées ou effacées, ou encore des plantes appâts, sont testées à titre exploratoire. Ces essais confirment l’intérêt d’une protection des semences à l’aide d’un corvifuge en cas d’attaque faible à modérée. En revanche, si l’infestation est très forte, les cultures sont généralement détruites, quelle que soit la protection chimique ou agronomique mise en œuvre. Les connaissances restent à acquérir pour mieux comprendre la dynamique des attaques et les facteurs de risques liés aux pratiques agronomiques, aux paysages et aux conditions climatiques. Un nouveau dispositif d’essai a été testé en 2020, reposant sur des protections grillagées d’un mètre carré et des prises de photos à intervalles réguliers, afin d’observer la fréquentation des parcelles et le niveau des attaques, avant et après la levée du maïs. Les évaluations se poursuivent concernant les traitements de semences et les solutions de lutte indirecte, comme l’effet des itinéraires techniques, des plantes de service ou encore de l’agrainage de détournement. »

Semer profond et signaler les attaques
Jean-Baptiste Thibord insiste aussi sur la nécessité de réguler les populations de corbeaux freux et de corneilles noires « selon le cadre réglementaire national et les autorisations départementales, pour abaisser les populations lorsque celles-ci sont localement trop abondantes. » Côté pratiques culturales, il recommande d’éviter les semis décalés dans le temps ou isolés géographiquement, les populations se concentrant alors sur ces parcelles. « De même, il faut éviter les semis en sols “soufflés” dus à des préparations en conditions trop sèches. Autant que possible, rappuyer correctement la ligne de semis et privilégier les semis profonds à 4-5 cm ou plus. La protection des semences de maïs par le Korit 420 FS, dont l’efficacité – même partielle – a été démontrée, est encore possible en 2021. Enfin, en cas d’attaque, il est important de signaler les dégâts de corvidés auprès de la DDT ou des organismes départementaux concernés, afin de donner à l’administration les éléments justifiant leur inscription sur la liste des espèces nuisibles. »

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