Assemblée générale de l’APC / Le travail de fond entamé par l’association de promotion de la cancoillotte pour faire connaître le produit au-delà des frontières de la région commence à porter ses fruits : la barre symbolique des 5 000 tonnes a été franchie.
“Nous sommes sur la bonne voie… » a lancé Paul-Henri Prost, le président de l’APC, dans son rapport moral : « voilà six ans que nous travaillons ensemble à ce que la cancoillotte soit reconnue comme une IGP et qu’elle devienne ‘’un fond de frigo’’ chez le plus grand nombre de consommateurs, comme la mozzarella en Italie. » Pour ce qui est de l’IGP, de bons espoirs sont permis pour un vote favorable de la commission permanente de l’INAO, en octobre prochain. Le 10 octobre 2019, le dossier avait déjà obtenu un avis favorable, mais la commission avait demandé des précisions au sujet de l’obligation de production laitière dans l’aire géographique, ainsi que sur la liste des aromates autorisés et l’utilisation des sels de fonte. « La commission technique et le conseil d’administration de l’APC se sont réunis en décembre pour apporter des éléments de réponse, a précisé Nathalie Coronel, l’animatrice de l’APC. Nous avons proposé que le taux protéique du lait, supérieur dans la zone de collecte de la future IGP par rapport au reste de la France, soit retenu pour caractériser le lien fort qui existe entre la production laitière et la zone géographique. Un accord a été trouvé entre les différents producteurs sur une liste positive d’ingrédients autorisés pour l’aromatisation, ainsi que sur une réduction du taux maximum de sels de fonte utilisés. Ce taux passe de 5 à 2 %. » Le dialogue avec la commission d’enquête de l’INAO s’est traduit par une évolution du cahier des charges, en particulier du volet “ingrédients, additifs et traitements autorisés”, mais aussi du paragraphe “éléments justifiant le lien avec le milieu géographique”. Pour Benoît Ruch, représentant l’INAO à cette assemblée générale, « tous les points qui pouvaient heurter le comité national ont été levés, mon sentiment personnel, c’est que le travail devrait aboutir. »
Prudence dans la communication
Il serait cependant présomptueux, voire contre-productif, de chanter victoire trop tôt ! Jean-François Rollet, membre de la commission permanente de l’INAO, appelle à la prudence en matière de communication ceux qui s’imaginent déjà parés du costume d’une confrérie de la cancoillotte IGP, à l’occasion du grand événement qui permettra de médiatiser la bonne nouvelle… « Pour l’instant, on n’est même pas sûrs que le dossier de la cancoillotte soit à l’ordre du jour, et de toute façon, les membres de la commission n’apprécieraient pas d’avoir l’impression qu’on leur force la main ! » De plus, même en cas d’avis favorable, il faudrait encore patienter jusqu’à ce que le décret paraisse dans le journal officiel pour pouvoir proclamer l’obtention de l’IGP.
Développement des ventes
Les raisons concrètes de se réjouir, dans l’immédiat, sont donc plutôt à chercher du côté du développement des ventes. « Le marché de la cancoillotte a fait un bond en avant : sa commercialisation a terminé l’année 2019 à + 2,8 %, alors le marché du fromage affichait une baisse de – 0,4 %. Le suivi mensuel de la consommation montre que la cancoillotte est de moins en moins “climato-sensible”, que les achats progressent plus hors-région et qu’elle est de plus en plus utilisée en cuisine. », a assuré Paul-Henri Prost dans son rapport moral. Cette bonne tendance se confirme sur le premier semestre 2020. « Pour information, le panel à date fait état d’un marché de la cancoillotte à +3,9 % à fin juillet (avec +7,7 % pour les marques nationales et +2,5 % pour les marques de distributeurs). » La progression plus forte des marques de fabricants est aussi interprétée comme un signe positif, qui va dans le sens d’un positionnement de plus en plus qualitatif du produit, gage de valeur ajoutée.
L’association de promotion de la cancoillotte réunissait en 2019 18 ateliers adhérents, dont trois fabricants de metton blanc, neuf ateliers fondeurs et six ateliers fermiers. Environ 450 producteurs de lait sont concernés. « Au total, on arrive à une production de 5 286 tonnes de cancoillotte : c’est le fruit du travail de l’APC qui a fait sortir la consommation de sa dimension régionale ! », martèle le président, qui voit dans cette spécialité fromagère « la potion magique qui donnera le moral et la force d’entreprendre aux Français, comme au temps des Gaulois ! »
Cotisations revues à la hausse
Le rapport financier, présenté par Michel Daguenet, fait apparaître un résultat positif de 8 546 € (il était de 556 € en 2018). Parmi les charges imputées au poste communication, la réalisation d’une petite cuiller de dégustation de cancoillotte, destinée à être offerte, ou gagnée, à l’occasion des évènements festifs auxquels participe l’APC… « Ces petites cuillères publicitaires, créées et fabriquées en France par le Maitre Coutelier Claude Dozorme, basé à Thiers, ont bénéficié d’un appui financier de la part du Crédit Agricole », a précisé Paul-Henri Prost. En prévision la montée en puissance de la communication ainsi que la mise en place du plan de contrôle, dans le cadre de l’IGP à venir, le conseil d’administration a proposé une augmentation des cotisations pour l’année 2020 : celles-ci seraient relevées de 80 à 100 €/atelier et passeraient de 3 à 6,50 €/tonne produite. L’assemblée générale a validé la proposition, avant de procéder au renouvellement des membres du conseil d’administration (voir encadré). Paul-Henri Prost, qui a présidé l’association depuis sa création il y a six ans, n’a pas souhaité se représenter. Il continuera cependant d’accompagner l’APC, notamment sur le volet communication. n
Alexandre Coronel