Chasse / Alors que la nouvelle saison de la chasse s’est ouverte le 1er juin avec les tirs d’été, Thierry Chalmin fait un bilan de la saison passée, des dégâts en cours et des nouvelles propositions pour 2020-2021.

Haute-Saône Agricole : Quel bilan tirez-vous de la saison de chasse passée avec notamment le prélèvement record de 10 537 sangliers ?
Thierry Chalmin :
Si un bilan peut être fait de la saison précédente, il est à
double tranchant. Ce niveau de prélèvements jamais atteint sur notre département, plus de 10 000 sangliers, dénote, malgré ce qui nous avait été annoncé l’année précédente où un précédent record avait été établi (plus de 8 000), que le “réservoir” était bien plein et donc facile à siphonner !
Donc une population qui ne cesse d’augmenter sur notre département, comme partout, mais avec un triste record puisque nous sommes dans les départements qui ont le plus augmenté, en l’espace de 4 saisons et la nécessité de prélever du sanglier, tout en ne rétablissant pas l’équilibre agro-cynégétique !

HSA : En quoi le plan de gestion n’est pas adapté face à l’accroissement des populations ? Quelles étaient vos propositions ? Pourquoi n’ont-elles pas été retenues notamment celle du bracelet unique et pourquoi l’administration n’y a pas prêté une oreille attentive ?
TC :
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, l’accroissement des populations, dont le seul “baromètre” est le niveau de prélèvements, démontre que le système actuel marche bien pour développer les sangliers, pas pour les réguler ! Je rappelle que depuis la saison 2016-2017 nous sommes passés de
5 669 prélèvements à 10 537 ! Depuis toutes ces années, la profession agricole tire la sonnette d’alarme, sur une situation hors de contrôle, qui nous dépasse tous. Nous n’avons pas été entendus, souvent méprisés, parfois vilipendés. Nous voyons aujourd’hui le résultat ! Nos propositions restent les mêmes que précédemment, à savoir fluidifier au maximum les prélèvements, et je suis convaincu que le système de marquage utilisé en Haute-Saône reste un frein. D’où notre demande de bracelet unique qui exonère le chasseur de savoir si le sanglier qu’il voit fait plus ou moins de 50 kg, qui l’exonère aussi de savoir si à ce moment de la battue, il y a encore des points d’adultes disponibles dans son groupe de chasse. La solution simple de 1 bracelet 1 sanglier méritait d’être essayée, je constate que nos voisins du Doubs viennent de faire le pas, tout comme une immense majorité des départements.
Vous m’interrogez sur le fait que l’administration n’est pas été suffisamment attentive à cette proposition. Cela restera un mystère pour moi, cette clause étant inscrite dans le marbre c’est-à-dire dans le schéma départemental de gestion cynégétique écrit par la fédération des chasseurs de ce département il y a 16 mois maintenant et validé par le Préfet de l’époque. Quelle déception de constater la non-continuité des engagements pris !

HSA : Sur le niveau annuel des dégâts qui lui aussi explose avec près de 840 000 €, les agriculteurs sont-ils prêts à encore l’accepter ?
TC :
Un niveau de dégâts pareil est insupportable pour le monde agricole. Pour continuer de faire référence à l’histoire, en 2015-2016, le montant des dégâts était de 417 501 €, nous sommes cette année à 836 348 €!!! Là encore dans le peloton de tête des départements français qui ont subi la plus forte augmentation en 4 saisons !
Économiquement le monde agricole ne peut supporter une telle charge, je suis tenté de dire que les chasseurs non plus. Au-delà de ce chiffre évocateur, l’usure psychologique que chacun et chacune d’entre nous supporte n’est pas quantifiable, mais elle est bien réelle !

HSA : Comment espérez-vous cette saison de chasse qui s’ouvre depuis ce 1er juin avec les tirs d’été ?
TC :
En effet, la saison démarre ce 1er juin. Il faut le rappeler, l’ouverture de la chasse aux sangliers c’est maintenant, certes avec des conditions particulières jusqu’à mi-août, mais la possibilité de régulation est bien réelle ! Est-il bien raisonnable pour moi, pour nous tous, agriculteurs et agricultrices de formuler des vœux pour cette saison qui démarre ? Nous avons été trop trompés par des promesses pas tenues, par la mise en place de solutions qui sont toujours insuffisantes, en demi-teinte, pour avoir beaucoup d’espoirs sur une réelle amélioration de la situation.
Bien sûr, Madame la Préfète vient de signer des arrêtés préfectoraux qui organisent la chasse pour cette saison. Bien sûr, ils contiennent un certain nombre de changements qui pourraient montrer leur efficacité.
J’ai bien peur qu’ils soient, une fois encore insuffisants, et pas de nature à inverser profondément et durablement cette escalade des populations et des dégâts ! Il eut fallu prendre, à mon avis, des dispositions plus larges et étendues sur une plus grande partie de notre territoire. Nous tirerons un premier bilan dès cet automne et suivant les conclusions, Mme la Préfète devra “ajuster le tir”.

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