Veaux laitiers / Au Canada, des essais ont été conduits pour évaluer l’intérêt du “pair housing” qui consiste à loger les veaux laitiers “à deux” pour améliorer leur bien-être. L’occasion pour ces génisses d’avoir des relations sociales positives se révèle favorable à l’apprentissage de l’alimentation liquide et solide, à la prise de poids et à l’expression d’un comportement “naturel”.
En élevage laitier, les veaux sont généralement séparés de leur mère peu de temps après la naissance. Cette pratique est de plus en plus souvent remise en question, à la fois par les éleveurs et les consommateurs qui s’interrogent sur les effets négatifs possibles de cette séparation précoce en matière de bien-être animal et de santé du veau et de la vache.
L’élevage des génisses de renouvellement est en effet un des enjeux les plus cruciaux en élevage laitier car les veaux nourris au lait (entier ou artificiel) sont fréquemment sujets à maladies. De nouvelles techniques d’élevage sont donc testées dans l’intérêt des éleveurs et de leurs veaux afin d’améliorer les conditions d’élevage et le bien-être des animaux laitiers et d’apporter des perspectives de mise en œuvre pratiques.
Un projet de recherche canadien
Dans le cadre du projet européen Eurodairy (www.eurodairy.eu) qui avait pour but de favoriser les échanges autour des innovations en élevage laitier, la technique d’élevage des veaux à deux ou « pair housing » a été présentée par le Pr Nina von Keyserlingk qui travaille depuis de nombreuses années sur ce sujet à l’Université de Colombie Britannique au Canada (UBC). Reconnue internationalement pour ses travaux de recherche sur le bien âtre et le logement des veaux et vaches laitières, Nina von Keyserlingk et son équipe se consacrent à la mise au point de nouvelles solutions pratiques de gestion de l’élevage des veaux pour améliorer leur santé, leur croissance et leur bien-être. Le logement « à deux » en fait partie. Mais qu’est-ce que le “pair housing” ? Les veaux laitiers sont généralement séparés de leurs mères peu de temps après la naissance et logés en cases ou niches individuelles. Dans les essais menés au Canada, cette technique a été comparée à un logement des veaux deux par deux à partir du 4ème jour (tableau 1). Les niches individuelles mesuraient 1,2 m × 2,0 m. Les veaux logés à deux disposaient de deux fois plus d’espace (2,4 m × 2,0 m).
De nombreux bénéfices zootechniques
Plusieurs séries d’expérimentations depuis plus de dix ans ont montré les bénéfices, pour le veau, de la présence d’un « partenaire social » au cours de ses premières semaines de vie, aussi bien en termes de comportement que de santé : les veaux élevés à deux voient leur consommation d’aliments solides augmenter plus rapidement que lorsqu’ils sont seuls et ont un GMQ
supérieur pendant la période d’allaitement. Ils montrent une moindre réponse physiologique de stress (mesuré par leur rythme cardiaque ou leur comportement) lors du sevrage, avec moins d’impact sur leur croissance. Par la suite, ils sont moins affectés par l’introduction d’autres congénères ou par un changement de logement ou d’environnement durant leur vie de génisse. Les génisses ayant commencé leur vie « à deux » apprennent plus rapidement, se montrent moins peureuses vis-à-vis de l’homme et font plus facilement face à de nouvelles situations. Enfin, il ressort que le risque sanitaire lié à la cohabitation à deux est réduit par rapport à la situation en case collective (8 veaux ou plus). Les chercheurs canadiens tirent la conclusion de ces essais que le logement les veaux à deux rapidement après leur naissance permet d’offrir à chacun un partenaire, source de relations sociales positives, favorables à l’apprentissage de l’alimentation liquide et solide, la prise de poids, l’expression d’un comportement « naturel »… Ce mode d’élevage rend aussi la phase de sevrage moins difficile et facilite l’adaptation ultérieure des génisses à tout changement d’environnement. A tester en France prochainement ?
AC, d’après Idele