Récolte de l’herbe / Quantité, qualité, potentiel de repousse… la hiérarchisation des objectifs de la fenaison permet de tirer le meilleur parti des conditions météorologiques.
Une récolte quelle qu’elle soit représente toujours un coût et la logique comptable voudrait diluer cette charge sur la plus grande quantité possible. Mais l’herbe, à la différence du maïs, repousse et cette repousse sera d’autant plus rapide qu’il restera des feuilles vertes à la base du sol. Ce phénomène est accentué si un épisode de forte chaleur survient après la fauche, ce qui n’est pas rare… On va donc rechercher le meilleur compromis entre quantité et qualité, puis viser le temps le plus court entre la fauche et le pressage.
Tirer partie de la météo
Le séchage du foin dépend de quatre facteurs. D’abord l’humidité de l’air : le séchage ne démarre que si le taux d’humidité de l’air est inférieur à 70 %. Rapide au début, ce séchage se ralentit ensuite car le végétal a de plus en plus tendance à ré-absorber l’humidité de l’air, notamment la nuit. Deuxièmement, la température de l’air : plus celle-ci est élevée, plus l’air peut contenir de vapeur d’eau sans être saturé. En pratique, il faut une température minimale de 15 °C. Troisièmement, le rayonnement solaire : celui-ci fournit l’énergie nécessaire à l’évaporation de l’eau, mais son effet n’est maximum que sur les deux premiers centimètres de l’andain. A la base de celui-ci, seulement 10 % du rayonnement est absorbé. En pratique, cela justifie le retournement fréquent du fourrage en cours de séchage et son étalement si la faucheuse fabrique un andain derrière elle. Enfin, le vent : il accroît la turbulence de l’air au-dessus de l’andain et permet ainsi à la vapeur d’eau de s’échapper plus rapidement de son voisinage. Son effet est maximal juste après la coupe ou lorsque le foin a été ré-humecté par la pluie. Mais son efficacité dépend de la qualité de l’andain : il faut que l’air circule facilement au travers de celui-ci. En conclusion, pour sécher rapidement de l’herbe il faut : du soleil, du vent, de la température et une faible hygrométrie. La situation idéale : un bon anticyclone, installé à 1 025 hpa, avec un vent orienté nord-est. Il faut démarrer vite, sans attendre que les vents tournent au sud-ouest, annonciateurs d’humidité, voire de pluie.
Faner aussitôt après la fauche
Une très bonne récolte de foin (5 tonnes de MS/ha) doit perdre à peu près 20 tonnes d’eau par hectare avant d’être rentrée, ce qui demande 5 à 8 jours de beau temps. Pourtant, la même récolte sur pied peut transpirer 40 tonnes d’eau par hectare en une seule belle journée d’été. Que s’est-il donc passé après l’intervention de la faucheuse ? Sur un végétal sur pied, il y a un cycle continu d’absorption d’eau par les racines et d’évaporation par une multitude de pores situés sur la face inférieure des feuilles : les stomates. Lorsque le foin est coupé, la perte d’eau très rapide au début, se fait au travers des stomates ouverts. Mais à ce rythme le foin sécherait en moins d’une demi-journée. En fait, dès que le foin atteint 70 % d’humidité, les stomates se ferment et la résistance à l’évaporation devient considérable. D’où l’importance de faner aussitôt la fauche (l’idéal étant de commencer le chantier à deux tracteurs) pour permettre le maximum d’évaporation sur la plus grande quantité de végétal possible. Cela permet également d’étaler les andains faits par les faucheuses-conditionneuses.
AC