paille de maïs pressée

Sécheresse / Les stocks fourragers disponibles sont aujourd’hui insuffisants dans la grande majorité des élevages, au regard des besoins des animaux. Haute-Saône Conseil Elevage propose quelques leviers et pistes de réflexion.

Les situations des exploitations, vis-à-vis de la sécheresse, sont diverses et variées, notamment entre des éleveurs en système foin regain, et des systèmes ensilage toute l’année. Il est donc impossible de traiter ici le cas de tous. L’objectif est d’identifier les actions possibles pour reconstituer des stocks fourragers dans les 12 mois qui arrivent, en travaillant par étapes : ce que je peux faire là maintenant en ce début novembre, ce que je pourrai faire en fin d’hiver, puis au printemps et enfin au cours de l’été 2019. Haute-Saône Conseil Elevage a élaboré une fiche (disponible sur le site facebook de Haute-Saône Conseil Élevage) pour vous aider à faire des choix durant cette période. Les conseillers de Haute-Saône Conseil Élevage sont à votre disposition pour vous accompagner dans cette action, afin de trouver avec vous la meilleure solution pour passer ce cap difficile.

Céréales maintenant, méteils en fin d’hiver
Dès ce début novembre 2018, il est possible de semer des céréales d’hiver, l’objectif est d’avoir de la disponibilité le plus tôt possible en 2019. Selon votre situation, ce stock pourra être valorisé en pâturage, très tôt, ou en fauche vers mi-mai au plus tard. Par ordre de priorité, au regard de la période et de la résistance des différentes espèces, privilégier les semis de triticale / seigle, puis blé / avoine, et enfin l’orge. En fin d’hiver, à partir du 15 février, il sera possible d’implanter des mélanges de céréales de printemps avec du pois (fourrager ou protéagineux). Ces mélanges pourront être récoltés vers le 15 mai, en ensilage, ou enrubannage.

Avril/Mai 2019 : réfléchir à son assolement, et anticiper les stocks 2019-2020
Dès le mois de mars il faudra programmer vos surfaces fourragères à récolter en 2019 : ensilage de maïs, prairies temporaires. La récolte 2019 devra à la fois combler le déficit fourrager de 2018, et assurer le stock pour la campagne 2019-2020. Les premières coupes d’herbe de 2019 (ensilage, enrubannage voire foin) seront très probablement à la baisse en termes de rendement, compte tenu de l’importance du manque d’eau, et du déséquilibre de la flore au redémarrage. Ce point est également à intégrer dans le potentiel de stock fourrager.
Le maïs peut également être utilisé en vert dès fin juillet/début août selon la précocité de l’année. Il peut donc être aussi un levier dans les élevages en foin regain. Un calcul des besoins sera donc à faire à ce moment-là.
Il est également possible d’implanter du sorgho fourrager multi-coupes, qui a la particularité de bien résister en conditions séchantes, avec des rendements de 8 à 12 tonnes de matière sèche par hectare, en 2 à 5 coupes. Il peut être utilisé en pâturage ou en ensilage/enrubannage. Semé au plus tôt le 15 mai, il est exploitable environ 60 jours après soit vers le 15 juillet.
A l’été 2019, si les conditions météorologiques le permettent, la mise en place de dérobées derrière les céréales restera une ultime possibilité pour reconstituer vos stocks. En comptant bien entendu sur des pluies permettent la levée.

Anticiper les effectifs à alimenter en 2019-2020
Un autre levier consiste également à ajuster les effectifs d’animaux présents dans les élevages. La question du taux d’élevage des génisses, de l’évolution des effectifs des autres ateliers est à analyser, et ce, assez tôt afin de vendre les animaux dans une période où le marché n’est pas ou est moins saturé.

Reconstituer le potentiel de productions des parcelles
Le redémarrage des prairies, qu’elles soient permanentes ou temporaires, sera à observer au printemps 2019 afin de décider des interventions à réaliser. Les prairies fortement dégradées seront soit à ressemer, ou à régénérer par du sur-semis intégral. Le re-semis sous couvert d’avoine est une possibilité intéressante car il permet un meilleur rendement en première coupe, et limite le développement des adventices. Par contre les prairies qui étaient avant cet épisode de sécheresse équilibrées, peuvent repartir normalement, ou bien ne nécessiter que des actions localisées de re-semis.
Dans tous les cas ces re-semis, s’ils se font au printemps, devront être réalisés avant le 1er mai 2019.
La conduite de la fertilisation, et la situation agronomique des parcelles sont des points qu’il faudra également regarder pour permettre une expression complète du potentiel de ces surfaces.

Revoir son équilibre fourrager
Enfin, plus globalement, selon la situation, la question de l’équilibre et de la sécurité du système fourrager sont à regarder. Certes l’année 2018 est plus qu’exceptionnelle, et ne peut pas constituer une référence.
Mais la taille des élevages a augmenté ces 5 dernières années (reprise de lait, élevage des génisses, impact du sexage, etc…) sans que les surfaces fourragères n’évoluent de la même manière.
Pour couvrir ces nouveaux besoins, les élevages ont eu recours à deux leviers principaux. Tout d’abord, l’augmentation des surfaces en prairies temporaires qui a permis par de meilleurs rendements à l’hectare d’augmenter les stocks fourragers disponibles. Le second a consisté à valoriser les SIE, et à implanter des surfaces importantes en dérobées.
Mais, les dernières années climatiques nous montrent que ces stratégies sont à risques. En 2016, le printemps très humide a empêché d’une part de récolter ces dérobées au bon stade, et d’autre part a décalé fortement les dates de semis des maïs, ce qui a pénalisé cette culture.
En 2018, les conditions séchantes n’ont pas permis leur implantation.
Ainsi, les dérobées ne doivent pas couvrir plus de 15 à 20 % des besoins, sinon ils constituent une forte dépendance pour avoir des stocks suffisants, ce qui est une stratégie à risque.
La variabilité des années culturales est à intégrer dans l’équilibre du bilan fourrager des élevages. En complément, le calcul de l’écart de rentabilité sur certaines parcelles entre une mise en culture, ou une destination fourragère peut être un élément de décision sur les élevages qui sont dans des situations tendues d’équilibre fourrager.
La solution idéale malheureusement n’existe pas dans ce contexte 2018. Ces points sont des leviers que vous pouvez utiliser ou pas, selon votre situation. L’objet est aussi de travailler avec vous sur des pas de temps de 3 mois afin d’agir, d’anticiper et de pouvoir s’adapter au mieux.
Les conseillers de Haute-Saône Conseil Elevage sont à votre disposition, n’hésitez pas à les solliciter.

Honorine Adam, François Dubief, Haute-Saône Conseil Elevage

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