déchaumage

INTERCULTURE / Pour contrôler adventices et limaces pendant l’interculture, le déchaumage reste une technique d’actualité, qui présente d’autres avantages agronomiques, notamment en favorisant la décomposition des résidus de récolte.

Dans la stratégie globale de réduction des quantités d’herbicides utilisées, tout en contrôlant les adventices, le déchaumage reste un levier de choix. Il permet de limiter les possibilités de reproduction des herbes indésirables, de rééquilibrer la flore spontanée et de limiter la pression de certaines adventices préoccupantes. « Les techniques de travail du sol ont beaucoup évolué au cours des dix dernières années. Le développement des pratiques sans labour, le désherbage des chaumes avec des herbicides totaux et la recherche d’économie dans les façons culturales ont parfois fait oublier les effets positifs des interventions mécaniques en interculture. Le déchaumage remplit plusieurs fonctions que les habitudes de travail font souvent oublier. », affirme Jean Pauget, d’Arvalis-Institut du végétal. Les durées de vie des graines dans le sol sont très variables. Tandis que les graines de la plupart des graminées ont une faculté germinative qui décroît beaucoup après un an et une espérance de vie qui ne dépasse pas quelques années, les graines de dicotylédones sont souvent plus persistantes, voire beaucoup plus (jusqu’à un demi-siècle pour le rumex…). Autre constante : la plupart des graines ne peuvent germer qu’en surface. Un travail du sol qui les enterre profondément, sans les remettre au jour pendant quelques années permet donc de neutraliser une partie du stock semencier : c’est une des fonctions “historiques” du labour. Cette stratégie fonctionne, sauf sur des plantes à graines très persistantes (euphorbes, amarantes, renouée persicaire, rumex…) qui demanderaient un “enfouissement” d’une durée incompatible avec celle d’une rotation… Il existe bien entendu des exceptions notables, comme le cas de la folle avoine, très présente visuellement cette campagne, dont la graine compense sa faible persistance par une forte faculté à germer, même sous 15 cm de terre !

Faux semis, vrai levier
Trouver la place dans la rotation d’insérer plusieurs faux-semis d’affilée et de répéter l’opération à des époques différentes de l’année permet de résoudre de nombreux problèmes. Le déchaumage, qui favorise la destruction des mauvaises herbes en provoquant la germination de leurs graines. Cette opération culturale permet ainsi de lutter contre les adventices et les repousses, ainsi que contre certaines maladies graves comme la jaunisse nanisante de l’orge ou le phoma du colza. Avec des limites toutefois : le déchaumage mécanique n’est efficace que contre les adventices annuelles et les repousses de cultures. En présence de vivaces, il faut rester attentif au problème du fractionnement des rhizomes de chiendent, de liserons, de chardons et de rumex par les herses à disques.

Un succès dépendant de la météorologie
Il est donc recommandé, après la récolte d’une céréale, de déchaumer immédiatement, laisser lever, puis de renouveler éventuellement ce déchaumage. L’enfouissement des repousses au plus tard avant la levée des orges d’automne permettra de prévenir la jaunisse nanisante de l’orge. Après la récolte d’un colza, on peut laisser les graines de colza germer en surface après la moisson. Les déchets et les repousses seront enfouis par un labour avant la levée des nouvelles cultures de colza afin de lutter contre le phoma. On a donc une action de désherbage mécanique au moment du premier passage, tout en réalisant un faux semis, qui devrait provoquer une levée groupée des graines adventices mâtures présentes dans les premiers centimètres du sol. Le moment de cette levée dépend bien entendu des conditions météorologiques. Il faudra être particulièrement vigilant et observateur dès le premier épisode pluvieux qui suit le déchaumage, de manière à pouvoir détruire le faux semis, soit de manière mécanique (travail du sol) soit de manière chimique (désherbage en pré-semis).

Préserver les réserves d’eau
Le déchaumage, en brisant la continuité capillaire de la terre en surface permet de limiter l’évaporation des réserves d’eau du sol. De plus, en cas de pluie – et en particulier d’épisodes orageux violents – la pénétration de l’eau sera plus efficace sur un sol déchaumé. Un bon déchaumage permet d’effacer une partie du tassement dû aux engins de récolte. Cette opération peut se faire à l’aide d’une charrue, d’un chisel ou d’un autre outil, spécifique (tantôt un cultivateur, tantôt un cover-crop léger… Les spécialistes insistent de manière unanime sur le côté superficiel de cette opération, entre 5 et 10 cm, jamais plus, afin de remplir au mieux ses fonctions. « En veillant à ce qu’il ne soit pas trop profond pour donner la priorité aux faux semis et à condition qu’il ne soit pas géré comme une habitude de travail, c’est une opération culturale à part entière en préparation du futur semis de la culture suivante, qu’elle soit une CIPAN ou une culture principale », poursuit l’ingénieur régional. Le déchaumage favorise aussi la bonne décomposition des pailles après la récolte, par lésions mécaniques et incorporation à la terre. C’est le principal atout des outils à disque, qui réalisent un mélange paille-terre (appelé mulch) : les pailles sont rapidement attaquées par les micro-organismes du sol et la quantité de débris végétaux en surface est réduite de manière conséquente. Le déchaumage réalisé par deux passages de cover crop permet de diviser par trois environ la quantité de paille en surface.

Améliorer la structure du sol
Le passage d’un outil à dents (chisel) s’avère moins efficace à ce niveau : il faudra procéder à un broyage préalable, de manière à affiner la taille des résidus. Le déchaumage superficiel permet donc en affinant le sol, en répartissant et en enfouissant partiellement les résidus, de faciliter le travail ultérieur du semoir et d’améliorer ainsi la qualité du lit de semence. On évitera les problèmes de bourrage, de mauvais contact sol-graine… que peuvent causer les débris végétaux rigides présents dans les premiers centimètres. C’est aussi une manière de limiter les populations de ravageurs (tels les limaces) en supprimant le couvert végétal qui leur sert d’abri.

AC

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