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Journée technique / La chambre d’agriculture et le Lycée Agricole (Vesoul Agrocampus) organisaient le 5 juin une journée terrain pour évoquer et illustrer au champ l’agronomie appliquée à la réduction des intrants.

La chambre d’agriculture participe à l’animation du réseau Dephy : 10 exploitations en Haute-Saône engagées dans une démarche volontaire, qui regroupe environ 3 000 exploitations à l’échelle nationale. L’objectif est de « concevoir, tester et évaluer des systèmes de culture visant une forte réduction de l’usage de produits phytosanitaires ». Mardi 5 juin, sur la ferme du Lycée Agricole de Port-sur-Saône (Vesoul Agrocampus) membre du réseau, agriculteurs et élèves étaient réunis pour une présentation des essais en place, et une restitution de quelques résultats.

Diversifier la rotation
Jérôme Tschenn, technicien chambre en charge du réseau, a présenté le cas de l’exploitation du Lycée avec son directeur Grégory Choux. Premier élément mis en avant : le levier le plus important pour réduire l’utilisation des pesticides est avant tout la rotation des cultures. C’est son allongement qui permet aux fermes engagées dans la démarche Dephy de réduire, parfois de façon spectaculaire, leur IFT (indice de fréquence des traitements), un des indicateurs permettant de mesurer la performance environnementale des exploitations. « Avec une rotation de 6 ans, dont 2 cultures de printemps, insiste Jérôme Tschenn, la pression des bio-agresseurs est largement diminuée. » L’exploitation du Lycée agricole, par exemple, atteint un IFT de 2,5 en 2016, et 2,1 en 2018, contre une référence régionale à 5,7, traitement de semence compris. L’objectif de -40 % en 2020 est « déjà atteint ».

Colzas-légumineuses
D’autres leviers sont mis en place par l’exploitation : gestion précise de l’azote (drones, cartes, pesées des colzas), observation des cultures (la ferme est membre du réseau du Bulletin de Santé du Végétal), ajustement des doses… A ce stade de l’expérimentation, il semble que le second levier le plus efficace soit, sur l’exploitation, le semis de colzas associés aux légumineuses. C’est Diane-Marie Lubac, enseignante en agronomie, qui a présenté le dispositif expérimental mis en place depuis 2 ans sur le site. Plusieurs itinéraires techniques ont été comparés, en faisant varier le niveau d’intrant (bas niveau, ou « productif ») et le type de plante accompagnatrice (vesce, féverole, trèfle d’Alexandrie d’une part, gesse, féverole, luzerne, vesce d’autre part). Le semis se fait généralement plus tôt que pour un colza seul (vers le 14 août l’an passé), l’objectif étant « d’avoir un colza et un couvert qui lèvent vite ».
Résultats provisoires : « Aucune marge inférieure à celle du colza seul, constate Diane-Marie Lubac, avec des niveaux d’IFT toujours en deçà à la référence régionale ». Des économies sont parfois réalisables sur les insecticides d’automne, « très peu de casse étant observé sur le colza associé », notamment par un effet « dilution » des attaques de charançon. Les points de vigilance à observer : Tout d’abord « choisir des espèces gélives en fonction du climat local ». La vesce par exemple peut ne pas geler en cas d’hiver trop doux ; la lentille a contrario est sensible au gel. Deuxièmement ne pas semer trop tard, sous peine d’avoir des colzas trop petits en entrée d’hiver, qui supporteront moins bien la concurrence adventice. Éventuellement, un rattrapage chimique est possible pour ralentir la culture associée avant l’hiver. Concernant le relargage en azote, les résultats sont encore incertains au niveau national, et les 30 unités indiquées dans la bibliographies peuvent être erronées : tout dépendra des conditions de minéralisation (température du sol, fertilité biologique du sol).

Marge brute conservée
Le volet « économie » du projet agro-écologique n’est pas oublié. Et l’aspect rassurant du réseau Dephy est de constater que la réduction de l’IFT n’est pas corrélée à une baisse de la marge brute des cultures. L’exploitation du Lycée agricole, qui figure parmi les « bons élèves » en matière d’IFT, ressort également avec les meilleures marges : 400 €/ha en 2016 (ce qui, considérant l’année catastrophique, fait figure de bon résultat), et 750 €/ha en 2017, parmi les meilleurs du panel. Des résultats encourageants.

LD

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