Franche-Comté Élevage

Franche-Comté élevage (FCE) / Jeudi 7 juin, la coopérative Franche-Comté élevage tenait son assemblée générale à Pirey. Pour son président, Christophe Jacquin, la filière fait face à un contexte de changement des habitudes alimentaires qui va s’amplifier dans les années à venir.

“Assemblée générale pluvieuse, assemblée générale nombreuse”, c’est un proverbe que pourraient adopter nos OPA au moment d’organiser leur rendez-vous annuel. Il s’est une fois de plus révélé véridique ce jeudi 7 juin à Pirey, car l’assemblée générale de la coopérative Franche-Comté élevage a fait salle comble. Mais qui dit assemblée générale pluvieuse, dit-il assemblée générale heureuse ? La question se posait pour un monde agricole, notamment celui de l’élevage, secoué entre crise de la FCO, manifestations devant les abattoirs francs-comtois et finalisation des États généraux de l’alimentation. C’est une réponse en demi-teinte qui a été apportée à cette question par Christophe Jacquin, le président de la coopérative.

Des cours en dessous des coûts de production
2017 a été une année marquée par une importante disponibilité en bovins-viande face à un repli structurel de la consommation. Ainsi les cours, notamment ceux de l’allaitant, ont été plutôt bas. Le président de Franche-Comté élevage interpelle la salle car « chose surprenante, ce sont les animaux de qualité qui trouvent le moins preneur sur les marchés ». Avant de s’expliquer : « aujourd’hui, les marchés qui se développent le plus sont notamment les marchés du haché, qui ne demandent pas d’animaux de qualité ». Ainsi, l’éleveur de Frasne se désole car « il n’y a plus une différence suffisante de rémunération entre les animaux de race allaitante et la montbéliarde, ce qui est problématique ». Tout en nuançant ses propos, en rappelant que cependant la montbéliarde « s’en tire plutôt bien » et qu’elle « a bien sa place sur le marché car c’est une viande qui correspond plutôt bien au panier moyen de la ménagère, qui n’a pas forcément les moyens de payer des morceaux de viande haut de gamme ». Christophe Jacquin note également que l’effondrement des marchés des reproducteurs ces dernières années se poursuit : « face à une filière qui ne se porte pas bien, le marché des reproducteurs devient la variable d’ajustement de celle-ci ». Toutefois « la situation est à nuancer » car les marchés à l’export sont eux très dynamiques. Ainsi, Coopex recherche régulièrement des animaux et rémunère bien les éleveurs. Mais cela ne fait pas tout car « ces marchés concernent essentiellement les génisses ou les jeunes vaches, marché qui ne satisfait donc pas tous nos usagers » conclut le président.
Oublier de parler de la filière porcine serait zapper un pan entier de l’activité de Franche-Comté élevage. En 2017, l’année s’est montrée globalement satisfaisante, notamment sur la première partie de l’année, mais l’excès d’offre au niveau européen et mondial fait qu’on est aujourd’hui redescendu à un niveau nettement en dessous des coûts de production. Pour Christophe Jacquin, « on est repartis dans le même marasme qu’en 2007 », ce qui l’inquiète grandement tant pour la santé économique des exploitations que pour l’avenir de la filière car « on manque dans notre réseau de vocations pour devenir éleveur de porc. Si en plus la situation économique s’en mêle, on se demande ce que deviendra cette filière dans les années à venir ». Cependant l’avenir n’est pas tout gris dans cette filière pour le président de la coopérative puisqu’au niveau régional « grâce à nos IGP, on obtient une valorisation toujours nettement supérieure à la valorisation nationale ».

Et demain, tous végans ?
Christophe Jacquin a également souhaité parler plus longuement de ses inquiétudes quant à l’avenir de la filière : « On n’est pas satisfaits de l’ambiance dans laquelle on travaille, car il ne se passe pas un jour aujourd’hui sans que l’on entende des recommandations sur la nécessité de consommer moins de viande quand ce n’est pas de ne plus en consommer du tout ». Les activistes venus manifester devant l’abattoir de Besançon ? Il chasse le sujet d’un revers de la main : « Cela ne nous dérange qu’à moitié, ce sont des gens qui sont très souvent excessifs et comme tout ce qui est excessif, ça n’a pas de crédit ». Non, ce qui inquiète l’éleveur et président de Franche-Comté élevage, ce sont d’une part le grand nombre de « gens comme vous et moi, qui sont des gens modérés mais qui ont tendance à se détourner de la consommation de viande » et d’autre part les « cautions qu’ils ont de la part d’une partie du monde médical et des diététiciens ». Pour lui, ce n’est pas qu’une simple lubie, il craint la vague de fond et s’interroge : « Dans vingt ans à qui vendront nous nos animaux ou notre viande ? » Ses inquiétudes, il sait qu’il les partage avec toute la filière : « Durant les précédentes crises, on savait s’appuyer sur la qualité et le sanitaire, mais demain on devra s’adapter, trouver comment communiquer ». Pour Christophe Jacquin, c’est ainsi « une période de changements et de rupture » qui s’annonce.

Morgane Branger FDSEA25

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