Nelle mandature JA Equipe

Une nouvelle mandature pour les JA Bourgogne-Franche-Comté / Les JA de Bourgogne-Franche-Comté se sont réunis le 13 avril dernier au lycée agricole de Château-Chinon en session élective. Au menu une séance de remue-méninges sur l’adaptation de la formation initiale à l’agriculture de demain et l’élection d’un nouveau bureau et d’un nouveau président. Morceaux choisis…

Vaste et complexe sujet que celui de la formation initiale en agriculture. Ils étaient six à en débattre lors de la table ronde organisée pour l’assemblée générale de JA BFC, qui s’est tenue le 13 avril dernier à Château-Chinon, dans la Nièvre : Nicolas Sarthon (élu de JA national), Frédéric Guillot (directeur du lycée agricole du Morvan), Cédric Bernier (JA vice-président de ce même lycée), Bénédicte Bracq (conseillère et responsable du pôle formation à la chambre d’agriculture 58), Hubert Martin (chef du service régional de la formation et du développement à la Draaf ).
Les avancées technologiques, les exigences économiques et le contexte réglementaire font logiquement évoluer le contenu des formations initiales, mais est-ce suffisant ? L’enseignement agricole représente une « exception », par son rattachement direct au ministère de l’Agriculture et la forte implication des professionnels. L’offre pédagogique est conséquente (CAPA, BPA, Bac pro, BTSA,…) et la répartition territoriale permet de se tourner vers des établissements publics ou privés. C’est ainsi que Hubert Martin, chef du sercice régional de la formation et du développement de la Draaf, a planté le décor, valorisant « un outil de formation diversifié, répondant aux spécificités et aux besoins des territoires, bien positionné et étalonné ». Pourtant, la formation initiale agricole se trouve confrontée à de nouvelles problématiques (sociétales, économiques, agronomiques…) qui exigent une réactivité difficile à concilier avec l’évolution plus lente des référentiels et de la pédagogie. Comment à partir de là mieux préparer les élèves aux responsabilités et aux choix auxquels ils seront confrontés dès leur installation ? La réponse n’est pas simple, car la balle n’est pas dans le seul camp de l’institution, l’élève doit aussi savoir la saisir au bond.

Le niveau de maturité des élèves en question
Directeur du Lycée agricole du Morvan, Frédéric Guillot relève d’abord « la plus grande complexité d’un métier où la technicité ne suffit plus. Il faut développer d’autres compétences, en économie, en comptabilité et surtout atteindre un certain niveau de maturité » ce qui n’est pas facile pour des adolescents confrontés aux difficultés de leur âge. Le lycée du Morvan ne disposant pas d’une ferme intégrée, l’équipe pédagogique s’appuie très largement sur des exploitations locales partenaires. « Ces mises en situation leurs permettent d’évaluer concrètement les conséquences économiques de certaines décisions » complète le directeur. Cependant, « on ne peut pas tout attendre de l’école », l’élève doit s’impliquer au même titre que l’enseignant. Le témoignage de Nicolas Sarthon, de JA national, va dans ce sens. Evoquant une scolarité plutôt détendue et insouciante, le jeune agriculteur s’est trouvé confronté à l’épreuve du mur dès son installation. Les difficultés lui ont mis du plomb dans la tête, mais il regrette de n’avoir pas su mobiliser suffisamment ses apprentissages scolaires en passant du virtuel au réel. Les établissements d’enseignement agricole disposent d’une marge de manœuvre de 10% hors du cadre obligatoire. Le lycée du Morvan l’a mise à profit pour développer « des systèmes de pilotage virtuel », à partir de micro-entreprises animées et gérées par les élèves. Mais le contexte agricole évolue rapidement, constate Frédéric Guillot et la capacité d’adaptation des structures d’enseignement reste limitée. De même, « le fractionnement des apprentissages n’est pas toujours compatible avec une vision plus systémique des systèmes d’exploitation actuels, plus complexes à gérer ».

Un impératif, grandir en allant voir ailleurs
La salle n’a pas manqué de relever un paradoxe, avec d’une part un manque de maturité flagrant des futurs jeunes diplômés et d’autre part, une réforme du bac Pro qui a accentué ce fossé générationnel. Cédric Bernier, jeune agriculteur vice-président du lycée agricole du Morvan, voit une solution dans la poursuite des études, un moyen d’enrichir ses connaissances et surtout de prendre le temps de gagner en maturité. « Chaque décision a un impact économique » pour le comprendre il faut prendre du recul, aller voir ailleurs, se confronter à d’autres systèmes, loin de la ferme familiale, y compris sous d’autres latitudes… Même si elle reste perfectible, la formation initiale porte ses fruits, comme l’expose Bénédicte Bracq : 96% des jeunes qui sont passés par le PPP (Plan de professionnalisation personnalisé) sont encore en activité bien des années plus tard. Mieux encore, les nouveaux porteurs de projets cherchent à améliorer le système, à faire preuve de créativité… D’où « l’importance avant de se lancer de prendre le temps d’acquérir de l’expérience ailleurs, de mûrir, de se confronter à la réalité et aux risques du métier ». Au-delà des aspects techniques et économiques, il est tout aussi essentiel de travailler sur « le versant sociétal de l’activité agricole ». Nicolas Sarthon, du fait de son expérience ne peut que confirmer que « la maturité vient après les premières épreuves, cela change le regard et on prend les virages nécessaires ». Il souhaite cependant, que la formation initiale intègre « plus d’économie, de gestion, d’ouverture sur le monde, sur les nouvelles pratiques et les tendances de fond… » Déterminé à travailler sur le fond comme sur la forme de l’enseignement, Frédéric Guillot encourage « à déjà saisir toutes les opportunités dans les formations initiales actuelles, car la force de l’enseignement agricole c’est justement sa capacité à innover, à prendre des risques. Sans parler de « grand soir », à force de petits pas, « on avance » dans la bonne direction.

AMK

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