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Conduite du troupeau laitier / La maladie de Mortellaro, ou dermatite digitée, est une cause de boiteries préoccupante en élevage laitier, du fait de sa contagiosité, de sa fréquence, et des pertes économiques induites.

Les boiteries, notamment les affections podales, constituent, par leur fréquence et leur importance économique la troisième maladie en élevage bovin après les problèmes de reproduction et les mammites. Les conséquences des boiteries sont multiples, les coûts et pertes économiques liés aux boiteries sont élevés et les soins aux animaux engendrant du travail supplémentaire. Les conséquences sont également à considérer au niveau de l’individu, un animal boiteux éprouvant plus de difficultés à se déplacer compte tenu de la douleur. L’animal boiteux va moins s’alimenter et s’abreuver, et en conséquence produira moins de lait. Parallèlement, les performances de reproduction peuvent être altérées car la détection des chaleurs est rendue plus délicate du fait d’une limitation du chevauchement. Pour toutes ces raisons, le risque de réforme anticipée est 8,4 fois plus élevé chez un animal boiteux par rapport à un animal sain. Plusieurs affections du pied peuvent notamment conduire à des boiteries, qui se traduisent par une gêne à la locomotion. Chez la vache laitière, trois maladies principales sévissent a l’état enzootique dans les troupeaux : la
fourbure subaiguë, le fourchet (ou
dermatite interdigitée) et la maladie de Mortellaro (encore appelée dermatite digitée).

Des performances de production et de reproduction dégradées
Dans tous les pays laitiers européens, la maladie de Mortellaro s’est fortement développée au début des années 2000, favorisée par l’évolution des modes d’élevage (introduction d’animaux, tailles de cheptels en augmentation avec une diminution de la main-d’œuvre,
stabulations libres et logettes…) D’autres facteurs de risques ont été identifiés par les scientifiques qui se sont penchés sur le problème. Ainsi les vaches atteintes présentent fréquemment une note d’état corporel élevée, et c’est probablement la dégradation de l’immunité des vaches grasses qui explique le phénomène. La maladie de Mortellaro touche d’ailleurs surtout les animaux confrontés à une situation de stress – le stress étant connu pour défavoriser l’immunité. C’est par exemple le cas des génisses qui reviennent de l’exploitation où elles ont été élevées sur l’exploitation principale et qui sont prêtes à vêler. Le stade de gestation et la nouvelle dynamique au sein du troupeau font que les génisses récemment arrivées mangent moins et se reposent peu, source de stress pour l’animal.
La race apparaît également comme une variable à prendre en compte : les vaches Holstein sont davantage plus touchées que les Montbéliardes, les Brunes ou les Vosgiennes. Un fait qui peut s’expliquer par des différences de conformation des onglons. Ceux-ci plus anguleux chez les Holsteins favorisent l’exposition du bulbe à l’humidité du sol, ce qui ramollit la peau et la corne, et favorise la pénétration des germes. Mais il ne faut pas non-plus négliger les différences métaboliques : les vaches à haute productivité laitière présentent un plus grand risque de désordres métaboliques, comme la sub-acidose. Cet état entraîne l’absorption de substances à effet vasculaire notamment au niveau des petits vaisseaux sanguins du pied. La perturbation de la vascularisation générée par ces substances va entraîner des décollements de la corne des pieds. Apparaissent alors des fissures dans le sabot, dans lesquelles les bactéries du sol peuvent facilement s’infiltrer et occasionner des abcès par exemple.

Prévenir avant tout
La maladie de Mortellaro étant très contagieuse, il faut tout mettre en œuvre pour ne pas introduire un animal atteint dans un troupeau sain. Avant tout achat de bétail, il faut observer le dessous des pieds. Il faut également se renseigner pour savoir si l’animal a déjà été atteint. En effet, le cas échéant, il est possible que la bactérie se soit enkystée et que la maladie réapparaisse. Il faut également porter une attention particulière lors des expositions ou sur les alpages et autres pâturages communs.
La dermatite digitée se développe préférentiellement lorsque les vaches sont logées sur des surfaces souillées et humides. Aussi la prévention passe par des mesures d’hygiène et de curage : fréquence de raclage ajustée aux besoins du troupeau laitier, contrôle visuel, nettoyage, etc… Une fois que les conditions de propreté du sol sont assurées, il est envisageable d’équiper son bâtiment d’élevage d’un système pour éviter une propagation importante de la maladie au sein d’un troupeau qui contient un animal atteint. C’est par exemple la mise en place d’un pédiluve ou d’un passage à sec. Si elles ne permettent pas de guérir de la dermatite digitée, ces dispositions restent le moyen le plus répandu et le plus efficace pour prévenir la propagation de la maladie. Le pédiluve doit être assez long (au minimum 3 mètres) et assez profond (au moins 20 cm). Et surtout il doit rester propre. Il faut le vider, le laver et remplacer la solution régulièrement, sinon il ne sert à rien. S’il est très souillé, il peut même favoriser la propagation de la maladie.

Parage régulier
Le parage régulier des onglons est également important pour maintenir une bonne santé des membres. C’est d’autant plus vrai que les surfaces de détention sont meubles. Lors des parages, les outils devraient être désinfectés avant chaque nouvelle bête. De même après chaque parage de pied infecté ou ayant été infecté, il faut bien laver et désinfecter les outils. n

A.C.

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