Conjoncture agricole / La valeur ajoutée de la ferme France a diminué de 5,6 % par rapport à 2018, selon l’Insee, générant un recul du revenu par exploitant agricole de 13 %, selon Eurostat. La baisse de 2 % de la production explique ces replis.

Seul l’institut européen de statistiques Eurostat prend le risque de rendre public une prévision du revenu agricole 2019 par actif, le ministère de l’Agriculture se contentant de publier partiellement les comptes prévisionnels de l’agriculture à l’échelle de la ferme France. Selon Eurostat, le revenu par actif agricole (salarié et non salarié) a diminué de 8,5 % par rapport à l’an passé. En ne prenant en compte que les non-salariés agricoles, la baisse est plus forte (-13 %) puisque les salaires constituent des charges fixes. Les comptes prévisionnels de l’agriculture publiés par l’Insee donnent des éléments d’explication à ces reculs importants. Le revenu par actif agricole baisse cette année car la valeur de la production agricole (74,9 Mds d’€) et la valeur ajoutée de la Ferme France (31,2 Mds d’€ hors subventions) se replient significativement de 2,0 % et de 5,6 % par rapport à l’an passé. Compte tenu des informations disponibles, les céréaliers et les viticulteurs supportent probablement seuls la baisse du revenu agricole car la valeur des produits végétaux (43,7 Mds d’€) recule de 4,8 % sur un an tandis que celle des produits animaux (26,3 Mds d’€) progresse de 2,4 %.

De fortes disparités entre les filières, entre les exploitations
Même au sein de chacune des mêmes branches, la conjoncture est différemment ressentie. L’évolution du revenu des producteurs « grandes cultures » est d’abord liée à leur assolement. « La production de céréales augmente vivement en volume (+13,6 %), tirée par le dynamisme du blé tendre ( + 16 %) », souligne l’Insee. Mais « les récoltes de blé dur, d’oléagineux et de betteraves se replient (-13,8 % ; -21,7 % et -6,9 %), pénalisées par des conditions climatiques défavorables, ajoute l’Insee. En revanche, la production de pommes de terre se redresse (+7 %) ainsi que celle de fruits ».
En production animale, les éleveurs laitiers bénéficient d’une conjoncture qui leur est particulièrement favorable (+3,4 % de la valeur ajoutée sur un an). Mais l’Insee ne détaille pas, pour les autres productions animales (porcs, bovins viande), l’évolution de la valeur ajoutée. Même si on devine qu’elle croît fortement pour les éleveurs de porcs. Les 7,9 Mds d’€ d’aides publiques versées portent à 37,4 Mds d’€ la valeur ajoutée de la Ferme France une fois les impôts fonciers déduits (1 Md d’€). Mais ces subventions atténuent simplement la baisse de la valeur ajoutée (-4,9 %) aussi bien à l’échelle de la ferme France que par actif agricole (-4,5 %). La valeur ajoutée servant à amortir les actifs immobilisés (environ 10 Mds d€) et, à payer les salariés et les frais financiers des emprunts souscrits par les agriculteurs, le revenu agricole par actif non agricole baisserait ainsi de 13 % par rapport à l’an passé, selon Eurostat.
Une moyenne, on l’a vu, qui masque de fortes disparités.

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