Cerfrance / Alain Simon sera l’invité de l’AG de Cerfrance, le 3 décembre prochain à 14 h 30 à l’espace Festi’Val à Arc-les-Gray. Il répond à quelques questions sur la géopolitique, son thème de prédilection, qu’il évoque avec humour, en l’appliquant à notre vie quotidienne, au monde de l’entreprise et à la compréhension de celui de demain.

La Haute-Saône Agricole (HSA) : Dans vos conférences, vous parlez de géopolitique. Qu’est-ce que recouvre exactement ce thème ?
Alain Simon (AS) : Question piège ! Je suggérerais pour faire simple que ce n’est jamais qu’une manière moderne, un habillage sémantique « newlook » pour parler de la vieille histoire géographie de nos enfances. Et cela peut concerner également les acteurs du monde économique, les responsables d’entreprise, les décideurs. Car bon nombre des décisions qui sont prises en entreprise, des choix stratégiques, des décisions que l’on met en œuvre, sont directement liées à l’environnement dans lequel l’entreprise agit. Ce sont de simples traductions en langage d’entreprise de ce que sont les impératifs du monde extérieur. À ce titre, n’importe quel acteur économique doit lire le journal pendant les heures de bureau !

HSA : Mais l’actualité est bien trop confuse pour que l’on puisse en tirer des conséquences concrètes dans les entreprises, dans les exploitations agricoles !
AS : C’est justement là que servent l’histoire et la géographie. La géopolitique c’est aussi prendre du recul. Dans l’apparente confusion, l’excès d’information à laquelle nous avons accès, au travers des nombreux événements de l’actualité mondiale, ce sont elles qui nous permettent de dégager des tendances lourdes. Ce qui permet aussi d’éclairer le monde de l’entreprise, qui est confronté à des problèmes identiques que ceux du monde. On a besoin de la géopolitique pour bien lire le journal de demain.

HSA : Par exemple ?
AS : L’actualité nous dit, depuis plusieurs années, que contrairement à ce que l’on prédisait, les sentiments d’appartenance persistent, voir s’exacerbent. Les nations bougent, les mouvements identitaires sont forts, les peuples manifestent. On voit naître ce qu’on peut appeler le « temps du discrédit ». Bien sûr il faudra faire des choix, tellement l’actualité va vite, mais ce qui se passe à Honk-Kong trouvera sa place dans mon développement.

HSA : Les difficultés que rencontrent les exploitations agricoles sont donc aussi liées à ce qui se passe dans l’actualité nationale, voire internationale ?
AS : Oui bien sûr, en partie ! Regardez les polémiques sur l’agriculture, elles peuvent avoir lieu parce que les inquiétudes liées aux pénuries alimentaires ont disparu. Nos contemporains, en Europe, ont oublié que l’on pouvait manquer.

HSA : Mais doit-on repasser par la peur de la faim pour retrouver un regard objectif sur l’agriculture ?
AS : Sans doute. De même que pour réconcilier les gens avec la vaccination, il faudra repasser par la conscience de l’épidémie, et pour donner au projet européen un nouvel élan, il faudra reprendre conscience de la place qu’il a pris dans l’instauration de la stabilité et de la paix. Mais tous ces comportements ne se comprendront qu’à la lumière de l’histoire et de la géographie.

Propos recueillis par Louis de Dinechin

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