Interculture / Amélioration de la fertilité physique, chimique et biologique des sols, réduction du salissement… les atouts agronomiques des couverts en interculture sont désormais bien connus. Pour les éleveurs, ils peuvent aussi constituer un levier de sécurisation du système fourrager, face au risque accru d’aléa climatique.

Le 23 octobre dernier, les six agriculteurs du groupe Optiplaine de Saulx organisaient la visite d’essais conduits sur deux parcelles, l’une exploitée par le Gaec Champenoux, l’autre par le Gaec Grandmougin, sur la thématique des couverts relais. « L’objectif de cette matinée est de mettre en commun nos résultats et d’échanger sur nos pratiques », pose Mickaël Muhlematter, éleveur et membre du GIEE. L’animation de cette campagne d’essai a été assurée par Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture, avec un financement de l’agence de l’eau dans le cadre du programme d’actions de protection de la ressource hydrique sur le bassin Durgeon-Ognon. « Dans ce secteur de la Haute-Saône, c’est la polyculture-élevage qui domine, expose ce dernier. On est dans une zone d’élevage où les questions de l’autonomie fourragère, de la sécurisation du système fourrager vis-à-vis des aléas climatiques sont importantes. Aussi dans le groupe, la plupart des agriculteurs cultivent déjà des méteils. »

Des couverts relais
Les participants à cette matinée de démonstration ont pu constater de visu le comportement des différents mélanges au banc d’essai, dans les conditions climatiques de l’année, caractérisée par une sécheresse estivale marquée : seigle de printemps, seigle forestier, trèfle incarnat, avoine, vesce, trèfle d’Alexandrie… « On évite les crucifères, dont l’intérêt fourrager est assez limité, mais surtout qui risquent de poser problème une fois montées à graine », explique le technicien. Le principe du couvert relai est d’associer céréales et protéagineux, avec certaines espèces non gélives, qui pourront repousser après une coupe automnale. « L’avantage de ce couvert est qu’il est semé tôt, le plus tôt possible après la récolte du précédent. Il est possible parfois de faire deux récoltes, une à l’automne et l’autre au printemps, en ne semant qu’une seule fois… On a donc moins de perte de fourrage qu’un méteil classique semé en octobre. », avance Emeric Courbet. « On a pu tester cette année différentes associations, ce qui nous permettra d’avancer l’an prochain avec une sélection plus réduite : pois et féverolle, vesce, trèfle d’Alexandrie et trèfle incarnat pour ce qui est des légumineuses, et seigle d’hiver (ou forestier) et avoine pour les céréales. Chacun peut semer une bande en pur de manière à pouvoir récolter les graines et refaire son mélange pour l’année suivante à moindre coût. » Les objectifs des éleveurs du groupe convergent : profiter des atouts agronomiques des couverts relais (voir encadré), certes, mais maximiser les tonnages de matière sèche récoltée, en veillant aux protéines. « On s’aperçoit qu’avec les sécheresses et les canicules, c’est à l’automne et au printemps que ça pousse le mieux : les couverts nous permettent de profiter à plein de ces périodes favorables », note Marc Champenoux, qui vient de récolter une belle parcelle en couvert relai. « On est en train de changer de logique, relève un des participants : avant on raisonnait l’interculture en fonction de la culture principale, maintenant c’est presque l’inverse… j’en suis à choisir des variétés de maïs avec des indices à petit indice pour pouvoir maximiser mes rendements de méteil ! »

Alexandre Coronel

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