Interview / Le 6 juin, les producteurs Lactalis de Franche-Comté tiendront leur assemblée générale à Vesoul. Bruno Lancelot, en tant que président de l’OP Grand-Est (Apllage), interviendra pour présenter l’actualité des négociations en OP et à l’Unell (Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis). Comment se conduisent les négociations avec Lactalis ? Comment gère-t-on les différentes échelles de représentation des adhérents ? L’éleveur viendra discuter avec eux le jour de l’AG.
HSA : Quels sont les gros sujets de discussion au niveau de l’OP Grand-Est et de l’Unell ?
Bruno Lancelot : Le gros sujet en ce moment, c’est la négociation de l’accord-cadre. Le contrat individuel est signé depuis 2012, mais le contrat-cadre définit comment fonctionnent l’OP et l’entreprise, pour pouvoir déroger au droit de la concurrence et parler prix. Ces discussions se tiennent au niveau national, à l’Unell où sont regroupées les OP régionales.
HSA : Est-ce que la négociation n’est pas déjà aboutie ?
Bruno Lancelot : Nous avons proposé, conformément à la réglementation et à la loi EGAlim, un accord-cadre en novembre 2018. Là-dessus, beaucoup de clauses ou d’articles ont été adoptés en accord avec l’entreprise. Mais il reste un article, sans doute le plus important, qui fait l’objet d’un litige : celui qui définit les modalités de fixation de prix du lait.
HSA : Comment se passe cette négociation ?
Bruno Lancelot : Faute d’un accord, nous avons demandé l’intervention du médiateur des relations commerciales agricoles. Pour l’instant, chacune des deux parties (l’OP d’une part, Lactalis de l’autre) a rencontré le médiateur pour lui exposer ses positions, à la mi-mai. La rencontre tripartite a lieu si le médiateur estime qu’une plage d’entente peut être trouvée. Nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade. D’autres sujets sont également en cours de discussion pour faire avancer la médiation.
HSA : Qu’est ce qui est si difficile à négocier ?
Bruno Lancelot : C’est toujours la définition de la formule de prix. Dans cette formule (je pourrai rentrer dans les détails lors de l’AG) nous prenons en compte 50 % du prix PGC France, 30 % de beurre-poudre, et 20 % de cotation du lait allemand. Mais c’est sur le prix PGC France que nous ne sommes pas d’accord. De notre côté, dans les OP, nous souhaitons que Lactalis, qui a utilisé les coûts de production pour obtenir des hausses de la part de ses clients, les intègre aussi pour permettre une hausse du prix payé au producteur ! La difficulté, c’est que les EGA ont imposé l’utilisation des coûts de production, mais n’ont pas précisé les modalités.
HSA : A-t-on intérêt à négocier aussi haut que l’Unell ? Ne pourrait-on pas s’en tenir à notre OP ?
Bruno Lancelot : Certaines négociations ne peuvent pas se faire à un niveau moindre. D’ailleurs, on remarque que Lactalis impose aux OP hors-Unell les décisions négociées à l’Unell. Et puis nous y trouvons aussi notre compte :
Récemment, le président de l’Unell Claude Bonnet et moi-même sommes allés rencontrer les enseignes de la Grande Distribution. En quelque sorte, nous apprenons à connaître les clients de notre client. Sans être naïfs,
nous comprenons mieux comment fonctionnent les relations à l’aval de la filière, repérons les points de blocage et le cas échéant nous pouvons mettre les uns et les autres en face de leurs contradictions.
LD