UE/Mercosur / Les ministres de l’agriculture de plusieurs États membres, de même que les secteurs agricoles « sensibles » de l’UE, restent préoccupés par les négociations de libre-échange avec le Mercosur qui enregistreraient de réelles avancées. Toutefois, selon le commissaire européen Phil Hogan, de sérieux progrès doivent encore être faits en ce qui concerne l’accès au marché sud-américain, pour les produits laitiers notamment.
Alors que se poursuivait jusqu’au 17 mai à Buenos Aires la 39e session de négociations de libre-échange entre l’UE et le Mercosur ; et que le secrétaire brésilien au commerce extérieur, Lucas Ferraz, venait d’affirmer qu’un accord « n’a jamais été aussi proche », le secteur européen du sucre, betteraviers (Cibe) et fabricants (CEFS), de même que l’interprofession française de la viande (Interbev) ont de nouveau mis en garde, dans des lettres ouvertes aux institutions de l’Union, contre l’octroi au bloc sud-américain de concessions qui fragiliseraient de plus belle leurs secteurs. Ces organisations mettent notamment en avant l’argument de la durabilité, épinglant surtout l’incompatibilité entre la politique environnementale du Brésil et l’accord de Paris sur le climat.
Leur message était adressé notamment aux ministres de l’agriculture des Vingt-huit qui débattaient le 14 mai à Bruxelles des questions commerciales internationales. La veille, leurs collègues des affaires étrangères avaient adopté des conclusions favorables à un accord de libre-échange « ambitieux et équilibré » avec le Mercosur, dans le cadre, toutefois, d’un « partenariat » qui « renforce les normes sociales, environnementales et de travail, y compris l’application de l’accord de Paris ».
« Nous n’y sommes pas encore »
« Nous avons plus avancé en quatre mois qu’en vingt ans », a déclaré le 8 mai Lucas Ferraz. La France, qui a toujours défendu ses producteurs jusqu’à présent, n’est plus source de blocage pour des concessions sensibles dans le secteur agricole, a dit le secrétaire brésilien au commerce extérieur, ajoutant même que c’est plutôt son pays qui devrait finaliser des travaux techniques pour avancer.
Selon les services de la Commission européenne chargés du commerce, il existe une réelle possibilité de conclure les négociations avec le Mercosur entre juin et octobre. « Nous n’y sommes pas encore car une série de questions restent à régler », a toutefois relativisé le commissaire à l’agriculture Phil Hogan devant les journalistes à l’issue de la réunion ministérielle du 14 mai.
Des avancées sur les indications géographiques
Concernant les intérêts offensifs de l’UE dans ces pourparlers, très peu d’avancées ont été, selon certaines sources, enregistrées pour l’instant en ce qui concerne l’accès au marché sud-américain pour les produits laitiers. Par ailleurs, le Mercosur ne propose plus qu’une libéralisation pour le vin en bouteille, après avoir offert dans un premier temps une libéralisation complète dans ce secteur.
En revanche, le dossier de la protection des indications géographiques a nettement progressé, seulement une petite douzaine d’entre elles étant en attente d’un accord.
Loin d’un accord acceptable, selon la France
Au cours du tour de table du Conseil sur les questions commerciales internationales, plusieurs délégations (France, Slovénie, Irlande…) ont rappelé leurs préoccupations au sujet des négociations avec le Mercosur. La France a ainsi estimé que les deux parties sont loin d’un accord acceptable et rappelé la sensibilité des secteurs de la viande bovine, de l’éthanol et de la volaille. De son côté l’Italie, a insisté sur la protection des indications géographiques.