colza_fleuri

Résultats économiques / La présentation des résultats agricoles prévisionnels de Franche-Comté par CerFrance laisse entrevoir une embellie pour l’année 2017 : les bons rendements céréaliers, ainsi que la remontée des cours en lait standard et en viande offrent, après deux années difficiles, un répit relatif aux agriculteurs. 

Le 14 novembre dernier, à Dannemarie-sur-Crête, Cerfrance donnait rendez-vous aux organisations professionnelles agricoles de Franche-Comté pour une rencontre d’économie rurale, en s’appuyant sur la présentation des prévisions du millésime. Ces premières prévisions économiques disponibles des résultats de l’année, obtenus à travers les données des adhérents et les tendances des marchés, permettent de mesurer les évolutions des performances des systèmes de grandes cultures, bovins viande, lait standard et lait AOP de Franche-Comté. Après deux années particulièrement difficiles, ces résultats étaient d’autant plus attendus, comme l’a souligné dans son introduction Thierry Guillaume, agriculteur en Haute-Saône et président de Cerfrance Bourgogne Franche-Comté « Travailler, c’est bien… vivre de son travail, c’est mieux ! Cette relative embellie offre l’opportunité de prendre du recul et de réfléchir aux moyens de retrouver des marges de manœuvre. » avant de laisser la parole aux conseillers économiques qui se sont livrés aux analyses rétrospectives et prospectives pour les principales productions agricoles régionales.

Timide amélioration en viande
A commencer par François Massuard, qui s’est attaché à décrire les systèmes viandes : l’exploitation type compte 152 ha de SAU, dont 123 de surface fourragère, emploie 1,46 UTH pour un cheptel de 144 UGB. « En Franche-Comté, la plupart des éleveurs viande sont des naisseurs, qui exportent beaucoup de broutards. En 2016, le prix des bovins en baisse de 5 % associé à une année céréalière calamiteuse avaient entraîné une baisse du produit total de 6 %. A 1028 €/ha de SAU, c’était le plus faible de ces cinq dernières années. Parallèlement, les charges totales avaient diminué de 4 %, en grande partie du fait de la baisse des postes engrais, aliments, cotisations sociales et énergie. Pour 2017 on constate une amélioration timide, caractérisée par la hausse des expéditions vers l’Italie et l’Espagne, ce qui a favorisé la remontée du cours des broutards, tandis que le prix des vaches de réforme est avantagé par une offre moins importante. Cela a pour effet de raffermir de 2 % le produit de la surface fourragère. Comme le contexte est favorable en grandes cultures, le produit total augmente de 5 %. » La baisse des charges totales se poursuit (-4%), mais seulement du fait des économies sur les postes engrais et aliments du bétail, puisque la hausse des prix du carburant annule la baisse des cotisations sociales et des amortissements. « Pour la première fois en cinq ans, le résultat courant dépasse les
10 000 €/UTAF, et l’EBE, en augmentation de 5 000 €, passe à 37 000 €/UTAF. Il faudra dans les mois à venir surveiller l’impact du CETA sur le marché européen de la viande et anticiper la baisse de consommation de viande bovine en Europe, sans perdre de vue les coûts de production. Derrière les moyennes, on observe d’énormes écarts de revenu, dont les principaux facteurs sont la productivité de la main d’œuvre, l’autonomie et les économies de charge. », conclut le conseiller.

Retour des résultats en lait standard
Luc Louis, avant de dévoiler les résultats des fermes en filière lait standard – 132 ha en moyenne, pour 2,1 UTH et 409 000 litres de lait produits, n’a pas manqué de faire un point sur la question de la “pénurie de beurre” : « La grande distribution ne souhaite pas augmenter le prix du beurre dans les rayons, et c’est une spécificité française : tandis qu’il augmentait de 8 % chez nous, en Allemagne, il a pris +72 % ». Après deux années très difficiles caractérisées par la baisse du prix du lait, la dégradation de l’EBE et du résultat courant, 2017 signe un retour des résultats positifs pour les exploitations laitières de la zone basse. « Les charges continues de décroître légèrement (-2,3%) ; ainsi la dépense d’aliment serait en légère diminution. L’amélioration du marché du lait depuis le début de l’année commence à bénéficier aux producteurs, avec 21 € de mieux, soit 356 €/1000 litres, contre 335 € en 2016. Selon les indicateurs, la collecte sur l’année civile resterait stable. Le fort déficit de production observé en début d’année (conséquence de l’année 2016) est compensé par un printemps favorable et une qualité des fourrages satisfaisante. Les résultats seraient assez proches de ceux de 2014, en dépit d’un prix du lait plus faible. » Aussi, le conseiller préconise de « profiter d’une meilleure conjoncture pour reconstituer la trésorerie, et intégrer la volatilité des prix dans son besoin en fond de roulement ». Différents participants, dont Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône, n’ont pas manqué de réagir à cette présentation, soulignant la fragilité de la situation des éleveurs laitiers face aux industriels. « On le voit dans les négociations des contrats d’achat du lait, avec le groupe Lactalis qui fait du chantage aux volumes… », tandis que dans le département du Jura, c’est l’avenir de la collecte du groupe Danone qui fait peser une épée de Damoclès sur l’avenir de nombreux producteurs.

Endiguer les pertes en grandes cultures
En Grandes cultures, François Massuard a décrit une situation de retour à la normale. « En 2016, la chute du produit total avait été un peu atténuée par des prix de vente soutenus et les indemnités de récolte, mais l’EBE ne permettait pas de rembourser les engagements financiers et les situations de trésorerie se dégradaient fortement, avec un résultat courant négatif. En 2017, les rendements proches des records de 2015 coïncident malheureusement avec une récolte mondiale abondante et des prix de vente bas. Le produit, à 1 430 €/ha, reste donc en retrait par rapport à la moyenne. » Reste que la baisse des charges s’est poursuivie, notamment sur le poste engrais (-22%). Au final l’EBE s’établit à 56 000 €/UTAF « c’est le plus élevé des cinq dernières années, il permettra d’endiguer les pertes de trésorerie sans combler les déficits accumulés. » Les pistes évoquées pour préparer l’avenir sont celles d’une gestion plus rigoureuse de la trésorerie, du potentiel agronomique des parcelles cultivées, des risques climatiques (via l’assurance récolte par exemple) et des charges de mécanisation, en envisageant par exemple la mutualisation de certains moyens de production. « Une moissonneuse qui passe l’année dans le hangar pour 60 ha, je ne suis pas sûr que ce soit pertinent… » Enfin c’est Luc Louis qui a conclu cette présentation avec le portrait des producteurs de lait AOP du massif jurassien : 111 ha de SAU en moyenne, 1,9 UTH pour 339 000 litres de lait vendu. « C’est une nouvelle belle année, avec un EBE stable à 55 000 €/UTAF, porté par le prix du lait… mais la hausse des investissements annule les effets de l’augmentation du prix du lait ! La forte hausse des amortissements, une tendance lourde depuis cinq ans, est à surveiller. »

Alexandre Coronel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.