Krattinger_Chalmin

Conférence agricole / La rencontre annuelle entre le conseil départemental et la chambre d’agriculture s’est tenue le 15 novembre. Un partenariat essentiel en temps de crise qui doit se poursuivre, les initiatives locales étant souvent plus efficaces que les plans d’envergure nationale.

Une fois par an, le conseil départemental fait le point avec les élus de la chambre d’agriculture sur l’actualité agricole et les actions de développement ou de soutien menées conjointement. Cette année, c’est en pleine crise que s’est tenue la séance, à Vesoul le 15 novembre. Le tableau dressé par le directeur de la chambre est connu de tous : céréales, bovin lait, bovin viande : personne ne s’en sort. Quant aux mesures prises, elles ne portent pas toutes leurs fruits. « L’année blanche devait être prise en charge à un tiers par les exploitants, le reste par les banques et l’État, illustre le président de chambre Thierry Chalmin. Mais l’État finalement a exclu du dispositif les prêts “modulables” ; ce sont donc deux tiers pour les exploitants. » Même amertume pour la prise en charge de la taxe foncière, arrachée au forceps sur les prairies par la profession agricole (elle ne devait s’appliquer qu’aux terres labourables), et finalement parfois pas applicable, du fait d’un système fiscal « obsolète ».

La loi NOTRe et l’ultra libéralisme
S’il est des situations où l’action de l’État vient améliorer le fonctionnement des politiques locales, ce n’est visiblement pas le cas avec la loi « NOTRe » (Nouvelle Organisation Territoriale de la République), promulguée en août 2015. C’est en tout cas ce qui ressort des constats croisés de Thierry Chalmin, et d’Yves Krattinger, président du conseil départemental. « La solidarité du conseil départemental s’est exprimée même quand d’autres n’étaient pas à nos côtés, a commencé Thierry Chalmin. Ce partenariat pourrait se reconduire ». Las, la législation s’est durcie et ce qui était à la portée des anciens conseils généraux n’est pas forcément du ressort des conseils départementaux. Ainsi en va-t-il des aides directes aux JA, que le département concédait habituellement (il était un des deux seuls en France à le faire). « Il faut que les jeunes continuent à se sentir soutenus », souligne pourtant Gérald Pichot le président des JA, qui prévoit seulement 31 installations en 2016. Pour Yves Krattinger, la loi NOTRe (qu’il prononce « notré » pour ne pas laisser croire qu’il se l’approprie) « va à l’envers de ce qu’il faut faire sur des sujets comme ça ». « C’est l’ultra libéralisme qui l’emporte partout », regrette-t-il. Sur l’économie laitière, alors qu’Emmanuel Aebischer rappelle le besoin urgent de régulation pour « éviter de tomber dans la même situation que le porc », le président Krattinger ne peut que constater le manque d’ambition de Buxelles : « Certains veulent un marché complètement ouvert, Junker et Barroso ont montré l’exemple. Comment voulez-vous que ces gens-là fassent une politique de régulation ? »

Approvisionnement de proximité : ne pas tuer le système
D’autres sujets agricoles ont trouvé leurs analogies dans la vie politique locale. Philippe Auger a ainsi regretté la sur-valorisation des mouvements « anti-viande », dont l’espace médiatique est inversement proportionnel à la présence dans la population. Un phénomène connu en local, où la presse cherche le sensationnel au lieu de l’information (1). La profession agricole a pourtant besoin du soutien de ses élus locaux. Les deux dossiers du moment, rappelés par Sylvain Crucerey, sont là pour le démontrer. La redéfinition de la zone défavorisée simple, d’une part, et l’élargissement de la zone vulnérable d’autre part sont autant de sujets qui ne se suffiront pas du travail technique mené à la chambre ou à la DDT, mais qui nécessiteront des appuis politiques. Message reçu. Beaucoup d’incertitudes donc. Une des actions qui ne connaît pas de ralentissement, et qui est d’ailleurs bien une initiative locale, c’est l’approvisionnement « bio et local » des collèges du département (c’est légalement le conseil général qui assure la restauration scolaire au collège). Depuis le lancement il y a 2 ans, le système fonctionne bien, avec 55 producteurs inscrits, dont une vingtaine qui fait l’objet de commandes régulières. Attention cependant à ne pas « tuer le système » en faisant passer les commandes en direct, prévient Yves Krattinger. La législation des commandes publiques est sévère, et si Bercy vient à apprendre que les appels d’offres ne passent pas par la plate-forme agréée par le ministère, c’est la fin d’Agrilocal.

LD

(1) Voir à ce sujet la politique mise en place à l’été 2014 à la rédaction de la BBC pour contenir ce biais d’information dans le domaine scientifique.

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