Rentrée de l’enseignement agricole 2016 / Elus, responsables professionnels et enseignants de la grande région étaient réunis le 27 septembre dernier sur la ferme pédagogique de l’EPLEFPA de Vesoul à l’occasion d’une rentrée sous le signe de l’agro-équipement, fer de lance de l’établissement haut-saônois.
De la refonte des régions administratives découle une réorganisation de l’enseignement agricole à l’échelle de la grande Région. Malgré un contexte de crise économique agricole, présent dans tous les esprits, cette rentrée 2016 a mis en valeur la qualité du réseau des établissements scolaires agricoles en Bourgogne – Franche-Comté. « C’est l’augmentation du niveau de formation des agriculteurs et de leurs partenaires de l’amont et de l’aval qui permettra à l’agriculture de relever le défi de la triple performance, a insisté Michel Renevier, président du conseil d’administration de l’EPLEFPA et vice-président de la chambre régionale d’agriculture, dans son discours introductif : en particulier le domaine de l’agro-équipement, qui est enseigné ici, est un levier très fort pour améliorer la précision et réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. »
Un secteur d’avenir
Vincent Favrichon, directeur régional de l’agriculture et de la forêt, « recteur vert » de l’enseignement agricole, a souligné pour sa part la qualité pédagogique de cette branche, dont les bons résultats aux examens nationaux témoignent (lire encadré). « Nos missions sont facilitées par les partenariats forts qui nous unissent avec les professionnels, la collectivité territoriale, le rectorat et la direction régionale des affaires culturelles ». Hubert Martin, chef du SRFD (service régional de la formation et du développement) s’est pour sa part attaché à rappeler les cinq missions dévolues à l’enseignement agricole, après avoir présenté la nouvelle carte scolaire « des établissements qui maillent la région ». « Avec plus de 11 000 élèves et étudiants, l’enseignement agricole public régional occupe la quatrième place sur le plan national. »
L’établissement hôte de cette conférence agricole de rentrée constituait un excellent support pour le thème choisi cette année, celui de l’agro-équipement. Comme l’a rappelé M. Matrat, directeur de l’EPLEFPA « nous accueillons chaque année près de 300 jeunes et adultes pour des formations du niveau V au niveau II qui préparent aux métiers de l’agroéquipement et de la maintenance des matériels. » Cet éventail de formations bénéficie d’un hall agroéquipement spacieux (3 200 m²) et d’une plateforme technologie A2D (agroéquipements et agriculture durable) où sont mis au point des matériels agricoles en partenariat avec des constructeurs.
Michel Monsel, de l’APRODEMA (Association Professionnelle de Développement de l’Enseignement du Machinisme Agricole et des Agroéquipements) était justement là pour brosser un rapide tableau de ce secteur d’activité. « A partir de la révolution industrielle, les outils et les machines utilisés en agriculture ont évolué, avec quelques innovations majeures, tels que l’attelage à trois points ou la prise de force… et aujourd’hui nous sommes entrés dans l’ère de l’agriculture numérique, avec des capteurs, des machines connectées ! En termes économiques, c’est un secteur qui pèse lourd, 108 milliards d’euros à l’échelle mondiale, dont 36 % dans l’UE, et 33 % en Asie : c’est le point de passage obligé d’une agriculture productive. En France, nous comptons environ 600 entreprises, pour 17 000 emplois. »
Des besoins non-pourvus
Céline Perraudin, de l’ASDM (Association des Syndicats de la Distribution et de la Maintenance des matériels) a souligné de son côté le différentiel entre les besoins de ce secteur en pleine croissance (35 % des entreprises recrutent) et le nombre de diplômés disponibles chaque année. « On estime à 1 600 le nombre de postes de techniciens non-pourvus chaque année. » Pour rendre plus attractifs ces métiers et attirer davantage de jeunes, l’association s’implique notamment dans les olympiades des métiers.
Réunis autour d’une table ronde, Hervé Gérard-Biard (directeur division tracteur chez Kubota), Michel Weber (ancien élève de l’EPLEPA de Vesoul et responsable commercial chez New-Holland), Jean-Jacques Quivogne (président du groupe Quivogne) et Didier Storz (Distagri) ont corroboré les informations au sujet d’une part du dynamisme du secteur de l’agroéquipement, et d’autre part de la qualité de l’enseignement dispensé dans les établissements agricoles, en particulier celui de Vesoul. « J’avais des a priori, a reconnu Jean-Jacques Quivogne, mais j’ai rencontré ici des passionnés, des gens qui avaient des étincelles dans les yeux, aussi bien parmi les profs que les élèves ! » « C’est un secteur qui offre de belles possibilités de carrières, en France comme à l’international, car une bonne partie des activités passe par l’exportation. Mais la maîtrise de l’anglais, qui est la langue des affaires, est désormais un pré-requis », a détaillé pour sa part Hervé Gérard-Biard, dont le groupe construit actuellement une usine de fabrication de tracteurs du côté de Dunkerque.
AC