Colza d’hiver / L’absence ou le manque de pluie de la mi-août jusqu’à début septembre perturbe les semis et les levées des colzas. L’analyse des données pluri-annuelles montre que pour atteindre le stade 8 feuilles au 1er décembre, la situation ne deviendrait préoccupante qu’à la fin du mois.
La situation actuelle sur les secteurs Nord et Est du pays est hétérogène. Certaines parcelles ont pu bénéficier d’une humidité suffisante ou, récemment, de précipitations permettant la germination et la levée des colzas. D’autres continuent de souffrir du manque d’eau avec des semis retardés et des levées qui ne sont pas encore engagées.
1er octobre : une limite statistique
En se reportant aux études analysant le nombre de feuilles théoriques à atteindre en début d’hiver pour ne pas pénaliser le rendement, on constate que les levées au-delà du 1er octobre (semis sur la dernière semaine de septembre) sont plus exposées car le stade 8 feuilles risque de ne pas être atteint pour passer raisonnablement l’hiver. Pour la levée des colzas, le 1er octobre semble donc une limite statistique à ne pas dépasser. Pour passer l’hiver avec un minimum de sécurité, le colza doit avoir atteint entre 6 à 8 feuilles. Ceci correspond à un développement au collet suffisant pour résister à -15°C voire plus si couverture neigeuse. Pour cela, il faut avoir suffisamment de températures cumulées depuis la levée jusqu’à l’entrée de l’hiver (artificiellement fixée au 01/12 dans cette étude) pour sortir 6 à 8 feuilles.
Rien n’est perdu !
Si les semis ont déjà été réalisés mais tardent à lever, la situation ne deviendra préoccupante qu’à la fin du mois de septembre. En attendant, ne pas se précipiter pour retourner la parcelle car il reste plus de 3 semaines pour que la levée se mette en place sans compromettre le rendement. Pour les colzas non semés, la date du 20 septembre semble être une limite pour semer même en conditions fraîches. Toutefois, il est conseillé de semer dès que possible même dans le sec et d’attendre la levée du colza, car en tardant à semer on peut s’exposer à de mauvaises conditions de passage.
Un suivi plus attentif
Dans tous les cas, même si elles ne compromettent pas le rendement, les levées tardives augmentent le risque grosse altise adulte (stades jeunes lors des vols) et larves (biomasse plus faible) ainsi que le risque limaces. Il est donc conseillé de suivre encore plus attentivement ces colzas ainsi que de soigner le désherbage.
Avec les conditions peu pluvieuses, on observe des parcelles avec des levées faibles et irrégulières à ce jour. Les peuplements peuvent donc être limitants. Toutefois, si à ce jour vous disposez d’un peuplement régulier compris entre 10 et 15 plantes, il est inutile de resemer car le potentiel de votre culture est quasiment intact. Ceci est d’autant plus vrai que les plantes en place ont levé tôt et vont profiter de l’automne pour s’étoffer et atteindre des biomasses importantes. Attention de ne pas se précipiter en sous-estimant le peuplement en place. Le colza a une croissance lente durant les premières semaines de végétation qui peut conduire à des erreurs d’appréciation du type « mon colza ne pousse pas ».
Si vous êtes en dessous de 10 plantes/m² vous pouvez envisager de resemer uniquement si vous constatez que les graines qui ont germées sont mortes par dessèchement.
Quelles précautions ?
En cas de re-semis ou de sur-semis, quelques précautions s’imposent : d’abord celle de conserver la densité de semis initiale : attention à ne pas semer plus dense ! Si vous laissez les plantes levées précocement en place, ajustez votre dose de semis pour les prendre en compte.
En second lieu, favoriser la levée et choisir des variétés très vigoureuses. Sans oublier de choisir des variétés TPS phoma : la période de levée et la sortie des premières feuilles (colza très vulnérable jusqu’à 3-4 feuilles) correspondent au vol d’ascospores de phoma (souvent première quinzaine d’octobre). Enfin, semer dans le frais ou si la pluie est annoncée rapidement après les semis. Si possible, utiliser un semoir de précision pour rappuyer le semis.
A.Baillet – D.de Fornel – Terres Inovia