Abattoir_Inauguration

Élevage / Après 8 années de réflexions et d’investissements pour sauver l’abattoir de Luxeuil, le nouvel outil est enfin opérationnel. L’inauguration a eu lieu samedi 16 avril dans des installations modernes et aux normes. Une arme pour résister à la crise.

C’est un épilogue heureux à des années d’incertitude sur le devenir des abattoirs. En 2007, la France comptait 165 abattoirs de classement sanitaire de niveau I et II (conformes pour l’agrément UE) et 125 abattoirs de niveau III et IV (non conformes). Huit ans plus tard, on recensait 250 abattoirs de niveau I et II, et pratiquement aucun non conforme. Luxeuil fait donc bien partie des abattoirs qui ont réussi le tour de force de la mise aux normes, l’alternative étant… la disparition.

Prospection pour la pérennité
La volonté des éleveurs et des abatteurs a donc été la plus forte. À l’époque, l’appui du député-maire de Luxeuil Michel Raison, puis le soutien du conseil départemental auront eu raison du risque de désertification de la Haute-Saône, et encore une fois d’externalisation des services aux éleveurs. La région voyait en effet d’un meilleur œil un schéma centralisé autour de Besançon. Après des années de fonctionnement dérogatoire délivré par les préfets successifs (grâce aux conditions d’hygiène irréprochables), et plus d’un an et demi de travaux, l’outil est opérationnel. Tour de force : l’abattoir n’aura fermé que 3 semaines, à la mi-2015. Les travaux auront nécessité un investissement de 2,7 millions d’euros, dont le remboursement sera étalé sur une quinzaine d’années.
Un des objectifs mené par la SAVS (société d’abattage des Vosges Saônoises) dont le président est Laurent Jechoux, éleveur à Fougerolles, est donc de consolider l’approvisionnement et de trouver de nouveaux clients. Des pourparlers sont en cours avec la grande distribution, qui globalement en France cherche à valoriser son image avec des achats locaux. Auchan Luxeuil pourrait s’engager sur plusieurs génisses par semaine en race limousine ou charolaise. Des réflexions sont également en cours pour valoriser les réformes du secteur, qui à ce jour sont captées par des abatteurs hors-département. Le consommateur français est pourtant friand de beefsteak haché, c’est-à-dire justement de réforme laitière.

La proximité aussi pour le bien-être
L’actualité nationale autour du bien-être animal reste bien entendu dans la préoccupation de tous les abatteurs du pays. Là encore l’abattoir de proximité a sa carte à jouer. « Nous n’avons jamais eu de souci avec le bien-être animal, souligne Laurent Jechoux, notamment parce que la plupart des animaux que nous abattons sont amenés directement par les éleveurs. Je verrais mal un de nos salariés brutaliser une bête devant celui qui les a fait grandir. » Même opinion chez la nouvelle directrice, Nathalie Galmiche : « Nous avons 3 agents RPA [responsable de la protection animale], donc même en cas d’absence, au moins un est présent sur les lignes. C’est inadmissible de voir ce que l’on a vu sur les images. Ici, j’aime autant qu’on perde du temps ; mais quand on travaille avec des animaux, il faut être réglo. » Les services de l’État qui ont déjà fait 2 inspections à Luxeuil depuis les scandales n’ont d’ailleurs rien trouvé à redire, et là encore la proximité est sans doute un atout pour Luxeuil.
Avec la nouvelle zone d’attente, l’environnement qui était déjà un facteur d’apaisement (l’abattoir est reconnu pour la qualité de sa viande, indice du calme dans les murs) va encore s’améliorer : « Il y a au plus quelques heures d’attente, et plus aucun contact avec les opérateurs, facteur éventuel de stress. » Moins de stress, moins de bruit également avec la nouvelle chaîne… Le nouvel abattoir de Luxeuil va faire figure de bon élève après avoir failli fermer faute de modernité. Une victoire pour les territoires, et une victoire de la volonté collective sur le défaitisme.

LD

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