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Alimentation du troupeau laitier / La bonne valorisation de l’herbe automnale constitue un puissant levier d’économie à l’échelle des exploitations laitière, en particulier dans un contexte de bilan fourrager mis à mal par la sécheresse, et face à des incertitudes relatives au prix du lait cet hiver.

Pour diminuer la dépendance aux protéines achetées, il est indispensable de valoriser toute l’herbe disponible. « L’herbe pâturée est à mettre au menu des vaches le plus longtemps possible à l’automne. Quand la portance des sols et la pluviométrie le permettent, les parcelles accessibles doivent être utilisées avant la rentrée définitive à l’étable pour l’hiver. Faire pâturer à temps partiel (journée seulement) permet aussi des économies sans risque d’excès d’azote soluble. », expose Benoît Rouillé, de l’Institut de l’élevage. De fait, l’herbe d’automne présente de très bonnes valeurs alimentaires, 1 UFL, 110 g PDIN et 90 g PDIE par kilo de matière sèche pour les graminées pures, et 1 UFL, 130 g PDIN et 100 g PDIE pour un mélange graminées-légumineuses. Des valeurs à mettre en parallèles avec celles d’un ensilage de maïs titre (0,9 UFL, 45 g PDIN et 65 g PDIE).

22 à 25 kg de lait permis
La maximisation du pâturage avec une bonne herbe feuillue d’automne peut permettre des productions comprises entre 22 et 25 kg de lait/jour, quand la vache ne consomme que de l’herbe de qualité (16 à 18 kg MS ingérés/VL/j). Concrètement, 1 kg MS d’herbe ingérée entraîne une économie de 250 à 350 g de tourteau de soja. L’ingestion de 4 kg MS d’herbe par jour permet donc de se passer d’environ 1 kg de correcteur azoté.

Économie de correcteur azoté
Des repères existent pour valoriser au mieux la prairie à l’automne : entrer dans une parcelle à 10-12 cm de hauteur d’herbe et surtout avoir pour objectif principal d’en sortir à 5-6 cm. Naturellement, cette période constitue une transition entre le pâturage et la ration « hivernale » et elle doit répondre à des recommandations pour éviter de trop perturber le rumen. Selon la quantité de fourrage distribuée, la transition peut durer de 5 à 10 jours. Quand l’ensilage de maïs apporté représente moins de 25 % de la ration, il n’est pas nécessaire d’apporter du correcteur azoté. Au-delà, un apport peut être nécessaire, à hauteur de 200 g de tourteau de colza par kg MS d’ensilage de maïs distribué.
En conditions de pâturage normales à libérales (herbe à volonté), l’apport de concentré énergétique a une efficacité faible. Sa distribution doit donc se faire de façon modérée afin de limiter le coût alimentaire. Dans le cas d’une gestion du pâturage plus sévère, le concentré a une efficacité supérieure : en moyenne, proche de 1 kg de lait par kg de concentré consommé. Sur le plan pratique, pour bien valoriser le pâturage d’automne, plusieurs leviers sont disponibles. « Pour favoriser l’ingestion, l’éleveur peut habituer les animaux à ne sortir que quelques heures après la traite du matin. Les vaches peuvent donc s’adapter à un temps d’accès restreint au pâturage sous réserve de réaliser ce type de conduite sur plusieurs jours consécutifs. », poursuit le spécialiste. « Pour bien valoriser le pâturage, l’éleveur doit apporter le fourrage complémentaire à l’auge le soir, ne rien apporter avant la sortie au pâturage, rentrer le troupeau à l’étable la nuit à partir d’octobre si les conditions sont trop froides, prolonger le pâturage jusqu’en novembre si la portance le permet. » Deux approches peuvent être efficaces pour limiter l’apport de concentrés. La première consiste à viser un niveau azoté de 95 à 100 g PDI/UFL. Il s’agit en effet du meilleur compromis entre les niveaux azoté et énergétique de la ration. Cet équilibre permet une bonne valorisation des fourrages, notamment lorsque la ration est riche en ensilage de maïs. C’est également autour de ces valeurs que l’ingestion atteint son maximum (entre 20 et 25 kg MS/VL/j), si la ration est distribuée à volonté (5 % de refus consommables). Passer de 110 à 100 g PDI/UFL permet d’économiser 1,4 kg de tourteau de soja ou 2,2 kg de tourteau de colza par vache et par jour. La baisse de production associée est limitée à 0,9 kg de lait par vache et à 0,3 g de TP. Cette pratique est économiquement intéressante quand le prix des correcteurs azotés est élevé. On pourra même réduire la concentration azotée à 90-95 g PDI/UFL si le cheptel et les fourrages ne sont pas limitants pour finir de réaliser son quota en économisant fortement sur le correcteur (- 0,5 à – 1 kg de correcteur/vache/jour par rapport à une ration à 100 g de PDI/UFL).

Limiter les concentrés
La seconde approche consiste à limiter l’apport de concentré de production dans la ration collective. Cette stratégie permet de maintenir l’ingestion de fourrages en ration semi-complète. Le concentré de production distribué en plus de la ration collective a un rendement marginal modéré, en particulier parce que l’ingestion de fourrage diminue (- 0,5 kg MS de fourrage/kg de concentré). En pratique, ce rendement est de + 0,7 à + 0,9 kg de lait/kg de concentré supplémentaire. Ce rendement dépend toutefois du niveau d’apport initial de concentré et du type de ration (voir tableau).

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