Conduite de chantier / Suite à un diagnostic au champ, certaines parcelles doivent être récoltées rapidement, alors que les plantes présentent des caractéristiques « anormales » : feuilles desséchées, peu de grains… Dans ces cas particuliers, quelles sont les recommandations à prendre en compte pour assurer la réussite de son ensilage ?
S’il y a plusieurs parcelles à ensiler, et si c’est possible, il est préférable de commencer par la parcelle dont la teneur en matière sèche des plantes paraît la plus élevée. Ce fourrage sera ainsi situé dans la couche basse du silo.
L’objectif est double :
• si le fourrage issu de cette parcelle est sec (>40 % MS), il peut s’avérer difficile à tasser. Il est intéressant de le « lester » en le recouvrant par du fourrage plus humide issu des autres parcelles.
• si la teneur en matière sèche (MS) des autres parcelles est inférieure à 25-26 %, du jus risque de s’écouler du silo. Disposer un aliment ou un fourrage plus sec (foin, paille, maïs 2014…) dans la partie basse peut permettre de récupérer ces jus, afin d’éviter la perte de nutriment et de matière issus de l’ensilage.
Apprécier la teneur en matière sèche du fourrage
Devant l’hétérogénéité des teneurs en MS intra- et inter-parcelles, il sera nécessaire d’apprécier la teneur en matière sèche le jour J. Pour ce faire, il faudra attendre le détourage complet de chaque parcelle par l’ensileuse (les tours de champ n’étant généralement pas représentatifs du cœur de la parcelle). L’estimation de la teneur en MS se fera lors du dépôt de la première benne représentative de la parcelle.
Dans les situations où les plantes de maïs sont à des stades précoces (floraison, début de remplissage, voire même avant), le fourrage ressemble davantage à un ensilage de graminées prairiales qu’à un ensilage de maïs tel qu’on a l’habitude de le rencontrer (absence d’amidon). L’appréciation de la MS du fourrage peut donc se faire par la méthode manuelle telle que pratiquée pour l’ensilage de graminée.
Régler son ensileuse
Attention, les grosses particules de fourrage (ø > 15 – 20 mm) empêchent de chasser correctement l’air du fourrage. Des feuilles desséchées peuvent ne pas être bien coupées par l’ensileuse comme cela peut être le cas des feuilles du bas de plantes ou des spathes en année normale. Des couteaux d’ensileuse bien affûtés sont une fois de plus gage d’un travail de qualité.
Confectionner son silo
Si la teneur en matière sèche du maïs est élevée, c’est-à-dire supérieure à 35-40 % MS, il est nécessaire de tasser fortement chacune des fines couches de fourrage lors de la confection du silo. Dans ces situations, la finesse de hachage sera primordiale et devra se situer à environ 8-10 mm. Ceci facilitera le tassement et permettra ainsi une bonne conservation ainsi qu’une diminution du risque d’échauffement lors de la reprise du fourrage. En deçà de 25 % de MS, les risques d’écoulement de jus au silo sont importants, et ce d’autant plus que le silo confectionné est haut. Le jus contient des nutriments et des minéraux ; leur perte diminue d’autant la valeur alimentaire du fourrage ensilé. Il peut être intéressant de disposer un fourrage plus sec dans les basses couches afin de récupérer ces jus (ensilage de maïs 2014 sec, ensilage herbe 2015 sec, paille…) Attention : comme pour un chantier d’ensilage classique, étaler et tasser successivement le fourrage en couches fines de 10 à 15 cm.
ARVALIS – Institut du végétal