Sécheresse estivale / Les conséquences de la sécheresse sont bien tangibles et imposent d’élaborer une stratégie pour continuer à produire du lait de manière économiquement rentable.
A l’échelle de la Franche-Comté, la situation fourragère de cette année 2015 est assez homogène : la sécheresse frappe de manière importante la quasi-totalité de la région, et les pluies de la dernière décade de juin n’ont apporté qu’un bref répit. « Depuis la semaine dernière, observe Honorine Adam de Conseil Élevage, données du contrôle laitier à l’appui, on a un net décrochement de la production laitière, et en particulier du taux protéique (-0,8 point), ce qui s’explique par la conjonction de l’arrêt de la pousse de l’herbe et des températures élevées : la chaleur coupe l’appétit des animaux et la nuit, elles ne trouvent plus grand chose à se mettre sous la dent. » Du coup le potentiel de production s’érode fortement. « En Haute-Saône, on est passé de 7 900 kg/lactation début mai en moyenne dans les élevages contrôlés à 7 200 à ce jour. » Même les contreforts des Vosges et les montagnes du Jura ne sont pas épargnées par le phénomène de l’arrêt de la pousse de l’herbe et des pâtures ”grillées” (lire à ce sujet la météo de l’herbe). L’appréciation individuelle de la situation revient à chaque chef d’exploitation, et passe forcément par un bilan fourrager qui permettra d’évaluer l’ampleur de la pénurie et de prendre les meilleures décisions. « La difficulté réside dans les incertitudes concernant l’offre fourragère des mois à venir : rendement de l’ensilage de maïs, repousse de l’herbe sur l’été et l’automne. Il faudra donc actualiser régulièrement ce bilan. » Autre élément à apprécier, celui de l’intérêt économique de la production de lait d’été, compte-tenu de l’avancement des livraisons et des niveaux de valorisation du lait.
Tarissement, réformes, rationnement
Il faut donc trouver des solutions pour pallier au manque de fourrage ”sur pied”, tout en limitant les coûts, et sans hypothéquer la fin de campagne. « Certains éleveurs sont déjà passés en ration hivernale, et ont commencé à distribuer le foin récolté cette année, poursuit la conseillère. C’est un choix qui peut être payant, mais ça reste un pari sur la durée de l’hiver prochain. » Autre piste d’ajustement possible, la voie du tarissement anticipé, voire des réformes ou encore de la vente d’animaux en production. « Le tarissement anticipé, notamment de vaches qui présentent des taux cellulaires élevés, peut être un levier intéressant pour réduire les quantités de concentré distribuées, tout en améliorant la qualité sanitaire du lait. C’est d’autant plus possible que le mois moyen de production est autour de 7,5 » Pour ce qui est des réformes ou de la vente, tout dépend bien entendu des objectifs de chacun. Une autre voie possible consiste à réduire volontairement la densité protéique de la ration. « Plutôt que de viser les 100 PDI, on peut accepter de descendre à 90, ce qui permet de réduire le coût alimentaire. » Pratiquement, cela peut passer par l’incorporation de fibres pauvres dans la ration mélangée, comme de la paille d’orge par exemple, abondante et saine cette année, et d’ainsi bien encombrer le rumen. « Il faudra veiller à apporter des sucres fermentescibles et de l’azote soluble, ainsi que des aliments liquides dans la ration. » L’incorporation de coproduits, qui n’équivaudront jamais un véritable fourrage, peut être une solution provisoirement utile. « Il est alors important de bien faire les comptes et de calculer le prix de revient de l’UF et de la MAT pour pouvoir comparer ces aliments entre eux et avec des aliments traditionnels. »
Alexandre Coronel
Sécheresse : la FDSEA mobilisée
Compte tenu de l’impact économique très fort de la sécheresse dans les élevages – et les incertitudes concernant le maïs fourrage, le président de la FDSEA, Sylvain Crucerey a pris l’initiative d’un tour de plaine avec la DDT le 21 juillet prochain. Le président de la FDSEA a également contacté les deux coopératives Interval et Terre Comtoise afin de les inciter à instaurer un prix-sécheresse pour l’aliment du bétail.