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Manifestation / La mobilisation des éleveurs a fait la une de la presse nationale, à la hauteur de la détresse de la profession. Mercredi, le Gouvernement a annoncé une série de mesures pour « sauver l’élevage « . Des mesurettes pour les agriculteurs qui poursuivaient les actions syndicales en Haute-Saône et ailleurs, avec une très forte mobilisation mercredi soir à Vesoul.

Le rapport du médiateur des relations agricoles, Francis Amand, a été remis mardi 21 juillet au ministre de l’agriculture. Les noms des « tricheurs » ne sera finalement pas rendu public, mais des tricheurs, il y en a bien. Les engagements pris en juin n’ont pas été respectés : pour la viande bovine, « les objectifs étaient normalement annoncés à 20 centimes [d’augmentation] », a lancé le ministre, or on est arrivé « à la moitié, soit environ 10 centimes ». Étrange pour un engagement qui, le 17 juin, évoquait « une revalorisation des prix de 5 centimes par semaine, renouvelée chaque semaine pour arriver à couvrir les coûts de revient qui sont en moyenne de 4,50 €/kg ». L’aval de la filière aura joué le jeu pendant 2 semaines… Quant au lait, les prix du premier semestre tirés vers le bas par les deux principaux collecteurs du département ont mis les nerfs à vif.

En quelques heures, 300 manifestants réunis
Les éleveurs haut-saônois sont comme leurs collègues de Normandie et de Bretagne particulièrement exaspérés par l’absence de volonté de la filière de procéder à une juste répartition de la valeur ajoutée et du risque. Dès la semaine passée, ils ont donc rencontré les principaux collecteurs de lait du département (voir page de gauche) pour ne recevoir que peu de compréhension voir un mépris à peine masqué. La FDSEA et la FDPL ayant organisé un conseil d’administration extraordinaire lundi soir, s’en sont suivies deux actions : le détournement et le vidage d’un camion de lait Lactalis à Loulans dès lundi, l’immobilisation d’un autre à Mont de Saulx près de Melisey (pneus dégonflés). Mercredi 22 au soir, le réseau syndical envoyait le mot d’ordre à 17h : RDV sur le rond-point du lac à l’entrée de Vesoul. En quelques heures, près de 80 tracteurs et probablement plus de 300 manifestants se sont réunis. Barrage filtrants mis en place, les automobilistes sont pour beaucoup compréhensifs. Un camion choisit même de rester pour bloquer l’accès avec les tracteurs : « Je suis avec vous ! » Un tract est distribué, listant quelques fortunes françaises de la grande distribution et de l’industrie laitière : Auchan, Cora, Leclerc, Bongrain, Lactalis, Bel… « C’est pour vous expliquer pourquoi on touche le même prix depuis 30 ans, et vous, consommateurs, payez plus cher ! »

Les produits Lactalis et Sodiaal distribués aux automobilistes
Les camions frigorifiques sont inspectés. Par hasard, un camion de lactosérum qui se rendait à Port-sur-Saône (Eurosérum) passe dans le barrage. Symboliquement, une partie est vidée, le camion immobilisé. Plus tard, c’est un frigorifique qui passe. Les produits Président (Lactalis) et Yoplait (Sodiaal) sont distribués aux automobilistes. Vers 21h, les leaders syndicaux, prennent la parole. « On nous annonce un prix du lait à 310 €. Il nous faut au moins 340 € pour ne pas produire à perte ! » soutient Emmanuel Aebischer.
Pendant ce temps c’est un camion de collecte de Sodiaal qui est détourné à Montjustin. Les éleveurs quittent le rond-point, 2 gigantesques brasiers en son centre attestant de leur passage. Direction Cora, « un de ceux qui ont porté plainte après la dernière action syndicale », explique Sylvain Crucerey. Le lait est vidé sur le parking du magasin, un peu de paille et de lisier y est mêlé. D’autres éleveurs chargent les caddies dans une benne. Pendant ce temps, du lisier et du fumier sont déversés devant Super U. Une heure plus tard, le groupe se transfère à la préfecture, et les chariots sont déchargés en vrac. À l’État de prendre ses responsabilités : s’il ne joue pas son rôle d’arbitre, c’est la loi du plus fort qui gagnera. « Un éleveur se lève le matin, va au travail, et le soir il aura perdu de l’argent, a déclaré mercredi Guillaume Garrot, ancien ministre délégué chargé de l’agroalimentaire. C’est à ça qu’il faut mettre fin. » On attend les actes.

LD

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