Maïs ensilage / Face à des situations de cultures de maïs en stress hydrique et thermique, il convient de bien évaluer l’état du peuplement (présence d’épis ou non, fécondation, dessèchement des pieds…) avant de prendre éventuellement la décision d’ensiler.
«La situation est extrêmement hétérogène, observe Emmanuel Glommeau, responsable nutrition animale à la coopérative Interval : cela va de maïs en train de sécher sur pied, qui n’ont pas fleuri, à des maïs encore bien verts et dont les épis sont bien fécondés, en passant par toutes les possibilités intermédiaires (épis mal fécondés et plantes en cours de dessèchement, plantes encore vertes et mal fécondés – souvent les semis les plus tardif. » Dans cette configuration, il importe donc de se faire une idée précise de la situation de chaque parcelle, avant toute prise de décision. « Ce matin même, l’agriculteur avec qui je suis allé sur le terrain a été surpris en pénétrant dans sa parcelle qu’il pensait grillée. A moins de 30 mètres de la bordure, les maïs n’étaient pas vilains du tout. Sur des maïs encore verts au-dessus de l’épi, on peut aller chercher encore quelques centaines de kilos de matière sèche à la faveur des orages annoncés ces jours-ci. »
Mêmes échos du côté de Florian Anselme, conseiller à Jura Conseil Élevage. « Pour l’ensilage, on ne peut pas donner de conseil sans voir les maïs, tellement la situation est variable d’un endroit à un autre. Ceux qui ont commencé à distribuer le maïs en vert, notamment les éleveurs de la zone AOP ont pu vérifier la faible valeur énergétique de ce fourrage, dont le principal intérêt – même si ce n’est pas de la paille – est la valeur d’encombrement. » Reste que les analyses effectuées la semaine dernière montrent des taux de matière sèche déjà élevés pour la saison : 19 % pour des maïs encore verts, 25 % pour ceux qui ont commencé à sécher sur pied.
De prévisibles difficultés de conservation
« Cela augure des difficultés de conservation, prévient Emmanuel Glommeau. En théorie, 6 % de sucres solubles suffisent à une acidification correcte du silo, mais ça ne sera pas évident quand même. Nous préconisons de privilégier une coupe un peu plus fine des brins, de manière à faciliter le tassement et avoir une anaérobie vraie. De même, l’utilisation de conservateurs de type ensilage d’herbe ou maïs fourrager doit être envisagée. »
En termes de rendement, cette campagne restera une année noire « il faudra compter 3 ha pour avoir les quantités qu’on avait sur 1 ha en 2014. C’est une donnée à prendre en compte, et j’incite tous les éleveurs a rapidement établir leur bilan fourrager de manière à pouvoir estimer les volumes d’achats éventuellement nécessaires – sachant que les prix vont vite monter – et à éventuellement réorienter leurs productions : sacrifier par exemple l’atelier d’engraissement de taurillons pour privilégier l’atelier lait. De même, ceux qui en ont la possibilité ont intérêt de réaliser plusieurs silos avec des qualités de maïs comparables, de manière à répartir au mieux cette ressource l’hiver prochain. »
Faire un bilan fourrager
Pour ce qui est de la qualité, il est encore trop tôt pour être précis. « Tout va se jouer sur le taux d’amidon, explique Florian Anselme. Et en arrière-plan sur le taux de fécondation des épis. Il est clair que des parcelles sans épis fécondés présenteront des valeurs énergétiques très faibles, et que l’efficacité d’un tel fourrage dans la ration sera également faible. Cela dit, dans une bonne partie des situations, on table sur des valeurs entre 0,8 et 0,9 UF, contre 0,9 à 1 UF habituellement, ce qui n’est pas catastrophique. La question se pose néanmoins des variétés initialement destinées à faire du maïs grain, dont les qualités de digestibilité et la capacité à fermenter sont moindres que les variétés ensilage, avec une proportion de cellulose supérieure : il serait peut être judicieux de commencer à ensiler ces variétés-là, dont la matière sèche évolue en général plus vite. »
AC