Haute-Saône Conseil Élevage / La conduite spécifique des génisses a été détaillée lors de 2 journées techniques au GAEC Saint Ajol à Saint Bresson et au GAEC la Pierre qui Vire à Chariez. Ces deux élevages ont permis d’illustrer diverses pratiques, comme le réaménagement d’une nurserie dans un bâtiment existant, avec allaitement au milkbar, ou encore la conduite des veaux sous igloos avec DAL.

Assurer le démarrage d’une génisse passe avant tout par la consommation de colostrum : le veau doit en ingérer 10 % de son poids dans les 24 premières heures de vie. Au-delà, le pouvoir immunisant du colostrum diminue fortement. Avant distribution, il est important de vérifier sa qualité, c’est-à-dire sa concentration en immunoglobulines, avec un pèse-colostrum ou un réfractomètre. En effet, elle peut varier en fonction de la conduite de la vache tarie, son rang de lactation…

2 phases distinctes pour assurer croissance et rentabilité

La phase 0 – 6 mois constitue la phase primordiale d’élevage pour le veau : tout retard de croissance durant cette période n’est jamais rattrapé. De plus, aucun risque d’engraissement n’est pressenti car cette phase permet de développer le squelette de l’animal et sa musculature. Pour cela, il convient d’adapter un plan d’allaitement pour que le veau atteigne 110 cm de tour de poitrine au moment du sevrage. Le plan d’allaitement peut être varié (lait entier, lait en poudre, DAL, yogourt, 1 ou 2 repas par jour), il suffit d’adapter la concentration du lait en fonction de la quantité et de la fréquence de distribution. Durant cette phase d’allaitement, le veau doit disposer d’eau propre et de fourrage à volonté. Les concentrés apportés également à volonté, doivent être consommés à hauteur de 2 kg au moment du sevrage, afin que les besoins du veau soient comblés même après arrêt du lait.
Jusqu’à 6 mois, le concentré est laissé à volonté (maximum 3 kg ingérés). Ses valeurs alimentaires doivent être de 18-19 de MAT et de 1 UFL. Avec un concentré fermier, ces valeurs sont atteintes en mélangeant 2/3 de maïs grain (entier avant sevrage, puis aplati après) et 1/3 de tourteau de soja. Afin de vérifier facilement si le veau atteint la croissance souhaitée, le repère en tour de poitrine à 6 mois doit être de 130 cm.

Choisir son âge au vêlage

C’est à partir de 6 mois que l’éleveur choisit sa stratégie d’âge au vêlage pour ses génisses : vêlage précoce ou vêlage tardif. L’objectif est d’adapter la conduite alimentaire afin d’atteindre le tour de poitrine de 173 cm minimum à l’insémination, sans graisser les génisses, ni les mamelles. En effet, c’est à cette période (la puberté) que le risque existe. quatre scénarios sont alors possibles en fonction du mois de naissance des génisses : vêlage précoce ou tardif pour celles nées au printemps et vêlage précoce ou tardif pour celles nées à l’automne. Pour les génisses d’automne, deux saisons de pâturage sont valorisables quel que soit l’âge au vêlage. Pour les vêlages tardifs (IA à 21 mois), l’insémination devra être réalisée au pâturage, ce qui nécessite un équipement de contention. En revanche, des économies de concentrés peuvent être réalisées les hivers en utilisant la croissance compensatrice liée à la mise à l’herbe. Si l’on compare ces deux stratégies, une quantité plus importante de concentrés est distribuée en vêlage précoce (+140 kg). Pour autant, 6 mois d’élevage sont gagnés (vêlage à 24 mois au lieu de 30 mois), sachant qu’un mois d’élevage supplémentaire a été évalué à 80 € par génisse en moyenne (CEL 25-90), soit 480 € par génisse pour les 6 mois.

Raisonner aussi selon l’accès au pâturage

Ces stratégies précoce et tardive doivent toutefois être mises en cohérence avec le système d’exploitation : quelle est la place disponible en bâtiment ? quelles sont les surfaces en herbe à valoriser ? quelle répartition des vêlages souhaitez-vous ?
Pour les génisses de printemps, le pâturage n’est valorisable qu’un seul été pour les vêlages précoces. De ce fait, l’écart sur la quantité d’aliments atteint +400 kg pour cette même stratégie. En effet, la croissance doit être assurée même au pâturage, avec maintien d’1kg d’aliment, et la croissance compensatrice n’est pas envisageable. Le pâturage peut en revanche être valorisé deux années de suite pour les génisses en vêlage tardif. Il permet d’atteindre une croissance moyenne de 700 g de GMQ, sans ajout d’aliment. Il est toutefois nécessaire d’adapter la surface au nombre de génisses : de 10 à 25 ares par génisse d’1 an et de 30 à 60 ares par génisse de 2 et 3 ans, évoluant du printemps à l’automne. Au niveau sanitaire, le pâturage entraine un risque de contaminations parasitaires : en 1re année de pâture, assurer un traitement systématique rémanent. La rentrée précoce des animaux limite également la contamination et favorise l’immunité. En 2e et 3e années de pâture, le traitement antiparasitaire n’est plus systématique. Dans les parcelles à risque ou à l’observation d’animaux infestés, réaliser des coprologies afin de cibler le traitement en fonction du parasite mis en évidence. La mesure des génisses donne donc des indications pour évaluer sa conduite d’élevage : Suis-je dans les normes au sevrage et à 6 mois ? Puis-je inséminer dès maintenant ? Autant de repères pour vous permettre de gérer l’alimentation des génisses et d’économiser aux bons moments, pour vous donner la possibilité de gagner des mois d’élevage, en inséminant des génisses plus précocement car elles atteignent le tour de poitrine référence.

L’équipe de techniciens Haute-Saône Conseil Élevage

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