Mise à l’herbe du troupeau laitier / Inutile d’attendre que l’herbe ne pousse pour lâcher les animaux : dès que les conditions de portance sont suffisantes, le “pré-pâturage” fait office de transition alimentaire, favorise les légumineuses et le tallage des graminées et permet un bain de soleil bénéfique aux laitières.
Les températures clémentes et le bon ensoleillement de la dernière décade ont permis aux sols de se ressuyer, et les premières sorties en extérieur des troupeaux laitiers… du moins dans les zones basses de la région. La mise à l’herbe précoce entre en effet progressivement dans les mœurs. Cette pratique permet aussi de déprimer les parcelles de fauche, ce qui permet d’augmenter l’herbe disponible en ce début de saison, mais aussi d’améliorer qualitativement le foin à venir (densité du couvert et décalage de la pousse des exploitations par fauche). Et ce n’est qu’un de ses nombreux avantages !
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Pour réussir sa saison de pâturage, il est primordial de sortir le bétail le plus tôt possible, dès que les conditions climatiques et de portance du sol le permettent. Cela permet en effet de concilier performances animales et productivité de la prairie dans le temps. Cela impose de respecter quelques règles qui ne sont pas toujours évidentes à mettre en œuvre, en fonction des conditions météo. Une erreur autrefois fréquente consistait à lâcher le bétail tardivement, par crainte de manquer d’herbe ou de voir le mauvais temps revenir en sortant les animaux trop tôt. Attendre que l’herbe soit suffisamment haute pour démarrer sa saison de pâturage aura cependant pour conséquence de se faire dépasser par la pousse lorsqu’elle sera explosive, d’entrer trop tardivement dans les parcelles suivantes et donc, de gaspiller l’herbe disponible par refus et piétinement. Une erreur d’exploitation de ce type se répercute sur toute la saison de pâturage, voire sur les suivantes. Ce pâturage précoce, qui est en fait un “pré-pâturage” à effectuer assez rapidement sur plusieurs parcelles, présente de nombreux avantages. Le premier est d’assurer une transition alimentaire avec la ration hivernale. L’herbe de printemps contient davantage de sucres solubles et de matières azotées qu’une ration hivernale, mais beaucoup moins de matières sèches. Sa bonne assimilation nécessite une adaptation de la flore de la panse des ruminants, ce qui prend environ trois semaines. « Dans un premier temps, on conserve le même type de ration à l’auge en diminuant simplement les quantités et l’on ne sort les vaches que quelques heures dans la journée. Petit à petit les vaches vont réguler leur absorption de matières sèches au profit des pousses fraîches qu’elles préfèrent. », explique Anne Blondel, experte alimentation au sein d’Ain et Saône et Loire Conseil Elevage. Second point positif : nettoyer les parcelles avant la pleine pousse (diverses feuilles et touffes de graminées qui ne sont pas encore trop dures pour être pâturées) et favoriser les légumineuses qui apprécient la lumière. Le pâturage précoce permet aussi la densification du gazon, grâce au tallage des graminées et améliore la qualité du fourrage en orientant la végétation vers des repousses plus courtes en tiges et plus feuillues.
Déprimage des parcelles de fauche
Concernant le calendrier d’exploitation, le déprimage des parcelles destinées à la fauche permet de décaler légèrement la date de première coupe sans conséquence sur le rendement, tout en optimisant la qualité du foin. La pousse de l’herbe pour la période de plein pâturage sera davantage étalée. Enfin, sur le plan économique, cette pratique permet de valoriser une herbe de bonne qualité et très digestible en réduisant la distribution de concentrés.