Dégâts de corvidés / Ce printemps, un nouveau système d’effarouchement des corvidés a été testé dans le secteur de Gray, dans le cadre d’un partenariat entre l’UGC des cinq massifs, l’ACCA d’Arc-lès-Gray et la FDGDON.

Le corbeau freux et la corneille noire sont les deux principales espèces de corvidés qui peuvent être à l’origine de dégâts significatifs sur les semis de maïs, tournesol, soja… La première est une espèce sédentaire et territoriale entièrement noire (y compris le bec), présente sur tout le territoire. Le corbeau freux, revêt également un plumage noir mais reconnaissable par son bec blanc grisâtre, il nidifie essentiellement dans les deux tiers nord du pays et la basse vallée du Rhône. « Toutes les cultures de printemps sont susceptibles d’être touchées, explique Valentin Laroche, de la FREDON : ces cultures sont semées en ligne, au semoir de précision, avec un écartement constant et à une profondeur constante : or les corvidés sont des oiseaux intelligents qui sont capable de remonter une ligne de semis en mangeant toutes les graines en place. Si l’agriculteur est contraint de ressemer une partie de la parcelle, en plus du surcoût, il va se retrouver avec un décalage dans les stades végétatifs, qui va lui compliquer tout l’itinéraire technique, jusqu’à la récolte. ». Face à ce risque difficilement prévisible et maîtrisable, et l’augmentation des populations de corvidés, les précautions recommandées lors de l’implantation de la culture ne suffisent plus. 

Dégâts possibles jusqu’à 7-8 feuilles
Ces corvidés consomment les graines de maïs dès le semis et jusqu’au stade 4-5 feuilles, voire exceptionnellement jusqu’au stade 7-8 feuilles. L’intensité des attaques dépend des besoins alimentaires de ces volatiles (en lien avec leur reproduction) et de l’offre alimentaire présente dans l’environnement (semis de maïs et autres ressources). Les corvidés sont fortement présents dans les vallées avec des refuges à proximité (bois, grands arbres, nidification dans les parcs…). Ils n’apprécient pas d’être dérangés. Ainsi, les parcelles les plus à risque sont celles où la présence humaine est moindre (grandes parcelles, parcelles en hauteur avec vue dégagée, parcelles isolées). Par ailleurs, une zone avec seulement quelques parcelles de maïs est davantage exposée au risque corvidés qu’un secteur où les semis seraient simultanés sur de larges surfaces (dilution de l’offre). C’est pourquoi leur présence est fréquemment signalée dans des régions où la culture de maïs est minoritaire.
La présence des corbeaux dans un secteur géographique est souvent peu maîtrisable mais certains outils peuvent permettre de limiter partiellement les dégâts occasionnés. 

Prolonger l’effet de surprise
Les tonne-forts, les épouvantails… sont bien connus. « Hélas les corvidés s’habituent assez rapidement à leur présence dans leur environnement : une fois qu’ils ont compris qu’ils ne courraient aucun danger, ils reprennent leurs habitudes. », note le technicien.
Forte de ces constats, la Fredon de Haute-Saône a décidé de tester cette année, en lien avec l’UGC des 5 Massifs, un système novateur, en s’appuyant sur des balises qui émettent des stimulus variés, moins répétitifs. « L’idée est de contourner le mécanisme d’habituation, en prolongeant l’effet de surprise : la balise émet différents bruits, comme des crépitements, des sonneries. Pour l’instant nous n’en sommes qu’à une phase d’évaluation. » L’agriculteur chez qui le test a eu lieu, Olivier Née, polyculteur-éleveur à Pierrecourt, se montre pour sa part très satisfait du dispositif. « Il y avait environ 250 corbeaux dans une parcelle de 17 ha implantée en tournesol. Dès le lendemain de la pose des deux balises, la plupart des corbeaux étaient partis, il n’en restait qu’une petite vingtaine, qui ont fini par partir aussi. Pendant les deux semaines et demie où les balises étaient là, ils ne sont plus revenus. » Premier enseignement de cette expérimentation : il faut donc poser les balises juste avant ou au plus tard le jour du semis pour éviter un maximum de dégâts.
Dans le cadre de ce même dispositif, une balise avait été déployée plus tôt à Gray, pour mesurer l’impact sur la reproduction. « Il faut s’y prendre dès février pour faire partir les corbeaux des lieux de nidification avant l’éclosion des premières couvées, car s’ils peuvent abandonner leurs œufs, les corbeaux n’abandonnent pas leurs petits malgré la présence d’effaroucheurs. »
Affaire à suivre…

AC

Contact : Alexandre Lacroix au 03 84 77 14 88

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