MFR de Fougerolles / Quatre élèves de la MFR de Fougerolles organisaient le 1er avril dernier une journée consacrée à la greffe des fruitiers. L’occasion de mieux comprendre les principes de cette technique de multiplication, et de s’initier à la pratique avec des spécialistes.

Florent Thibaud, Véronique Le Dé, Kévin Sanchez et Floriane Richard sont tous quatre en formation à la MFR de Fougerolles, où ils préparent un brevet de technicien agricole. C’est dans le cadre d’un module « animation » qu’ils ont décidé d’organiser pour leurs camarades une journée consacrée à la thématique de la greffe des arbres fruitiers, pour laquelle ils avaient tous un intérêt particulier. « Ici dans le secteur de Fougerolles, les vergers font partie du paysage, du patrimoine, explique Florent : même en dehors du cadre professionnel, tout le monde a des arbres, et peut trouver un intérêt à préserver des variétés anciennes… » Floriane, elle, prépare son installation en arboriculture, et voit aussi l’intérêt technico-économique de la greffe. « On peut fabriquer ses propres plants, adaptés à son terroir, comme Jean-Marie Rapenne, producteur de cerises à kirsch de Fougerolles, que nous avons invité aujourd’hui pour la démonstration de greffe : il greffe lui-même plus d’une centaine de pieds chaque année pour renouveler les vergers de l’exploitation ! »

Les tissus du bois
La matinée a été consacrée à la théorie, avec l’intervention de Denise Pretôt, présidente de l’antenne « Centre Vosges » de l’association bien connue « les croqueurs de pommes ». Quelques notions de physiologie végétale bien utiles pour améliorer les chances de réussite de la greffe ont ainsi été précisées. « Si la greffe reste le moyen le plus fiable pour sauver une variété fruitière menacée, toute la difficulté de cette technique, c’est de faire coïncider le cambium du greffon avec celui du porte-greffe afin qu’il y ait une soudure. Ensuite les circuits de circulation de la sève s’installeront et permettront à la greffe de se développer », expose Denise Pretot, schéma à l’appui. Très dynamique dans ce secteur géographique, l’association des « croqueurs de pommes » œuvre en effet à la diffusion d’informations, de techniques et de matériel de greffe pour une sauvegarde active du patrimoine variétal. « Nous organisons des stages d’apprentissage de la greffe, mais aussi de taille et d’entretien des vergers, qui permettent aux particuliers de préserver un patrimoine familial qui remonte parfois à plusieurs générations. »

Place à la pratique !
Après une collation offerte par le magasin de producteurs « Esprit paysan », partenaire de cette journée, les étudiants ont pu s’initier aux gestes de la greffe, sous la houlette de trois experts locaux. « Il faut commencer par savoir reconnaître les bois… allez me chercher du pommier ! » lance Jean-Baptiste, Tisserant, l’un des trois intervenants, en désignant un tas de branches emmenées dans la cour de la MFR pour l’occasion. Puis il présente le matériel, scies, couteau, en insistant sur l’importance de toujours travailler avec des lames bien aiguisées, pour couper net sans forcer, et de désinfecter les outils à l’alcool pour éviter de propager des maladies. Sur la table voisine, Jean-Marie Rapenne initie un petit groupe à la greffe en couronne, celle qu’il pratique le plus couramment. « Chaque greffeur a ses préférences, ses astuces… l’important et de trouver celle qui nous correspond ! » Dans l’ambiance sereine et détendue d’un bel après-midi printanier, les élèves ont reproduit des rameaux de pommiers, pruniers et cerisier les gestes fraîchement découverts : à l’aide d’un greffoir parfaitement affûté ils ont entaillé, coupé les rameaux en biseau puis inséré les greffons avant de les fixer solidement à l’aide d’un lien caoutchouc qui s’autodétruira dans quelques mois sous l’effet des rayons solaires quand la greffe sera reprise. « La réussite d’une greffe dépend de la qualité de la mise en place, mais aussi des conditions sur lesquelles on ne peut rien, comme la météo, la compatibilité variétale… Pour vous exercer vous pouvez même faire de l’auto-greffe, c’est-à-dire un rameau sur un porte-greffe du même arbre : c’est celle qui fonctionne le mieux, même si elle n’a pas vraiment d’intérêt. », conclut Jean-Baptiste Tisserant.

Alexandre Coronel

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