Syndicat des fabricants et affineurs en emmental traditionnel / L’emmental grand cru peine toujours à trouver sa place dans le paysage fromager, malgré ses atouts gustatifs. Le conseil d’administration du SFAET a décidé d’investir les réseaux sociaux en visant un public jeune, pour faire valoir son ancrage au terroir et son positionnement en phase avec les attentes sociétales.

L’assemblée générale du S.F.A.E.T. (Syndicat des fabricants et affineurs en emmental traditionnel) se tenait le 23 septembre dernier à Montbozon. Le président Michel Foltête, dans son rapport moral, a mis en avant les nouvelles orientations décidées par le conseil d’administration pour promouvoir la consommation. « Nous allons booster la communication pour développer la notoriété de l’emmental grand cru ! En tonnage, nous sommes une petite filière, ce qui signifie que nous avons un petit budget… or la communication, c’est coûteux. Aussi nous allons aller principalement sur internet et les réseaux sociaux pour promouvoir le savoir-faire de nos professionnels, producteurs de lait et fabricants, en ciblant une clientèle plus jeune. Ces médias serviront aussi à relayer nos actions dans les évènements locaux, et je compte d’ailleurs sur les adhérents, notamment les jeunes éleveurs et les fromagers, pour s’impliquer dans ces manifestations. » Il n’est en effet pas facile d’exister sur ce marché très banalisé et concurrentiel des emmentals… rappelons ici que la France a importé en 2019 plus de 44 milles tonnes d’emmental, principalement en provenance d’Allemagne, des Pays-Bas et d’Irlande. 

Bien-être animal et qualités gustatives
Le président a souligné les atouts de l’emmental grand cru et leur adéquation avec les attentes sociétales : « le cahier des charges restreint l’aire géographique de production, en cohérence avec le souhait du consommateur de pouvoir accéder à une offre locale, tracée et accessible au plus grand nombre. Les évolutions du cahier des charges au niveau de l’alimentation vont aussi dans le sens du respect de l’environnement et du bien-être animal, avec l’interdiction des OGM et de l’huile de palme, et l’obligation du pâturage. » Reconnu gustativement supérieur aux emmentals génériques par des jurys de consommateurs, l’emmental grand cru entend bien bénéficier des retombées de la loi Egalim, et notamment des dispositions qui imposent à la restauration collective de s’approvisionner en produit durable et de qualité à hauteur de 50%, à partir du 1er janvier 2022. « Plus appétissant que l’emmental standard, et avec ses qualités technologiques supérieures à la cuisson (plus de fondant et plus de gratinage), notre emmental grand cru label rouge contribuera à réduire les gaspillages en restauration collective. », assure Michel Foltête.
En arrière-plan, l’enjeu est aussi le maintien de zones herbagères, propices à la biodiversité, à travers un élevage laitier générateur de plus-value et de valeur ajoutée. « Même si notre poids est faible, avec un peu plus de 3 000 tonnes commercialisées en 2019, ça correspond tout de même à plus de 50 millions de litres de lait produit dans 280 exploitations habilitées et transformés ! », ajoute-t-il, déplorant l’absence récurrente des élus à l’assemblée générale, qui témoigne de leur faible intérêt pour ce fromage.

4 151 tonnes produites en 2019
Olivier Vallat, dans son rapport technique a détaillé les évolutions de la production et des ventes. « Le tonnage d’Emmental Grand Cru produit en 2019 s’élève à 4 151 tonnes, en baisse de 1,1% sur un an. Les volumes commercialisés se dégradent aussi par rapport à 2018 et reculent de 2,3% pour arriver à 3 100 tonnes, soit 73 tonnes de moins. Le segment coupe préemballée progresse sur un an et gagne 127 tonnes, soit une hausse de 7,7 % pour atteindre 1 764 tonnes. Par ailleurs, la situation se renforce légèrement pour le marché des meules entières qui gagne 10 tonnes (+2,3%). En revanche elle se détériore fortement en ce qui concerne les portions qui reculent de 130 tonnes (-22%) et le râpé, qui perd 80 tonnes (-16,4%) », détaille l’animateur. Dans le rayon libre-service, l’emmental grand cru est très peu représenté, à 0,6% des parts de marché, selon les données du panel de distributeurs IRI suivi pour le compte du CNIEL. « Au rayon coupe les parts de marché de l’emmental grand cru sont plus significatives, atteignant près de 35%, en progrès d’1,2 points sur un an. L’emmental de Savoie occupe la deuxième place avec 28,3% des parts du marché emmental. »
Côté prix de vente des fabricants, suivis par l’Insee, on observe une progression au premier semestre, suivie d’un repli au second. « En décembre 2019, le prix de vente sortie usine progressait cependant de 1,7% pour le râpé sur un an tandis qu’il fléchissait de -0,3% pour les portions. » Au cours de la même période, les prix de vente consommateurs ont progressé de l’ordre de 2%, pour s’établir à 7,67€/kg pour l’emmental vendu en libre-service et 12,2 €/kg à la coupe.

Alexandre Coronel

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