Attaques à Fougerolles / « Promenons-nous dans les bois, tant que le loup n’y est pas… » tout le monde a en tête cette célèbre comptine pour enfants. Depuis l’Antiquité, l’homme a toujours imaginé des histoires plus ou moins fantastiques concernant les loups. Au Moyen-Age, on attrapait des loups-garous, des hommes qui se changeaient en loups à la tombée de la nuit, et on les brûlait avec les sorcières. Il y a aussi des histoires d’enfants sauvages, élevés par des loups. Quelle part de réalité et de vérité sur les modes de vie des loups se cache derrière cette fascination ? Nous n’aurons pas le temps d’y répondre, consacrons-nous à la situation à Fougerolles, jugée très « sérieuse » voire même « inédite ».

Depuis maintenant sept jours, le comportement d’un animal dans la commune de Fougerolles fait beaucoup parler de lui. De nombreux articles de presse sont sortis à ce sujet, sans parler des nombreux commentaires qui inondent les réseaux sociaux de soi-disant spécialistes du monde de l’animal. Réservons ça aux professionnels. Revenons-en aux faits. Tout a commencé dans la nuit du mardi 25 août au mercredi 26 août à la Ferme du Bout, propriété de Julie et Joseph Lopes, éleveurs de brebis. Puis la nuit suivante, c’est sur un bovin que l’animal s’est attaqué. Une génisse appartenant à Laurent Jechoux. Puis, l’animal en question a perpétré quasiment des attaques toutes les nuits sur d’autres troupeaux.

Réunion de crise
Dimanche dernier en milieu de matinée, la FDSEA de Haute-Saône avait organisé une réunion avec les éleveurs locaux. Emmanuel Aebischer, le président du syndicat voulait faire le point avec les éleveurs car le compteur des attaques était déjà à quatre. Le président de la FDSEA avait convié l’administration à cette réunion pour détailler aux éleveurs les actions à mettre en œuvre. Hugues Sory, directeur adjoint de la DDT avait donc fait le déplacement. Les présidents de la Chambre d’Agriculture et de la FDSEA ont pressé les services compétents « de déterminer rapidement à quel animal on a affaire. Si c’est un chien, il faudra l’éliminer car il est dangereux pour tous. Si c’est un loup, il faudra mettre en œuvre les mesures prévues dans le plan loup pour essayer de l’écarter. »
Le président de la Chambre d’agriculture espère ne pas se trouver dans ce cas de figure : « Il vaudrait mieux pour tout le monde que ce ne soit pas un vrai loup, car il serait vite abattu. » Dans le cas contraire ? « C’est déjà trop tard », redoute le président de la Chambre, qui aurait aimé plus de « discrétion » dans cette affaire. « Quand on n’en parle pas trop et que le problème est résolu à la base, c’est mieux… », estime Thierry Chalmin. Voilà qui est dit. Le directeur-adjoint de la DDT a rappelé la complexité des dossiers dans lesquels la présence du loup est avérée : « Il faut agir pour préserver l’espèce, mais aussi permettre le maintien des activités d’élevage. » Hugues Sory rappelle aussi l’action des louvetiers sur place et celle aussi des agents de l’Office François pour la Biodiversité (OFB). Photo à l’appui, l’éleveur victime de la première attaque de l’animal a pu l’immortaliser grâce à une photo prise le matin-même. Une photo intéressante qui ce matin-là sonne comme un espoir car elle permettra vite comme le demandent tous de définir rapidement le statut de l’animal. Les participants se sont quittés la boule au ventre pour la grande majorité d’entre eux car la présence de cet animal fait peur et laisse redouter une hécatombe pour les troupeaux.

Oui c’est un loup, mais…
Trois jours après la réunion de Fougerolles et quelques attaques plus tard, la préfecture s’est fendue d’un communiqué qui peut faire douter de la compétence de l’administration dans cette affaire.
Extrait « Suite aux constats effectués sur le terrain par les agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) immédiatement dépêchés sur place, et aux documents photographiques produits par des éleveurs, l’animal responsable de ces attaques a été identifié par les experts nationaux comme étant très probablement un loup (Canis lupus lupus). Un doute subsiste en raison de certaines caractéristiques de pelage et de comportement inhabituelles relevées sur cet individu. Une certitude ne pourra être obtenue qu’après des analyses génétiques qui pourront être réalisées dès la collecte sur le terrain de matériel biologique (crotte, poils). »
Avec ça les éleveurs ne seront pas plus avancés. Alors que chaque jour de nouvelles photos et même vidéos de l’animal en question sont prises… il y a de quoi se poser des questions !

La DDT appelle à la vigilance des éleveurs
En parallèle, un courriel a été adressé aux éleveurs des communes de Fougerolles ainsi que Saint-Bresson, Amage, Raddon et Chapendu, Luxeuil, Froideconche, Fontaine-les-Luxeuil, Corbenay, La Vaivre, Aillevillers et
Lyaumont, Magnoncourt, Fleurey-les-Saint-loup pour attirer leur attention sur la nécessité d’une surveillance renforcée.
L’Etat est en train de mettre en place des dispositifs d’effarouchement mais ceux-ci ne peuvent pas être installés partout. Les lieutenants de louveterie ont été missionnés pour réaliser des tirs d’effarouchement.
regroupement des lots d’ovins et jeunes bovins à proximité des bâtiments ou à l’intérieur de bâtiments clos la nuit
surveillance quotidienne des lots, notamment pour identifier rapidement de possibles actes de prédation et permettre une réaction rapide des services en charges du suivi et de la prévention de ces attaques.
Les constats relatifs aux attaques doivent être faits rapidement pour améliorer la connaissance de l’animal, ouvrir droit aux indemnisations potentielles et adapter la réponse de l’Etat.
Par ailleurs, la Préfète réunira dès le 8 septembre prochain le comité départemental Loup pour faire un point de situation avec tous les acteurs (élus, représentants agricoles et cynégétiques, associations et services de l’État).
A l’heure où nous bouclons notre édition, nous apprenons que l’animal a de nouveau attaqué dans la nuit du mercredi 2 septembre au jeudi 3 septembre au lieu-dit « Le Champ » à Fougerolles. trois montons auraient été tués et huit autres euthanasiés à cause des blessures profondes provoquées par l’attaque. Ces attaques sur des troupeaux ovins et de jeunes bovins sont survenues de nuit dans des contextes différents (pâturages, stabulations). Elles ont conduit à ce jour à la perte de six brebis et trois jeunes bovins lors de six attaques dans cinq exploitations. n

AL

En cas d’attaque constatée, contacter immédiatement :
DDT : 03 63 37 92 40
OFB : 03 84 76 17 00

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