Ensilage maïs / Pour la troisième année consécutive, les déficits hydriques et les températures élevées ont stressé les cultures de maïs en pleine période de fécondation des épis, et les précipitations insuffisantes ont freiné le bon remplissage des grains, entraînant parfois un jaunissement précoce des plantes. Toutes ces données compliquent la détermination du stade optimum de récolte.
“La décision d’ensiler pose question dans les régions d’élevage fortement concernées par la sécheresse et les fortes températures depuis le début de l’été. Les parcelles sont plus ou moins sévèrement touchées selon les régions et les stades auxquels sont intervenus les déficits hydriques et excès de températures”, prévient Michel Moquet, ingénieur chez Arvalis-Institut du végétal. Pour ne rien arranger, des petits pics de chaleurs, bien que sans rapport avec les canicules des années précédentes, ont hâté l’évolution de la plante en provoquant un desséchement précoce de la partie “tiges + feuilles”, et ce au détriment du remplissage des grains. La décision d’ensiler les maïs les plus touchés par la sécheresse est délicate à prendre. Dans les zones basses du Jura et le Graylois, les variétés précoces semées début mai ont déjà atteint le stade optimal de récolte. Ailleurs, les teneurs en matière sèche évoluent rapidement, accélérées par les températures élevées. « Pour les semis tardifs des zones plus froides de la région, on devrait arriver à maturité autour du 25 au 30 août. »
Favoriser une bonne conservation
L’ensilage de maïs permet de réaliser d’importants stocks de fourrage. Cette technique nécessite cependant, pour être pleinement efficace, de respecter un certain nombre de précautions, notamment à partir de la récolte : stade de récolte, organisation du chantier, taux de matière sèche, stockage étanche…
Difficile, compte-tenu des difficultés climatiques évoquées plus haut, et notamment du risque de gel, de parler de « stade optimal » de récolte. Pourtant c’est entre 30 et 35 % de matière sèche « plante entière » que le maïs fourrage offre le meilleur compromis entre productivité, sécurité de la récolte, intégrité maximale de la tige, conservation optimale, avec un niveau d’ingestion élevé qui permet une forte production de lait ou de viande. En dessous de 30 %, le niveau de rendement est plus faible, et surtout les quantités ingérées chutent : une vache laitière n’est capable d’ingérer qu’une douzaine de kilos d’ensilage maïs à 25 %, contre 18 à 20 à 35 % de MS. Au-delà de 35 %, la limite est plus technique qu’alimentaire : le silo est plus délicat à tasser, et la conservation plus difficile. 30 à 35 % est donc le niveau de matière sèche qu’il faut viser, et pour cela l’observation des différents types d’amidon lors du remplissage du grain est un précieux indicateur. Mais cette année les cas particuliers sont nombreux. Les décisions de récolte sont alors à adapter à chaque situation. « Sur le terrain, on observe une grande variété de situations, détaille Honorine Adam, de Haute-Saône Conseil élevage : des parcelles “en avance” relativement homogènes en termes de maturité, d’autres beaucoup plus hétérogènes – et ça complique la prise de décision pour arrêter une date de récolte. Il y a eu des semis précoces, des re-semis suite à des dégâts de taupins, de sangliers ou de corvidés, des semis tardifs derrière une dérobée. Nous entamons cette semaine une série d’analyses sur le terrain pour nous faire une idée plus précise de la situation, notamment sur les niveaux de matière sèche… »
Organisation du chantier
Les maïs desséchés pauvres en grains doivent être récoltés rapidement : l’ensemble des plantes ne peut que continuer à se dessécher. Les maïs en retard risquent de ne jamais atteindre le stade favorable. Les chantiers se déroulant sur environ un mois, ARVALIS recommande de commencer les récoltes suffisamment tôt (dans le calendrier) pour ne pas les finir à des taux de matière sèche trop élevés.
L’organisation du chantier d’ensilage est primordiale : toute interruption au moment de mise en silo favorise en effet le développement d’organismes nuisibles. Le principe du procédé repose sur un stockage étanche et en anaérobiose. Une fois le silo tassé et refermé, l’acidification doit être rapide et suffisante (pH < 4), ce qui limite les risques de post-fermentation. Le tassement régulier permet de chasser un maximum d’air pour provoquer la fermentation. La fermeture hermétique bloque les échanges avec l’air atmosphérique : il faut garder à
l’esprit que les levures et les moisissures ne se développent qu’en présence d’oxygène.
Alexandre Coronel