Parc naturel des Ballons des Vosges / Benjamin Sirguey et Franck Géhant, les associés de la ferme du Breuillet, viennent d’obtenir le label « Valeurs Parc naturel régional » pour leur exploitation. Une marque qui valorise bien leur ancrage dans le territoire.
C’est dans un décor de carte postale que pâturent les limousines du Gaec du Breuillet : sur les hauteurs du village de Corravillers, le chaume vallonné est piqueté de fleurs, de bosquets de genêts, encadré de sapins, et le ciel d’azur se reflète dans un étang… « Nous avons la chance d’avoir cinq des “milles” étangs sur la ferme », plaisante Benjamin Sirguey, qui s’est installé en 2017, hors-cadre familial, avec Franck Géhant. « Mon père était producteur de lait, avec un troupeau de montbéliardes, que nous avons croisées avec du Limousin quand nous avons décidé d’arrêter le lait, détaille ce dernier. Nous avons choisi cette race à viande parce qu’elle s’adapte bien au terroir, aux conditions locales : elle n’a pas de souci pour marcher sur les sols durs, elle valorise bien les prairies permanentes, vêle facilement. De plus, sa viande est de qualité reconnue, bien qu’elle soit peu grasse, elle n’est pas sèche à la cuisson. »
Un troupeau 100 % à l’herbe
Les 63 vaches limousines sont nourries exclusivement à l’herbe : pâturage tournant pendant la saison, et foin au bâtiment pendant l’hiver. « Nos 140 ha sont en prairies naturelles, et tous situés dans le parc régional du ballon des Vosges, en zone Natura 2000 », précise Franck. Les deux associés travaillent de longue date avec les autorités du parc, notamment à travers les mesures agro-environnementales portant sur la richesse floristique ou l’entretien des parcelles en bordure de cours d’eau (végétation des berges). Un troupeau de highland cattle joue justement à plein son rôle de défricheur. Au-delà de la préservation de ce cadre enchanteur, Benjamin et Franck ont bien conscience du rôle central de l’agriculture extensive dans le maintien de la biodiversité, la régulation des débits des cours d’eau, mais aussi l’attractivité “esthétique” de ces territoires ingrats, gage de tourisme et de retombées économiques. Le Parc naturel du ballon des Vosges semble vouloir tirer parti la récente notoriété du secteur des milles étangs, popularisée par quelques émissions de télévision. « Nous n’aurons jamais un tourisme de masse ici… reconnaît Franck Géhant, mais si on peut valoriser notre activité, notre travail d’entretien des terrains, c’est intéressant. On commence à se rendre compte que sans activité agricole qui entretient les paysages, les friches gagnent rapidement du terrain et ce n’est pas un milieu favorable ni aux randonneurs, ni à la biodiversité. »
La marque collective « Valeurs Parc naturel régional » entérine des bonnes pratiques sur le plan territorial, social et environnemental, « Cette marque n’est pas commerciale, l’intérêt premier pour nous, c’est de marquer notre ancrage au territoire. Nous sommes en bio depuis 2001… mais on peut manger un produit bio qui a fait des milliers de kilomètres, ça n’a pas de sens. Avec la marque du Parc des ballons des Vosges, on comprend tout de suite que notre viande est produite ici. », expose Franck, qui met un point d’honneur à écouler sa production en circuits courts : caissettes de 10 kg
livrées, et viande au détail au magasin du Gaec Marchand, à Esprels. « La zone de chalandise de notre secteur des Vosges saônoises n’est pas suffisante pour écouler toute notre viande », reconnait-il.
Un réseau d’entreprises
En outre, la marque ouvre aussi des perspectives en termes de mise en réseau, de synergies entre les différents acteurs économiques de la zone du parc. « L’idée de cette marque c’est aussi de fédérer les entreprises qui ont un ancrage fort dans ce territoire : l’agritourisme, les artisans… on peut contribuer chacun à faire connaître les autres. », poursuit Benjamin. Les deux associés envisagent à moyen terme plusieurs projets pour encore mieux valoriser la situation exceptionnelle de leur position. « Nous pensons par exemple à des emplacements pour camping-cars, ou à une ferme pédagogique… c’est en cours de réflexion. »
Alexandre Coronel