Prairies naturelles / Même si cela semble évident car cela est “naturel”, le véritable impact des prairies naturelles sur la santé animale n’a jamais fait l’objet d’études précises et chiffrées. Un groupe de chercheurs souhaite donc combler ce vide et envisage plusieurs pistes d’observation. Un projet (Casdar “Praidiv”) a donc été lancé avec cet objectif.
On le sait, un produit de qualité n’est pas seulement agréable à déguster, il apporte également de nombreux bénéfices. Ainsi, le lien est établi entre nourriture et santé humaine : « de nombreux travaux ont été menés et montrent ce que nous apportent les produits laitiers en terme, par exemple, d’oméga 3 ou les arômes que l’on peut retrouver dans les fromages », présente Audrey Michaud, enseignante chercheur en sciences animales à VetAgro Sup.
En parallèle, on imagine aussi aisément l’aspect bien-être animal pour un troupeau évoluant une bonne partie de l’année en extérieur. Par ailleurs, enfin, des aspects bien spécifiques sont déjà connus des éleveurs. Dans l’ouest de la France par exemple, il n’est pas rare d’entendre parler de prairies pharmacies : à certaines périodes de l’année, des chèvres paissent dans des prairies riches en sainfoin, des légumineuses regorgeant de tanin réputé réduire le risque parasitaire. Si le principe en est connu, « aucune étude en revanche n’a encore permis de déterminer la dose nécessaire, souligne Audrey Michaud. Cela reste donc à creuser ».
Des prairies diverses
Ainsi le lien entre qualité nutritive, santé animale et prairie naturelle n’est pas encore scientifiquement établi ni prouvé.
Voire pour certains professionnels, comme les vétérinaires, « la prairie est entre guillemets plutôt synonyme de danger car un grand nombre d’espèces végétales, consommées à haute dose, peuvent être toxiques ! », rappelle l’enseignante. « En tant qu’agronome, nous voulons plus nous attacher à en
déterminer l’ensemble des intérêts », poursuit cependant Audrey Michaud.
La très grande majorité des travaux menés jusqu’à présent ne s’intéressent globalement qu’à une seule espèce végétale… « ce qui ne facilite pas ensuite l’élaboration des conseils auprès des éleveurs », souligne-t-elle.
Dans le cadre du projet appelé Praidiv (pour diversité des prairies), la très grande diversité des prairies naturelles sera gérée en les regroupant par grandes familles végétales. « Le principe sera alors de déterminer quel regroupement d’espèces végétales conduit à tel type de santé animale ».
Ce projet doit regrouper des équipes de recherche de l’Inrae, de l’Idele, des écoles d’ingénieurs (Esa Angers, VetAgro Sup, Université de Lorraine, Ensaia, Oniris), des membres des lycées agricoles du Massif Central, de l’Ouest et de l’Est, des chambres d’agriculture (Vesoul, Pays de la Loire), des éleveurs et des vétérinaires.
Dans un premier temps, les travaux se porteront sur les bovins viande en région Ouest, Est et Centre.
Partant de leurs observations, les chercheurs veulent ensuite pouvoir accompagner les éleveurs sur la gestion de leurs parcelles (sur pied ou en fourrage) en fonction des groupes d’animaux (jeunes, femelles gestantes, etc.), selon leurs besoins et les périodes de l’année.
Les points d’étude sont nombreux, la motivation présente et les budgets en cours de discussion, avec une réponse prévue pour septembre…
Françoise Thomas