Grandes cultures / L’absence de pluviométrie au cours des dernières décades commence à se faire sentir, sans que ce soit encore catastrophique, mis à part dans les sols très superficiels. Ces conditions sèches limitent l’intérêt des traitements en végétation.

Après un début mars très arrosé, des conditions anticycloniques durables se sont installées sur le grand Est : il n’a pas plu significativement depuis 40 jours alors que l’ensoleillement atteignait des valeurs records en avril et que le vent du nord-est accélérait le dessèchement des sols.
En cause, les hautes pressions relevées sur une grande partie du continent européen (en particulier sur l’Europe Centrale, jusqu’au nord de la France et en l’Angleterre). Sur 30 jours, la pression moyenne dépasse les 1 022 hPa sur le nord de la France et grimpe au-dessus de 1 024 hPa sur les Pays-Bas, l’Allemagne ou encore la Pologne. « De telles anomalies de pression sont impressionnantes de par leur étendue et leur durée, surtout à une saison où le continent européen est normalement concerné par des conditions très tempérées avec une succession de périodes calmes et périodes instables – bref la définition d’un printemps normal en Europe. », note-t-on du côté de météo France.
Sur 45 jours, l’excédent d’ensoleillement dépasse les +50 % la normale de la Franche-Comté jusqu’à la frontière belge. Ainsi sur la station de Luxeuil-les-Bains, on a pu enregistrer 267 heures de soleil en 25 jours, une durée à comparer aux 241 heures comptabilisées en moyenne au mois de… juillet !

Encore rien de dramatique
« Pour l’instant il n’y a encore rien de catastrophique, si ce n’est dans les sols très superficiels où le déficit hydrique limite le nombre d’épis des céréales, relève Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. Il y a eu aussi des situations où la fertilisation a été apportée après la fin des épisodes pluvieux, et où se pose le problème de l’azote efficace, ce qui se traduira par un nombre d’épis inférieur au potentiel. Dans certaines parcelles très séchantes ou qui n’ont pas eu suffisamment d’azote efficace (avant le 12 mars), le potentiel sera donc à revoir à la baisse. » Emeric Courbet préconise aussi, pour limiter les risques de volatilisation, de ne pas épandre d’azote sous forme d’urée ou de solution azotée. « Attendre une prochaine pluie (15-20 mm). Economiquement, le pilotage sera inutile cette année. Cela vous fera mettre plus d’azote qu’il n’en faut et vous fera perdre de l’argent ! Restez sur votre dose X calculée a priori. »

Economies de fongicides en perspective
Globalement la casse reste donc pour l’instant limitée en céréales, ainsi qu’en colza. La pluie annoncée en début de semaine prochaine fera néanmoins du bien. « L’avantage du temps sec, c’est qu’on peut faire des économies en fongicides : il n’y a aucun risque septoriose ni rouille jaune, et aucun traitement n’est nécessaire sur les blés à cette heure. Quant aux orges d’hiver, il faut attendre le retour de conditions hygrométriques favorables pour terminer les protections fongicides. Sur les parcelles déjà protégées, un second passage sera à positionner,
au stade dernière feuille déployée. Pour les parcelles qui n’ont pas encore été protégées (orges peu malades, orges fourragères), prévoir le traitement unique au stade “dernière feuille déployée” (étalée) » poursuit le conseiller.
Du côté des semis de printemps, environ 50 % des maïs auraient été semés en Haute-Saône à ce jour, et certaines parcelles déjà levées atteignent le stade deux feuilles, avec une forte hétérogénéité liée aux conditions sèches, de même pour les levées d’adventices. « Pour le reste, mieux vaut attendre la pluie pour reprendre les semis : les graines sont plus en sécurité “confinées” dans les sacs de semences ! » Les tournesols, quasiment tous semés, ont bénéficié de bonnes conditions de levée dans les sols frais, et attendent, eux aussi, une pluie bienfaisante pour s’élancer vers le ciel ! Enfin, terminons par les sojas, dont l’inoculum nécessite une humidité
suffisante dans le sol pour s’établir et jouer pleinement son rôle fixateur de l’azote. « Mieux vaut aussi attendre le retour de la pluie pour démarrer les semis. »

AC

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