Assemblée générale de la FDSEA-FDPL de Haute-Saône / L’assemblée générale de la FDSEA-FDPL de Haute-Saône a été l’occasion de revenir sur une année syndicale riche en évènements : alors que le contexte climatique et économique n’est guère favorable aux exploitations agricoles, politiques et militants radicaux mettent de l’huile sur le feu…
L’assemblée générale de la FDSEA-FDPL de Haute-Saône avait lieu à Noidans-les-Vesoul le 10 mars dernier. L’occasion de revenir sur une année syndicale particulièrement riche en évènements et rebondissements… Un contexte politico-économique incertain, comme l’a rappelé le président de la FDSEA Emmanuel Aebischer dans son rapport moral, a encore réduit la
visibilité des exploitations, alors que les effets positifs de la loi Egalim se font attendre. « La décision du Brexit aura des conséquences préjudiciable à l’agriculture française, compte-tenu de l’importance des exportations de produits laitiers et de viande vers cette destination… la sortie du Royaume Uni de l’UE va accentuer le déséquilibre des échanges ! Le système ne nous convient pas, avec ses distorsions de concurrence, sa PAC trop souvent modifiée… mais en sortir serait pire. Je suis inquiet de voir qu’on s’achemine vers une nouvelle Pac qui réduit l’agriculture a sa fonction de jardinage et délaisse complètement le volet économique ! »
Le problème de l’eau
Mickaël Muhlematter, le président de la FDPL, s’est de son côté ému des problèmes climatiques. « Encore une fois c’est une année compliquée par la sécheresse : toutes les dernières années sont marquées par des problèmes d’eau. L’irrigation ce n’est pas un gros mot… dans une région où il tombe un mètre d’eau par an et où on en manque pendant l’été, on va finir par être la risée du monde, si on ne trouve pas le moyen d’en stocker une partie en hiver ! » Pour Emmanuel Aebischer, qui s’est insurgé contre l’injustice du traitement par l’Etat du dossier de reconnaissance en calamité agricole de la moitié des communes proposées, « le changement climatique va entrainer une délocalisation de la production des céréales vers l’Est, où les hivers seront moins rigoureux. »
Outre ces difficultés conjoncturelles, le monde agricole est aussi de plus souvent en butte à la vindicte populaire, orchestrée sur les réseaux sociaux par une poignée de militants déterminés à abolir l’élevage. « La meilleure réponse à nos détracteurs, c’est la pédagogie, face à ceux qui ne connaissent notre métier qu’à travers des reportages à charge ! » clame Mickaël Muhlematter. Sans oublier le sentiment d’abandon, voire de trahison, quand les représentants élus tiennent un double discours, flattant localement les producteurs et les encourageant à développer des circuits courts, tandis qu’à l’assemblée nationale ils votent des lois iniques qui ouvrent la porte à une concurrence déloyale pour l’agriculture française. Quand ils ne prennent pas des arrêtés municipaux démagogiques pour “protéger” leurs administrés du risque d’exposition aux désormais célèbres pesticides…
Il faut sauver Gérald !
Dans ce domaine, l’acquisition d’outils intellectuels pour mieux comprendre le monde qui nous entoure et les évolutions sociétales est plus que jamais nécessaire : c’était l’objet de l’intervention de Véronique Pardo, anthropologue au Cniel (lire encadré). Sans non plus reculer devant le combat judiciaire pour se défendre, comme l’a mis en valeur le témoignage de Gérald Cressier, trainé devant les tribunaux par une association parisienne, après qu’une vidéo où il maîtrisait une vache rétive dans les allées de la foire comtoise à Besançon ait “fait le buzz” sur les réseaux sociaux. « J’ai 42 ans et je suis fabricant d’aliments du bétail à Port d’Atelier. Depuis tout petit je participe aux concours, et je suis un passionné, un défenseur et promoteur la race montbéliarde. Je peux vous dire que suite à cette vidéo, j’ai vécu les jours les plus difficiles de ma vie. Sans le soutien de ma famille, de mes amis, je ne me serais pas relevé. » Il a remercié la FDSEA pour son appui : cagnotte, recrutement d’une avocate, recueil d’attestations
favorables à verser au dossier…. « J’ai finalement été relaxé par le tribunal, cette affaire me pesait quotidiennement. »
Gérald Cressier a aussi fait bien rire l’assistance en imaginant la scène qui se serait produite s’il avait perdu son procès. « L’association prévoyait de placer Lilloise dans un refuge animalier… il aurait fallu aller la chercher au Gaec Besançon à Liévans ! » Emmanuel Aebisher a conclu « ta victoire est une bonne jurisprudence qui nous resservira pour l’avenir : ce que tu as vécu, c’est le genre de situation qui peut nous arriver à tous, avec des intrusions dans les exploitations. On n’en veut plus, il va falloir se serrer les coudes. »
AC