Assemblée générale de l’OP Milleret / Pour renforcer son attractivité et garantir sa pérennité, la filière lait doit rémunérer correctement ses producteurs : c’est le sens du plan de filière présenté par Benoît Rouyer lors de l’assemblée générale de l’organisation des producteurs de l’entreprise Milleret.

L’assemblée générale de l’OP Milleret s’est tenue le 6 mars dernier à Charcenne. Benoit Rouyer, Directeur de la prospective économique au CNIEL en était l’invité. Il a ainsi présenté les enjeux, le plan de filière et les perspectives de la production laitière. Dans un premier temps il a rappelé les grands enjeux auxquels a su faire face la filière lait au cours des dernières décennies à travers quelques dates clés : 1969 avec l’instauration du paiement à la qualité, 1984 et la mise en place des quotas laitiers, 1999 avec la création de la charte des bonnes pratiques d’élevage (en réaction à la crise de l’ESB), 2014 le début des recherches sur la thématique de la ferme laitière à bas carbone dans le cadre du plan Climalait. « En 2017, dans le cadre des états généraux de l’alimentation la profession a lancé la mise en place d’un plan filière avec un objectif double d’apporter une juste rémunération aux producteurs de lait et de répondre aux attentes sociétales sur les modes de production. »

L’enjeu du renouvellement des générations
La filière ne rémunère pas justement les éleveurs ce qui menace son attractivité. La proportion de chefs d’exploitation qui ont plus de 50 ans augmente alors que celle de moins de 40 ans diminue. La question du renouvellement des générations se pose. « Dans un contexte d’agribashing le grand public garde une image positive des exploitants agricoles. Les citoyens européens jugent à 71 % que le budget de la PAC est approprié ou trop faible. 73 % sont pour son maintien ou son augmentation. En contrepartie des aides alloués les citoyens européens trouvent que leur conditionnalité est justifiée. »
L’élevage suscite des inquiétudes aux niveaux de l’environnement (émission de gaz à effet de serre, pollution des eaux, OGM, utilisation des ressources), de la condition animale, sanitaire (usage des antibiotiques, risques d’épizooties et de zoonoses), socio-économique (système intensif). La confiance des consommateurs est forte mais s’érode au fil du temps. « On voit apparaître depuis plusieurs années une volonté de consommer plus responsable. C’est-à-dire engagée pour le respect de l’homme, l’animal et l’environnement. Cela se traduit par une offre de produits « naturels » (sans additif, sans conservateur, bio, non OGM) en hausse (17 % en 2007, 29 % n 2017). Les allégations éthiques et environnementales ont aussi fleuri sur les emballages (22 % en 2017 contre 1 % en 2007). Malgré cette volonté des consommateurs, le prix reste le premier critère d’achat. », note Benoît Rouyer. Face à ces considérations, la filière a choisi d’être force de propositions et de lancer un nouveau plan d’action. Celui-ci repose sur quatre engagements : performance économique et sociale, performance sanitaire, performance de production responsable et performance alimentaire.

Un plan en quatre P
L’objectif est de donner une base commune à l’ensemble de la filière pour rémunérer justement les acteurs et plus particulièrement les producteurs. En 2016, seulement 26,1 % des fermes étaient en mesure de rémunérer leurs exploitants au-delà du salaire médian (1 800 €/mois). Le plan a pour but de faire passer cette proportion à 55 % en 2025. Le CNIEL a donc mis en place un tableau de bord d’indicateurs pour aider à négocier le prix du lait. Il donne des informations sur les volumes de différents produits laitiers, l’état de la collecte et des prix du lait, les prix des différents produits, la valorisation beurre-poudre et des fromages allemands et l’évolution des coûts et de la marge à la production. L’ensemble de ces chiffres, dont l’Europe a validé le mode de calcul, sont mis à disposition mensuellement afin de servir de base pour l’élaboration du prix du lait en fonction du mix produit de la laiterie. Le CNIEL a aussi déterminé un prix de revient du lait à partir de la méthode Couprod sur la base d’une rémunération du travail de l’exploitant équivalente à deux SMIC. En 2018 le coût de revient du lait conventionnel s’élevait à 384 €/1 000 litres. Une autre méthode de calcul, le RICA, réalisé par l’Idéle, l’évalue à 394 €. Deux guides de bonnes pratiques ont aussi été réalisés par le CNIEL. La distribution et la restauration ont intégré l’interprofession. Le CNIEL anime aussi le réseau des OP.
En parallèle du plan filière la loi EGALIM donne un cadre réglementaire permettant une construction du prix à partir des coûts de production et des prix de marché. Elle valide la mission de l’interprofession pour élaborer des indicateurs de référence et elle a relevé le seuil de revente à perte de 10 % sur les denrées alimentaires et durci l’encadrement des promotions.

Stéphane Decaudin

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