Production laitière / Depuis le 1er janvier, chaque livraison de lait fait l’objet d’une recherche de résidus de traitement antibiotiques. Au Lial de Rioz, d’importants moyens sont mis en œuvre pour pouvoir traiter ce flux d’analyses supplémentaires.
Le processus de surveillance continue de l’absence de résidus d’inhibiteurs dans le lait s’est fortement renforcé depuis le 1er janvier 2020. L’investigation, qui avait lieu jusqu’à présent en moyenne une fois par
semaine de manière aléatoire devient systématique. Les échantillons de lait de chaque exploitation collectée font désormais l’objet d’une analyse spécifique de recherche d’inhibiteurs à chaque livraison, soit 15 à 16 fois par mois (dans le cas d’un ramassage tous les deux jours). Cette évolution correspond à l’entrée en vigueur de l’accord national interprofessionnel relatif au paiement du lait, étendu par arrêté du 18 avril 2019. En arrière-plan, la filière poursuit sa politique volontariste d’amélioration du standard de la qualité du lait produit en France, et s’inscrit dans la lutte contre l’antibiorésistance.
Moyens humains et matériels renforcés
Le laboratoire interprofessionnel d’analyses laitières de Rioz, en Haute-Saône, s’est adapté pour pouvoir faire face au flux d’analyses supplémentaires généré par cette évolution réglementaire. « En filière standard, les échantillons de lait des exploitations collectées étaient déjà analysés systématiquement pour les critères du paiement à la qualité, explique Jean-Marie Chaudot, le directeur-adjoint : nous avons entièrement réorganisé la salle d’analyses pour réaliser la recherche d’inhibiteurs en routine, avec la mise en place d’un automate supplémentaire et le doublement des bains-marie où sont incubés les tests rapides. Pour les filières AOP/IGP du massif jurassien, il a aussi fallu renforcer les équipes et la tournée de ramassage des échantillons, avec deux véhicules supplémentaires… » D’un peu plus de 2 000 échantillons analysés par jour pour la recherche d’inhibiteurs, le labo est monté à plus de 7 000. En termes économiques, le surcoût généré par ce renforcement des contrôles est de l’ordre de 70 € par exploitation et par an.
La recherche d’inhibiteurs dans le lait fait l’objet d’un protocole réglementaire bien précis, en deux phases successives. D’abord un balayage non spécifique pour révéler la présence éventuelle d’inhibiteurs (résidus de traitement antibiotique par exemple, mais aussi de produits de lavage, colostrum…). C’est un test d’acidification, où l’absence de changement de couleur du milieu de culture, qui doit passer du violet au vert révèle une inhibition. « Pour chaque plaque de tests, un échantillon de lait exempt
d’antibiotiques et un échantillon standard avec antibiotique sont systématiquement analysés en parallèle pour vérifier le bon déroulement du test. » En cas de résultat positif, une épreuve de confirmation permet de déterminer précisément la nature de l’inhibiteur en cause. « Les différentes familles d’antibiotiques utilisées en élevage laitier pour le traitement des mammites sont alors recherchées : ce sont des tests très spécifiques et extrêmement sensibles. Ils sont basés sur la technologie ligand-récepteur, avec blocage de la migration des réactifs de détection colorés sur une bandelette si la molécule antibiotique recherchée est présente dans l’échantillon. »
Plus on cherche, plus on trouve
15 jours après la mise-en-place de ce nouveau protocole, on peut déjà dresser un premier bilan de ce renforcement de la biosécurité. « Plus on cherche et plus on trouve, résume Jean-Marie Chaudot, feuille de résultats d’analyses en main. Grosso modo on a environ quatre fois plus de résultats positifs lors de l’épreuve de balayage, dont la moitié environ est confirmée par l’épreuve de confirmation. » D’où l’intérêt de rappeler les bonnes pratiques de prévention pour limiter le risque d’avoir un lait déclaré non conforme à cause de la présence de résidus d’antibiotique… en ciblant d’abord les principales causes d’accidents ou d’erreurs. En tête du palmarès, avec la moitié des cas imputables, les traitements des mammites cliniques, suivis pour 20 % par les traitements au tarissement, et 10 % des traitements par voie générale : l’identification systématique des animaux traités et un dispositif efficace d’information du trayeur (marquage
visuel, affichage des consignes) sont donc une priorité absolue. Ces mesures permettent de s’assurer que les délais d’attente sont bien respectés.
Alexandre Coronel