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Sécheresse / La sécheresse qui touche cet été, pour la seconde année consécutive, une partie de la France, n’a pas épargné certaines parties de notre département. La situation sur les fourrages est moins catastrophique que l’an passé, mais l’impact sur les coûts de production reste fort, notamment chez les éleveurs.

La traversée du département donne une idée de la grande hétérogénéité des situations. Tant sur les ensilages de maïs que sur les regains, on trouve un peu de tout. D’excellents rendements par endroits pour le maïs, à des parcelles sans grains, de bonnes coupes de regain à des andains qui ne paieront vraisemblablement pas le gasoil. En moyenne sur la France, depuis le début du mois de septembre, le cumul de précipitations partiel est de 9,8 mm. Cette valeur n’est pas un record pour la période (huit années sont plus sèches depuis 1956), mais cache des disparités régionales assez importantes.

Hétérogenéité
Autant dire que si les agriculteurs du département attendent avec impatience les « rares averses » annoncées dimanche, puis les pluies prévues à partir du 26 septembre, « il est déjà trop tard pour beaucoup », a estimé Emmanuel Aebischer, qui organisait avec la FDSEA une conférence de presse au Gaec Richeton, le 18 septembre à Chauvirey le Chatel. L’idée était de sensibiliser les médias grands-public à la mauvaise passe que traversent les agriculteurs du département. Cartes de météo France à l’appui, il a présenté le déficit des pluies subies cet été. Un exercice qui reste difficile, car si on s’en tient aux seuls cumuls annuels, rien n’est alarmant : du 1er janvier au 31 août, on relève 360 mm à Dijon, 390 mm à Langres, 620 mm à Luxeuil, 640 à Fougerolles, 570 à Besançon…Donc pas encore au niveau des années 1871, 1894, 1922, 1945 ou 1949, au cours desquelles on avait relevé moins de 500 mm en un an à Besançon. Mais c’est la répartition dans le temps qui pèche, et aussi dans l’espace. Au Nord-Ouest de la Haute-Saône, on relève moins de 15 mm en juillet, et une quarantaine en août. Sans compter les nombreux endroits passés « entre les gouttes ». Des zones autour de Champlitte, Corre, mais aussi Melisey, Villersexel ont été très peu arrosées. Les conséquences pour les agriculteurs sont nombreuses. Les semis de colza, dont près d’un quart ont dû être détruits l’an passé, sont en danger. Les conditions ne sont pas non plus réunies pour les semis des céréales.

Une modification de la flore des pâtures
Pour les élevages aussi la donne change. On le sait, les pratiques agronomiques modifient la flore des prairies naturelles. Les éleveurs savent par exemple qu’une exploitation trop tardive favorise les espèces précoces qui montent en graine, et donc le développement de graminées à faible intérêt agronomique (houlque laineuse, brome mou). Et le changement s’observe assez rapidement, à l’échelle de quelques années. La météo a bien sûr cette même capacité de modifier la flore des prairies, et pas toujours pour le mieux. Généralement, les plantes indicatrices des sols séchants sont l’aquilée millefeuille, la fétuque rouge, et dans une moindre mesure le brome mou, la petite oseille et la fétuque des prés. Dans une des parcelles visitée chez Christophe Richeton, on observe aussi des tâches importantes de centaurée des champs et d’autres composées à tige épaisse et dépourvue de feuilles, qui provoquent des refus importants.
Une évolution de la flore qui est compatible avec les derniers résultats publiés en juillet par une équipe de chercheurs du Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation : ils ont décelé une faible tendance, sur 10 ans, de modification de la flore dans les zones où l’on a mesuré un réchauffement ; non pas sur les espèces communes, mais sur les moins fréquentes. L’avoine barbue (Avena barbata) ou le Brome de Madrid (Anisantha madritensis) par exemple ont progressé, alors qu’à l’inverse la Renouée faux-liseron (Fallopia convolvulus) ou le Cerfeuil
sauvage (Anthriscus sylvestris), moins thermophiles, ont reculé.

Produire du lait : à quel prix ?
Toujours est-il que les éleveurs ne peuvent pas se contenter d’implorer la pluie : il faut produire du lait, au moment où son prix est le plus élevé. Le Gaec Richeton livre à Aboncourt, avec le prix semestriel encore fort jusqu’à novembre. Mais pour les autres laiteries, c’est pareil : la prime au lait d’été, c’est maintenant. Il faut donc garder un niveau de production acceptable, et pour cela Christophe et Aurélie ont assuré l’approvisionnement, en réservant par exemple de l’enrubannage de luzerne. « Le lait, nous le trayons, mais il coûte plus cher à produire. » Sans compter le coût du travail supplémentaire de l’abreuvement et l’affouragement en pâture.
L’an passé, le même stratagème a été appliqué, avec succès, mais avec un coût important : 30 à 40 k€ de charges en plus pour l’exploitation, avec l’achat de 180 bottes de luzerne, 23 ha de maïs, plusieurs camions de drèches, du foin, de la paille. L’impact dans la trésorerie est bien mesurable, et les élevages ne peuvent pas se permettre d’accumuler les mauvaises années.

LD

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