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Conduite du troupeau laitier / Les récentes avancées dans le domaine de l’épigénétique mettent en évidence le rôle clé de la période de tarissement dans l’expression du potentiel génétique de production. D’où l’importance de veiller au bien-être et à l’alimentation des laitières durant cette phase.

On sait désormais que les animaux ont la possibilité de moduler l’expression de leurs gènes en fonction de l’environnement dans lequel ils évoluent, ce qui contribue à leurs facultés d’adaptation… Dans le domaine de la génétique laitière, les chercheurs ont identifié la période de tarissement comme déterminante pour la lactation suivante. Ce qui implique que le rationnement des vaches pendant la période sèche requiert autant de rigueur que celui du troupeau en lactation : cela permet d’une part d’éviter les maladies métaboliques autour du vêlage (rétention placentaire, métrite, fièvre de lait…), mais surtout de favoriser la production future et la reproduction. Pour Yann Martinot, directeur technique d’Orne Conseil Elevage « les taries sont les vaches les plus importantes du troupeau. Tout le confort qu’on leur apporte, elles nous le rendent par la suite. » Le tarissement permet tout d’abord le repos physiologique de la mamelle. Cette régénération de la glande mammaire permettra la production d’un colostrum riche en immunoglobulines, suivi d’une lactation. La reconstitution du tissu sécrétoire mammaire requiert au moins cinq semaines d’arrêt de production. C’est indispensable pour optimiser le potentiel laitier de la lactation suivante. Attention aux stress pendant cette période, qui peuvent engendrer une perte de production pouvant aller jusqu’à cinq litres en début de lactation.

Garder un rumen fonctionnel
Sur le plan nutritionnel, il est impératif de préserver le volume du rumen, grâce à la distribution de fourrages grossiers à volonté. Il est tout aussi fondamental de préserver la taille des papilles pendant le tarissement pour valoriser les rations de début de lactation mais aussi pour prévenir l’acidose. Quand ce n’est pas le cas, on carbonise l’intérieur du rumen en ne permettant pas d’évacuer rapidement l’acide produit. Les vaches maigrissent alors, et bien souvent on accentue ce phénomène en leur distribuant plus de concentrés. Pour maintenir la taille des papilles il faut
fabriquer dans le rumen des chaînes carbonées en C3 grâce à l’amidon. Il faut donc, en plus du foin, distribuer un peu d’ensilage maïs et/ou concentrés et/ou herbe jeune qui apporteront cet amidon peu présent dans le foin (riche en cellulose). Le rationnement pendant la période sèche comprend classiquement deux phases : une période de repos et l’autre de préparation au vêlage. Pendant la première, il suffit de couvrir l’entretien et les besoins de gestation. Théoriquement cette période dure environ cinq semaines et ne doit pas être utilisée pour remettre les animaux en bon état corporel. Une vache laitière devrait arriver en fin de lactation avec une note d’état d’engraissement comprise entre 3,5 et 4, mais jamais 5. Pendant cette période de repos des vaches laitières la priorité alimentaire est donnée à la fibre (cellulose) pour redonner de la motricité au rumen. Les équilibres UFL / PDI doivent être respectés mais surtout sans aucun excès.
Au moment du tarissement, deux situations peuvent se présenter. Premier cas de figure, une amélioration de l’état de l’animal qui peut entraîner une
réduction des problèmes de non-délivrances mais une augmentation des œdèmes mammaires. Second cas de figure, une diminution de l’état corporel avec pour conséquences plus de problèmes de fécondité avec non-délivrances. Ces deux extrêmes sont à éviter. Pour ce faire, une bonne alimentation pendant le tarissement (apport important de fibres, respect de l’équilibre azote-énergie) favorisera un bon état corporel et, ainsi, un meilleur démarrage de la lactation : idéalement l’état d’engraissement ne devrait pas varier de plus d’un demi-point. « 5 kg de MS ensilage maïs plus 1 kg de correcteur et du foin à volonté est suffisant. Pour estimer les 5 kg de MS de maïs, un repère de temps de 2h peut être utilisé. Ajuster cette quantité de maïs en fonction de la reprise d’état recherché. Pour les vaches taries, le niveau MAT des rations doit désormais être compris entre 12 et 15 % de MAT pour favoriser la synthèse des immunoglobulines présentes dans le colostrum », poursuit le spécialiste.
Pour les vaches en état, les besoins de couverture et de croissance du veau équivalent à une production de 7 litres, soit 7 UFL — 750 g de PDI, 40 g de
phosphore et 60 g de calcium. Pour les vaches un peu maigres, l’équivalent d’une production de 10 à 12 litres doit être fourni par la ration, soit 11 UFL-1000g de PDI, 50 g de phosphore et 80 g de calcium.

Préparer le vêlage
Le tarissement durant huit semaines, il en reste trois pour préparer la future lactation. Le vêlage provoque un stress important. De plus la flore microbienne du rumen a une certaine inertie et rapidement les besoins alimentaires sont importants, tandis que l’involution de l’utérus pénalise la capacité d’ingestion. Pour satisfaire les besoins l’ingestion doit rapidement doubler. Si rien n’a été prévu, des risques métaboliques importants peuvent survenir : l’acétonémie, l’acidose, les fièvres vitulaires, le retournement de la caillette, etc… Trois semaines avant la date présumée du vêlage, il faut donc revoir complètement l’alimentation de ces vaches taries pour préparer la flore du rumen aux fourrages et concentrés à venir. C’est d’autant plus nécessaire quand l’alimentation des vaches taries et des laitières en production diffère. Comme en été quand les laitières sont à l’ensilage et les taries en pâture : dans ce cas une véritable transition progressive s’impose, avec une distribution modérée de concentré en complément de la ration de base. La préparation au vêlage demande d’être très prudent sur les quantités de concentré azoté type tourteau offert aux animaux ; il ne faut pas dépasser un kilo d’aliment par jour, car au-delà le régime risque d’être trop riche en azote et perturber le démarrage de lactation. Les excès azotés peuvent favoriser l’œdème mammaire et fragiliser la mamelle. Le concentré de production n’est pas limité dans sa distribution, il peut atteindre 2 à 3 kg sans prendre de risque la dernière semaine avant le vêlage.

AC

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