Apiculture / Apiculteurs et agriculteurs étaient conviés le 4 avril à la visite d’un rucher suivi de près par l’ADA FC (association pour le développement de l’apiculture en Franche-Comté) à Autoreille. Il s’agit du lancement de l’opération Survapi, avec une collaboration entre agriculteurs et apiculteurs coordonnée par la chambre d’agriculture.
La date avait été soigneusement choisie : juste avant la floraison du colza. Une « période clef pour les apiculteurs », comme le rappelle Emeric Courbet de la chambre d’agriculture, qui organisait la rencontre à Autoreille entre agriculteurs et apiculteurs. D’une part parce qu’elle correspond au départ de la saison, juste avant l’ouverture du grand garde- manger apicole que représente le colza pour les abeilles. D’autre part parce que la période est également critique pour les agriculteurs : juste avant l’ouverture de ses boutons floraux, le colza est très vulnérable, et si la pression des insectes ravageurs est forte, le rendement est fortement compromis.
Zoom sur la mention abeille
Justement cette année, la présence des méligèthes est très importante : « Plus de 10 par plante comptées ce mardi », indique Fabrice Jacquot, qui a mis sa parcelle à disposition. A la vingtaine d’apiculteurs présents, l’agriculteur a rappelé la réglementation stricte qui entoure l’emploi des insecticides en agriculture, notamment le principe de la mention « abeille » et les conditions d’application (le soir de préférence, pour éviter les heures de présence des insectes, comme recommandé par l’Anses). Compréhensifs, les apiculteurs se rendent compte des contraintes de leurs collègues agriculteurs, et de la vigilance dont ils font preuve pour préserver l’entomofaune.
D’autant qu’au moins l’un des produits utilisés pour protéger le colza est bien connu des apiculteurs : il s’agit du Mavrick Flo, dont la matière active (le tau-fluvalinate) est la même qu’une de celles utilisées dans les ruches pour lutter contre le varroa, un acarien parasite des abeilles et premier
responsable des mortalités observées dans le cheptel apicole.
Un protocole pour deux mois
Baptiste Sabot, jeune apiculteur en Gaec avec son père, vient de commencer la saison apicole : « Nous produisons des essaims en début de saison, puis du miel avec environ 300 ruches », qu’il déplace selon les floraisons. Sur les Monts de Gy, la flore est intéressante, et le travail en bonne intelligence avec les agriculteurs permet de cerner les emplacements les meilleurs et les périodes les plus adéquates. Jean-Baptiste Malreaux, qui coordonne le suivi des ruchers avec l’ADA FC (association pour le développement de l’apiculture en Franche-Comté) précise les modalités du suivi des ruchers :
prélèvement des abeilles et du pollen, pesée des ruches en continu, mesure de la quantité de couvain dans les ruches, relevé d’abeilles mortes. « Nous rechercherons aussi des traces de matières actives, et vérifierons en cas de problème s’il y a des coïncidences. » Par ailleurs, les pratiques culturales de la zone d’Autoreille sont bien connues et suivies de près par la chambre d’agriculture dans le cadre de la surveillance des captages. Ce protocole sera également appliqué par les ADA de Rhône-Alpes, de Paca, de Nouvelle Aquitaine, d’Occitanie, et de Bretagne, pour une durée de deux mois.
Diversité floristique
Le suivi des ruchers est une nécessité : pour alimenter en données les réseaux de surveillance, mais aussi par souci de communication envers le grand-public, qui connaît mal les pratiques et les enjeux. Par exemple, les variations de la sole de tournesol et de colza ont des impacts importants sur la population apicole : Dans les années 90, la sole de tournesol en France était de 1,5 Mha. Aujourd’hui, 0,5 Mha… Quant au colza, qui reste la culture « permettant la plus grande marge pour les agriculteurs », comme le rappelle Christophe Ruffoni, elle est dépendante des conditions météo : 1,5 Mha d’habitude, 1,1 Mha cette année. « Si le colza disparaît, c’est inquiétant pour les apiculteurs » explique Jean-Baptiste Malreaux. Pour son caractère mellifère, mais aussi pour son pollen, qui « représente une part considérable dans l’apport protéique des larves ». « Dans l’Yonne, pour la première fois depuis plus de 40 ans, nous allons connaître une saison pratiquement sans colza. » A cause des conditions défavorables de l’an dernier pour l’implantation du colza. Le mot clef de la rencontre du jour aura bien été « interdépendance ».
LD