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Prix du lait / La FNPL a laissé entendre, en décembre, que l’interprofession s’était mise d’accord sur un coût de production du lait à 396 €/1 000 l. Qu’en est-il exactement ?

Presque 400 € le prix du lait ? C’est ce que la FNPL a laissé filtrer en décembre dernier, alors que les négociations commerciales allaient commencer entre transformateurs et distributeurs. Coup syndical ou véritable accord interprofessionnel ? Un peu des deux.

L’observatoire des coûts de production
L’objectif du syndicat était bien entendu de rappeler à l’aval de la filière le vrai prix du lait. Mais derrière l’affichage, il y a bien une volonté interprofessionnelle de se mettre d’accord sur un « vrai » prix du lait, calculé et non pas négocié. Poussé par la loi EGAlim, qui affirme la nécessité de « la construction des prix à partir des coûts de production », le Cniel a demandé à l’Idele (Institut de l’élevage) de définir « une méthode de contrôle et de traitement des données garantissant la robustesse et la représentativité des résultats ». L’objectif est d’arriver à la création d’un observatoire des coûts de production. En mai 2018, l’Idele a donc publié la
méthode Couprod. En parallèle, le Cniel a constitué un réseau technique pour obtenir des données précises (CER, France Conseil Elevage, BTPL…). Les partenariats sont encore, début 2019, en cours de négociation.

Utilisation des données du RICA
Dans l’attente de la validation des partenariats et de la validation des
données, le Cniel a utilisé les données RICA 2016. Le RICA (réseau d’information comptable agricole) est un système européen d’enquêtes par échantillonnage mené chaque année pour collecter des données comptables auprès des exploitations agricoles de l’UE, afin de suivre l’évolution de leurs revenus et de leurs activités. Parmi les 1 725 exploitations laitières recensées dans le réseau, 855 présentaient les caractéristiques nécessaires (exploitations livrant plus de 80 % de leur lait, sans autre activité d’élevage que les bovins lait). Les données de ces 855 exploitations ont donc été utilisées pour faire tourner le modèle « Couprod » précédemment accepté par l’interprofession, et c’est ainsi qu’est sorti le fameux coût de production à 396 €/1 000 l, pour les exploitations conventionnelles de plaine. L’impasse sur les prélèvements privés. Le résultat calculé par l’Idele est présenté dans le tableau ci-contre. Traduction : pour produire du lait en 2016, les exploitations étudiées dans le réseau RICA ont dépensé 519 €/1 000 l, et gagné 123 €/1 000 l de la vente des réformes, des aides et des produits autres que le lait. Le juste prix du lait aurait donc été de 396 €/1 000 l pour équilibrer les comptes. En lait de montagne (hors Comté/Morbier), il aurait été de 410 €/1 000 l. En bio, de 539 €/1 000 l. Bien entendu, ni en 2016 ni en 2018, les exploitations laitières n’ont été rémunérées à ce niveau-là. Fin 2018, selon les entreprises, la valorisation moyenne du marché intérieur se situait plutôt autour de 340 €-350 €/1 000 l en lait conventionnel. La variable d’ajustement ? Les prélèvements privés, comme l’argumente la FNPL : « Une telle valorisation, regrette le syndicat, permet une rémunération moyenne de la main-d’œuvre de 1,16 SMIC/unité de main-d’œuvre pour 70 heures de travail. » Ce prix de 396 €/1 000 l est donc un calcul théorique du vrai prix du lait, d’après les données connues les plus récentes, et si l’on prenait au mot le Président de la République qui avait promis à Rungis : « Nous modifierons la loi pour inverser cette construction du prix qui doit pouvoir partir des coûts de production ».

LD

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